- Et Olivio ? Il va bien ?
Je souriais à la question de ma grand-mère à travers le téléphone. Je me tournais face à l'appartement en m'accoudant à la barrière du balcon. Oli était en train de regarder une série à travers la vitre.
- Il va bien, un peu fatigué mais ça va.
- C'est un brave garçon. Tu lui diras que je l'embrasse.
- Bien sûr, je suis sûre qu'il t'embrasse aussi.
- Tu t'habitues bien à ton nouvel appartement ?
- Oui, super bien. Il faudrait que vous veniez passer un week-end avec papa et maman. Je vous ferais découvrir Toulouse en même temps.
- J'aimerais beaucoup. Ton grand-père aurait adoré visité Toulouse aussi.
Je me tournais face à la Garonne en souriant, mélancoliquement. C'était bientôt l'anniversaire de sa mort, et ma grand-mère se montrait très nostalgique ces derniers temps.
- Mamie ?
- Oui ma chérie ?
- Étant donné que je serais pas là pour l'anniversaire de Papy, tu pourras lui apporter des fleurs pour moi ? Je te rembourserais quand je te verrais.
- Bien sûr ma chérie, bien sûr.
Un blanc suivit cet instant.
- Je suis sûre qu'il aurait aimé Olivio aussi tu sais. Il serait aussi très fier de voir ce que tu es devenue Keira.
Je souriais dans le vide. Quelques instants plus tard, nous raccrochions.
Je restais cependant quelques instants dehors, à contempler le soleil qui commençait à se coucher. On allait bientôt rejoindre Sarah, Jimmy et Jeremy au restaurant pour fêter la rupture tant voulue de Sarah.
Le reflet du soleil orangé sur la Garonne me fit penser à mon grand-père. Plus précisément aux souvenirs que j'avais lié avec lui. Il était mon rayon de soleil, ma joie de vivre dans ce monde. J'étais toujours heureuse de le voir, toujours triste quand il devait s'en aller. On passait notre temps à chanter, à danser même parfois. C'était lui qui venait m'endormir le soir, lui qui venait me réveiller quand nous passions les vacances ensemble. Il adorait me rappeler que j'étais sa petite princesse.
Une larme coula sur ma joue quand j'associais le soleil couchant à sa mort. Lui aussi s'était couché, mais contrairement à la boule de feu, il ne s'était jamais réveillé. Quand mes parents m'annoncèrent sa mort, le monde s'était écroulé autour de moi. Comment pouvait-il partir ? Les grands-pères n'étaient-ils pas immortels ?
- Keira ? Bébé, on y va ?, entendis-je derrière moi.
J'essuyais machinalement mes joues.
- J'arrive., dis-je d'une voix hésitante.
- Tu vas bien ?
J'avalais ma salive. Quand je voulais répondre, Oli était déjà à côté de moi.
- Bébé ? Eh, qu'est-ce qu'il se passe ?
Je risquais un regard vers lui, mais à peine avais-je posé les yeux sur Olivio que j'éclatais en pleurs. Oli me prit directement dans ses bras.
- Chut, calme toi.
Il essaya de me bercer tout en me chuchotant de me calmer. Peu à peu, ma respiration se calma. Le silence prit place sur le balcon, ne laissant que les bruits de sirènes et de klaxons en fond.
- Il me manque Oli.
Il dut comprendre de qui je parlais, car je le sentais me serrer plus fort tout en répétant que ça allait aller.
- Je suis persuadé qu'il est fier de toi d'où il est.
J'hochais la tête. Je levais les yeux vers le ciel.
.
- Tu prends quoi ?, me demanda Oli en se penchant vers moi.
Je regardais un peu plus le menu et tournais la tête vers mon copain.
- Je vais prendre une pizza quatre fromage.
- Pareil., me sourit-il.
Il posa sa main sur ma cuisse comme pour me montrer qu'il était là pour moi et m'embrassa la tempe.
- Et ducoup Keira, les cours ça va ?, demanda Jimmy en face de moi.
- On reprend doucement, écoute.
- Tu m'étonnes.
- C'est ta dernière année là ?, intervint Sarah.
- Ouais, je pense que je vais pas aller plus loin.
- Qu'est-ce que tu vas faire après ?, demanda Jeremy.
- Je sais pas, il faut que je réfléchisse.
Je fis la moue en pensant que ça n'allait pas être facile. Mais je ne voulais pas aller plus loin. Les études commençaient à me soûler.
J'hésitais entre travailler à la libraire H24 ou alors essayer de trouver quelque chose dans le journalisme, à mon niveau.
Oli m'avait également proposé de travailler avec eux, il fallait vraiment que je réfléchisse.
Mon téléphone vibra sur la table au moment où un serveur vint prendre notre commande. Jade.
- Tu peux dire ma commande s'il te plaît ?, demandais-je à Oli en lui montrant mon téléphone.
Il hocha la tête et je sortis de table en m'excusant. Sarah me sourit et m'accompagna dehors pour pouvoir fumer une cigarette.
CONVERSATION TÉLÉPHONIQUE
- Oui Jade ?, dis-je en répondant à ma copine.
- Léo veut qu'on emménage ensemble !, cria-t-elle dans mon oreille.
J'éloignais le téléphone de mon oreille en grimaçant. Sarah dut entendre ma copine étant donné qu'elle rigola.
- Tu savais ?, reprit Jade.
- Honnêtement ? Léo m'en a parlé vite fait la semaine dernière parce qu'il ne savait pas quoi faire.
- Il vient de partir de Paris là, on a passé le week-end ensemble.
- Tu vas faire quoi ?
- J'aimerais beaucoup, vraiment.
- T'es sûre ?
- Ça me soule trop cette relation à distance.
- Et t'es sûre que tu veux tout laisser à Paris pour venir à Toulouse, dans une ville que tu ne connais pas ?
- Je te connais déjà. Ça fait un point, je connais aussi les gars, Sarah, Marion, Cécilia...
- Je sais Jade, mais je parlais pas dans ce sens là.
- Je pense qu'il est temps que je prenne mon envol Keira. J'ai vingt ans quand même.
- Tu lui a dis quoi à Léo ?
- Que j'allais réfléchir. Mais je pense que je vais bientôt débarquer à Toulouse.
- J'ai hâte alors.
- Moi aussi !
Je riais. Je vis Sarah écraser sa cigarette.
- Allez, je te laisse, je suis au resto.
- Ah oui ! Sarah m'a dit qu'elle s'était séparée de son mec.
- Ouais c'est ça., dis-je en souriant à Sarah qui semblait entendre la conversation.
- Bon bah je te laisse ! Bisous ma Keira !
- Bisous Jade.
Je raccrochais.
- Elle a prit comment la demande de Léo ?, demanda Sarah en entrant dans le restaurant.
- Super bien apparement. Elle est déjà prête à faire ses cartons.
Sarah ria et nous partîmes reprendre place à notre table. La soirée se passait super bien, et je regardais mes amis en souriant.
