Que souffrent les hommes

1 0 0
                                    

Ont-ils déjà provoqué la souffrance, et regardé cette dernière dans les yeux ? Sont-ils la cause de la mort de la conscience, de la perte de soi-même ? Je le suis.

Je me brise, me détruis, m'empoisonne l'esprit. Et ce, en me regardant dans le miroir. Je suis la cause de tout ça, et je subis les conséquences. Victime ou coupable ? Je suis les deux à la fois. Je vois mon regard s'éteindre derrière les larmes de rage, je vois mon poing cogner, encore et encore, contre ce reflet innocent. Et je vois la douleur physique attiser le feu qui me ronge de l'intérieur.

Parfois j'ose espérer que je ne suis pas la seule. Je voudrais qu'on me comprenne, qu'on sache ce que je traverse, je voudrais qu'on me dise qu'il est possible d'en sortir. Mais pour cela, il faudrait que souffrent les hommes.

Parfois je voudrais me faire plaindre, qu'on s'intéresse à moi. Mais je ne le veux pas vraiment. Il faudrait que tous m'oublient, alors ainsi je partirais sans remords. Pourquoi est-il si dur de blesser les autres, mais si facile de me jeter d'un bord de la falaise ? Je pourrais me haïr des jours durant, il m'est impossible de regarder les autres pleurer. Fusse-t-il que je prenne toute la misère du monde sur mes épaules.

J'en souffre éperdument, perdue dans mes pensées. J'ai plus peur de l'inquiétude des autres à mon sujet que de ma propre mort. Je voudrais les réconforter, moi qui ne suis même pas capable d'arrêter mes larmes. Leur dire que ce n'est pas grave, qu'ils faut avancer, qu'ils le peuvent. Je pourrais leur faire comprendre que je ne veux plus marcher, plus aller de l'avant, plus rien, rien d'autre que la délivrance. Mais je sais qu'ils ont raison.

Ils savent me rappeler les bons côtés, me montrer qui je suis, lorsque je ne suis plus cette créature effrayée, ils savent remonter le sourire sur mon visage et les couleurs sur le monde. Ils savent me montrer les étoiles qui brillent dans la nuit, et la douce lueur de la lune même au plus profond de l'obscurité.

Et dans ces moments-là, lorsque je cesse de souffrir, je me rappelle la grandeur des hommes et leur bonté. Et je ne veux plus, jamais, que souffrent les hommes.

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Jul 29, 2020 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

Pourvu que l'espoir nous sauveWhere stories live. Discover now