Chapitre 18

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 De retour sur le plan démoniaque, Scyllia suivait Ouros et Lucius dans les terres désertiques du plan désolé. Il était difficile de savoir où ils se trouvaient réellement. Il y avait peut-être différents paysages sur ce plan, mais celui-ci ressemblait à tous ceux qu'elle avait vu jusque-là. Plat, rouge et personne en vue jusqu'à l'horizon.

— Tu es vraiment sûr de vouloir t'installer ici ?

— Tu demande cela parce que ton travail consiste à me suivre et que ce lieu ne te plaît pas ? plaisanta le dieu de la mort.

— Si tu veux t'isoler, tu peux très bien aller à l'autre bout du plan des dieux. Tu serais tout aussi tranquille, tenta-t-il de le raisonner.

— Mais c'est toi-même qui a dit que certains mortels n'étaient pas dignes d'y résider. Il faut bien un endroit pour les accueillir. Et en tant que dieu de la mort, j'ai le devoir de les surveiller.

— Et où comptes-tu les accueillir, comme tu dis ? Tu va les faire errer dans cet endroit désert ?

— Presque...

— Tu compte m'expliquer ?

— Tu parles beaucoup pour quelqu'un qui doit juste observer, remarqua Ouros avec un léger rire. Je dis presque parce que c'est ici même que je vais m'installer, mais je ne compte pas laisser cet endroit tel quel. Admire plutôt.

De sa poche, Ouros sortit l'objet que Scyllia avait déjà remarqué plusieurs fois dans la vision. Il s'agissait du réceptacle qui lui servait à emmagasiner une énergie colossale. Jusque-là, elle s'était toujours demandé ce qu'il comptait en faire et s'était même questionnée sur la possibilité de s'en servir comme arme contre Shed. Visiblement, elle avait eu tort.

Paume vers le haut, le dieu de la mort tendit devant lui cet objet qui ressemblait à une fiole d'alchimiste dans laquelle se trouvait un gaz qui émettait une lumière dorée. Celle-ci ne tarda pas à s'intensifier lorsqu'il décida de libérer la puissance colossale qui était emprisonnée à l'intérieur.

Contrairement à la dernière larme qui avait coûté la vie à Enzo, ici, l'énergie ne traversait pas le corps de celui qui l'utilisait, mais était directement consommée. Celle-ci s'engouffrait dans la terre qui ne tarda pas à trembler. Les secousses étaient si puissantes que Lucius et Scyllia ne pouvaient même pas tenir debout. Malgré tout, Ouros restait imperturbable et continuait son rituel.

Après les secousses vinrent les fissures. Une gigantesque crevasse se créa devant eux et engouffra tout ce qui tombait à l'intérieur. Elle continuait à progresser jusqu'au dieu stoïque et à l'observateur inquiet. Heureusement, la brèche s'arrêta à quelques mètres d'eux.

À cet instant, et même si la prétendante doutait que cela soit possible, le tremblement de terre redoubla de puissance, accompagné d'un bruit sourd et assourdissant. De la crevasse sortit alors une immense structure d'un métal noir qui s'éleva dans le ciel tandis que la brèche s'élargissait de nouveau sur les côtés.

Lorsque la structure atteignit la dizaine de mètres, Scyllia reconnut enfin de quoi il s'agissait. Ouros était en train de faire sortir de terre son palais et ce qui avait déjà percé le sol n'en était que la plus haute des flèches.

Même si elle détestait ce palais, principalement à cause de la personne qui y résidait, la prétendante ne pouvait qu'être émerveillée en assistant à la manière dont il avait été bâti. Une telle construction faite par des humains, même aidés de la magie, aurait pris des années voir des décennies, mais là, le dieu de la mort venait de construire le symbole de la terreur chez les damnés en à peine quelques minutes.

— Qu'en penses-tu ? sourit Ouros.

— Tu n'es pourtant pas du genre à t'embarrasser de choses inutiles. Pourquoi un bâtiment aussi grand ? questionna l'observateur en époussetant la poussière qu'il avait sur lui et en se relevant.

Scyllia tome 6 : ShedWhere stories live. Discover now