❛ call it end

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La pluie paraissait d'une acidité nucléaire, me brûlant la peau comme une vulgaire bactérie. Mon cœur s'atrophiait, devenant un insignifiant morceau vital et les remords rongeaient ma tête aussi douloureusement qu'une tumeur cancéreuse. C'était indolore, mais mes muscles vibraient d'une mauvaise onde qui me nouait la gorge. Je ne savais pas où mes jambes me menaient, s'enfonçant dans la forêt aux fragrances d'herbes humides et aux échos de gouttes éternelles. J'en avais tellement marre de cette pluie, de cette tristesse vacancière, de ces mensonges, de ces tourments. J'en avais marre de tout et à force de le nier, ça me guettait pour mieux m'exploser au visage comme un champ de mines.

Ma vie se résumait à un échec total, il n'y avait que Jinyoung qui brisait cette malchance persistante, mais j'avais peur de le heurter, je craignais qu'il s'effrite dans mes mains comme tout ce que je touchais. Mes parents, Youngjae et lui. C'était les trois grands événements de mon existence, deux d'entre eux étaient des calamités, des catastrophes. J'avais toujours eu de la difficulté à rejoindre les bouts, à marcher la tête insouciante. Il me manquait quelque chose depuis mon plus jeune âge et ça rongeait tellement ma tête que mon souffle se coupait et mon corps cessait de fonctionner, m'agenouillant sur le sentier boueux. C'était encore le moment pour rebrousser le chemin, retourner à la cabane pour quitter Jinyoung, l'empêchant de souffrir davantage par ma faute. Je pouvais le sauver, de moi, de la rouille de laquelle j'allais le contaminer en le touchant. Je ne pouvais plus avancer, je devais prendre la meilleure décision. Elle se tenait sous mes yeux où des gouttelettes perlaient, entre mes mains tremblantes, ce simple couteau de cuisine aux abords innocents.

C'était terminé, l'erreur accidentelle qui conduisit mes parents à la mort, l'erreur d'aimer Youngjae et l'erreur d'accepter l'amour que j'éprouvais pour Jinyoung. Ça s'empilaient à l'intérieur de ma cage thoracique comme du goudron, la bouchant pour me créer une maladie incurable allant me tuer silencieusement. J'étais ridicule, là, abattu par ma jeune vie, puéril à l'idée de désirer me l'enlever, manquant de force. C'était tellement con...Je me détestais pour pointer la lame mal aiguisée de ce couteau volé à de vulgaires centimètres de mon ventre qui me sommait d'abandonner ma lâcheté et de prendre mes couilles pour continuer d'avancer.

« Tu as Jinyoung maintenant, il est avec toi. Tu n'as plus rien à craindre Jaebeom. » Me répétait ma conscience fébrile. « L'amour est éphémère, je vais le blesser, il va m'oublier un jour où l'autre. » Répliquais-je, peinant à respirer, suffocant de sanglots muets. « Arrête Jaebeom, tu vas mourir. Espèce d'imbécile! » Me criait-elle d'une voix ferme. « Je ne vais plus faire de mal, je ne veux plus continuer. Laisse-moi. » Dis-je dans un ultime murmure, accentuant mon emprise sur le manche de l'ustensile avant qu'elle ne pénètre ma chair à travers une douleur cuisante me procurant un hurlement qui déchirait mes cordes vocales.

Mes yeux descendaient vers le couteau loger à l'intérieur de mon ventre où un liquide rouge vif dilué par l'eau s'écoulait au sein d'un spectacle macabre. Je voyais la faucheuse soupirer face à mon acte idiot qui crispait mes muscles comme si on les tordaient violemment. Pleurer me faisait mal, la peau de ma plaie m'élançais et mes doigts tremblaient au dessus de l'arme. Je peinais à respirer correctement, mon souffle hérétique perçait l'air pluvieux, comme si j'étais un malade cherchant son dernier soupir. Devrais-je déloger le couteau? Ça risquait d'être plus fatal si je l'arrachais de son cocon ensanglanté. Était-ce mon souhait, réellement succomber à ce qui s'apparentait à un suicide? Voulais-je seulement me blesser pour me punir? Tout devenait confus, floue comme une vitre givrée lors d'un hiver aussi glacial que mes sueurs froides qui se mélangeaient à la pluie tiède. Mon regard désespéré se portait sur la sphère blanchâtre étincelant à travers les nuages noirs et brumeux qui cachaient les étoiles chatoyantes. Je fermais les paupières, dirigeant ma concentration au contact de ses gouttes terminant leurs lointains parcours contre la peau pâle de mon visage condamné à périr, essayant de contenir mon cris lorsque j'enlevais l'ustensile de mon estomac, libérant plus de ce sang tachant mes vêtements jusqu'aux tréfonds du tissus et qui souillait ma peau. C'était tout ce que je méritais, mourir comme un lâche qui croyait sauver l'homme qu'il aimait.

𝐓𝐄𝐄𝐍𝐀𝐆𝐄 𝐃𝐑𝐄𝐀𝐌 𝐈𝐈 | 𝐣𝐣 𝐩𝐫𝐨𝐣𝐞𝐜𝐭Où les histoires vivent. Découvrez maintenant