Je l'appelle Yesterday. Et parfois, je lui parle.
Elle n'a pas de nom, en réalité. Je ne l'aime pas. Mais parfois, je lui en donne un car je sais que si je veux avancer, je dois d'abord l'aimer elle.
Je lui parle en anglais, d'où son nom. J'ignore pourquoi l'anglais exprime plus facilement ce que je ressens. Peut-être parce que j'ai l'impression que peu de personnes me comprennent. Et que je ne veux pas partager avec elles ces pensées obscures qui me traversent.
Alors, je parle à Yesterday. On s'insulte beaucoup. Je lui pose tant de question, auxquelles elle n'est jamais capable de répondre. What should I do ? Que dois-je faire ? What will they think about me ? Que vont-ils penser de moi ? Will this ever end ? Cela va-t-il finir ?
Elle n'a jamais de réponse. Elle ne fait rien d'autre que m'observer à travers mon reflet, me dire à quel point je n'en vaux pas la peine. Elle me rabaisse sans cesse, mais je la crois. Je sais qu'elle dit vrai. Parfois, pour ne plus la voir, je la frappe, sans relâche, laissant libre cours à mes larmes, et jusqu'à ce que la douleur me ramène à la dure réalité.
Le miroir ne brise jamais.
Mon coeur éclate avant.
Je suis toujours là, vivante et meurtrie, et Yesterday aussi.
Elle n'a pas subie un seul de mes coups. Elle se moque même de mon incapacité à l'accepter.
Elle est ma conscience. Je suis ma propre geôlière. Et mon impassible miroir ne cesse de me le rappeler.
Je ne suis plus que l'ombre de moi-même.
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Pourvu que l'espoir nous sauve
عشوائيPourvu qu'on meure, moi et ma conscience. Je ne dors plus, mes pensées m'en empêchent. Pourvu qu'on meure, et que ça arrive vite. Je ne me sentirais mieux que lorsque j'arrêterais de me battre. Pourvu qu'on me sorte de là, de cet état d'angoisse, d'...
