❛ healing

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Jaebeom composait le code de la machine sur la poignée du bureau d'informations, nous permettant d'y entrer. La fraîcheur de l'endroit semblait glaciale ce soir, comme si je me trouvais à l'intérieur d'un congélateur. La place baignait dans une obscurité coupée par les lampadaires posés sur le gazon près des fenêtres du bâtiments. On passait le comptoir, ouvrant le battant menant à la salle des employés, j'y étais allé peut-être une fois, ne comprenant pas l'intérêt de se reposer en présence d'autres personnes. Une vive lumière blanche accrochée sur une prise au niveau du sol éclairait la pièce, faisant en sorte qu'on voyait assez bien les tables, le réfrigérateur et le minuscule comptoir de cuisine. On distinguait les formes et ce fût ainsi que je prenais place sur une chaise, observant l'ébène chercher dans une armoire au dessus de l'évier.

- Je me suis toujours soigné seul, hyung. Dis-je en le voyant prendre place devant moi, déposant une trousse rouge sur la table tout en plaçant nos chaises l'une en face de l'autre.

- Je peux au moins faire ça pour toi, j'y tiens. Prononça mon aîné en m'offrant un sourire bienveillant tout en imbibant un tissus cotonneux d'alcool, désinfectant avec précaution mes genoux.

« - Non, je me suis toujours débrouillé seul.
- Je peux au moins faire ça pour vous, j'y tiens. » Ça sonnait si près d'être les mêmes paroles, si près. En y repensant, beaucoup de coïncidences accouraient, de sa cicatrice, à mon saut jusqu'à cette dispute au sein de la forêt pour terminer avec ce moment, celui où il me soignait comme que je l'avais fait à travers les brumes somnolentes. Pourquoi tout corrélaient ensemble tel un puzzle facile à construire? Néanmoins, les événements n'étaient pas en ordre et je me retrouvais à être celui qui se blessait, non le plus vieux qui terminait de nettoyer mes éraflures me piquant légèrement tout en déposant un pansement sur l'une d'elle, davantage touchée. J'étais perdu, quand je pensais atteindre la fin de cette confusion incohérente, le sol se fracassait pour continuer à me faire tomber au milieu d'un vide impossible à déceler.

Jaebeom entreprenait la purification de mes paumes, tenant ma main à plat dans la sienne, d'une prise incroyablement douce. Mes yeux concernés détaillaient le haut de sa joue que j'avais frappée, devenant rougis par le violent choc. Je ne m'avais pas retenu et je le regrettais. Comment pouvait-il mentir? Me faire croire que mon attaque ne l'atteignait pas, qu'il acceptait de recevoir docilement les conséquences à l'égard de son comportement? Quelqu'un tel que Jaebeom, c'était difficile à imaginer, la boule énervée bouchant sa gorge ne se dévoilait pas ouvertement, il préférait bâillonner ses sentiments. Peut-être par peur d'alimenter à nouveau la haine qu'on avait terrassée ou peut-être pour éviter d'abîmer nos échanges déjà fragiles. L'ébène était concentré, désinfectant d'une immense lenteur mes égratignures, une expression concentrée maquillant son visage qui paraissait dénué de toute arrogance et d'insolence. Laissant la place à un côté tendre de sa personnalité que je m'efforçais de supporter, mais à ce moment, aucune irritation m'éloignait de lui. Je souhaitais éperdument que nos différents s'évanouissent pour inviter les liens de nos deux cœurs à se tisser ensemble, formant une connection étroite et pure.

- Tiens, j'ai terminé. M'annonça mon aîné, rangeant les matériaux utilisés, armé de ce même ton aussi fade qu'une mer immobile.

Je me levais, muet, sans le remercier, sans une syllable, me dirigeant vers le réfrigérateur pour en extraire une poche de glace déjà préparée en cas de besoin urgent. Les yeux félins de mon soigneur suivaient ma silhouette reprenant ma place sur la chaise, face à lui sur lequel je déposais méticuleusement le sac de glaçons bleus sur la partie ébréchée de sa peau lisse. Il m'offrait un coup d'œil surpris mélangé de gratitude. J'enlevais ma main, car il s'occupait de tenir la poche froide contre sa figure qui m'observait silencieusement, l'air songeur. Je n'osais plus lui adresser la parole, la culpabilité commençait à ronger mon esprit comme des insectes grugeants du bois. Ma répugnance pour la violence ne me délaissait jamais, elle revenait souvent, lorsque je m'en retrouvais immergée. C'était certes rare, mais trop puissant pour complètement disparaître. Depuis mon plus jeune âge, je n'avais jamais compris les garçons qui se chamaillaient pour rigoler, pour montrer qu'ils étaient capables d'en venir aux poings. Néanmoins, pendant qu'ils espéraient confronter des camarades dans le but de prouver une quelconque force, je me retrouvais apeuré du jour où mon tour viendrait. J'avais peur qu'on me démasque, qu'on voit comment j'étais un lâche. C'était pourquoi frapper Jaebeom me procurait un sentiment d'insatisfaction et de regret.

𝐓𝐄𝐄𝐍𝐀𝐆𝐄 𝐃𝐑𝐄𝐀𝐌 𝐈𝐈 | 𝐣𝐣 𝐩𝐫𝐨𝐣𝐞𝐜𝐭Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu