Papier à musique - Keira X Oli

27 // Tome 2

19 août 2021
16:15

Je me regardais une dernière fois dans le miroir et arrangeais le tulle de ma robe. Seule dans ma chambre, je m'admirais pour la première fois depuis les essayages, dans la robe qui n'allait pas seulement changer mon nom, mais ma vie.

Je savais que derrière la porte, la maquilleuse, la coiffeuse, Cécilia, Sarah, Nora, Jade, Louise, ma mère et ma grand mère m'attendaient. Mais je voulais garder ce moment encore un peu dans ma tête avant de me dévoiler au grand jour.

La robe paraissait encore plus belle qu'à la boutique, et j'étais comblée de joie. Le bustier me serrait bien, mes épaules étaient finement recouvertes par la dentelle. La longue traine derrière moi serait bientôt tirée par Louise, quand j'entrerais dans la mairie. Je souriais dans le vide et dut retenir une larme qui menaçait de couler.

- Keira ?, entendis-je derrière la porte. C'est bon ?

Je soufflais un bon coup et acquiesça. La porte de la chambre s'ouvrît à la volée et les femmes présentes derrière furent maintenant devant moi.

- Oh mon dieu. s'exclama Sarah. T'es magnifique.

- On a vraiment rater quelque chose aux essayages. T'es vraiment bonita !, rajouta Nora.

Je pouffais de rire et la coiffeuse s'approcha de moi pour replacer une mèche de cheveux derrière mon oreille.

- Il en a de la chance le futur marié., me glissa-t-elle en même temps.

Je lui souriais et tournais la tête vers ma famille.

- En parlant de futur marié, ils sont toujours chez Flo ?

- Oui., me répondit Cécilia. Ils se préparaient entre mecs.

- Merci., lui souris-je.

Elle me rendit mon sourire et quand je déviais mon regard, j'aperçus ma mère à deux doigts de pleurer.

- Maman, pleure pas.

- Ma fille se marie aujourd'hui, comment tu veux que je retienne mes larmes ?

Sa phrase se finissait quand une larme roula sur sa joue. Je m'approchais d'elle pour l'enlacer et mes larmes vinrent se mêler aux siennes.

- Je t'aime maman.

- Moi aussi je t'aime.

Elle m'embrassa le front et je me reculais. À mon grand désespoir.

- Ah non ! On ne pleure pas ! Il va falloir que je vous remaquille !, s'exclama la maquilleuse.

- Pardon, je suis désolée., dis-je en me ventilant le visage avec la main.

La maquilleuse s'approcha de moi et m'examina.

- Vous avez de la chance, ça n'a pas coulé.

- Il va falloir y aller ma petite., intervint ma grand-mère. La cérémonie va commencer, il ne faudrait pas que tu sois en retard à ton propre mariage quand même.

- Ouais, ce serait con., dit Jade dans la foulée.

Je souriais à la remarque de ma meilleure amie et approuvais. Tout le monde partit s'affairer. Je n'avais plus qu'à mettre mes talons quand ça sonna à l'interphone. Je laissais Sarah répondre et elle m'indiqua que c'était déjà mon père qui m'attendait en bas.

Les filles partirent devant tandis que Louise m'aida avec ma traîne jusqu'au bas de l'immeuble. Effectivement, mon père était déjà là, à côté de la limousine qu'il avait dû louer à cet effet avec mon bouquet de fleurs dans les mains. Il me le donna en souriant et j'observais la voiture derrière lui.

- Une limousine papa ? Ça fait pas trop ?

- Tu vas te marier avec un rappeur qui remplit des stades et tu te plains d'une limousine ? Allez, rentre dedans avant que je ne pleure de te voir dans cette robe.

J'esquissais un sourire et il m'aida à faire rentrer la robe en entière dans la limousine. Je saluais le chauffeur et mon père s'installa en face de moi. La limousine démarra enfin.

- J'ai été à la mairie avant de venir te chercher. Tout le monde est déjà là.

- Oli aussi ?

- Je pense que s'il avait pu aller à la mairie à 7 heures du matin pour t'attendre il l'aurait fait. Alors oui, il est déjà là lui aussi.

Je regardais la Ville Rose par derrière la vitre et fut pensive tout à coup.

- Papa ?

- Oui, Keira ?

- Quand j'ai emménagé dans cette ville tu y pensais, toi, que j'allais aussi me marier ici ?

- Évidemment que non., répondit-il après un instant. Mais je suis fier de le voir aujourd'hui. Et encore plus fier que l'homme de ta vie soit Olivio.

Il posa sa main sur la mienne.

- Tu as peur ?

- Un peu.

- C'est normal., me rassura-t-il. Moi aussi j'étais dans cet état quand j'ai épousé ta mère. Et regarde, aujourd'hui, on a eu deux belles jeunes filles qui nous rendent fiers. Sur le coup, on stresse, on a la boule au ventre, on s'imagine des tonnes de scénarios. Et je suis sûr que c'est ce qu'Oli est en train de faire à cet instant précis. Mais une fois qu'on s'est dit oui, on se rend compte qu'il n'y a que la personne en face de nous qui compte. Elle et personne d'autre.

Je gobais ses paroles comme si je voulais les encrer pour toujours dans ma mémoire. Mon père savait être rassurant à chaque fois que je doutais, et encore plus aujourd'hui et je l'en remerciais pour ça. Je l'aimais plus que tout, et je savais qu'au fond de lui il se disait qu'il perdait sa petite fille, même s'il ne voulait pas le montrer.

L'instant d'après, la limousine se gara devant la mairie. Je vis tout le monde présent sur le parvis tourner la tête vers la longue voiture, se doutant que c'était moi. Je soufflais un bon coup et regardais une dernière fois mon papa.

- Je t'aime papa.

- Moi aussi je t'aime ma fille. Plus que tout.

Il m'embrassa le front et sortit de la limousine en premier. Puis, sous les regards des invités, il me tendit une main que je pris.

Une fois dehors, je repassais le tulle de ma robe et levais enfin la tête tandis que Louise se dépêchait d'arranger la traîne derrière moi.

Tous les potes étaient en train de crier montrant leur joie de me voir dans cette tenue. Florian venait même de monter sur le dos de Léo pour crier à tous les invités que j'étais là.

Je riais et aperçus enfin celui que j'allais épouser. Il me regardait déjà, me fixait plutôt. Il était beau dans son costume bleu nuit. Il ne mettait jamais de cravate et pourtant aujourd'hui, il en avait revêtit une et je le trouvais encore plus beau que d'habitude. Sa bande d'amis vint l'encercler en me montrant du doigt et en sautant sur son dos et il continua de me regarder en souriant.

Oui, on allait se marier.