❛ city outing

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- Hyung, c'est devenu une colonie de vacances ou quoi? Grommela Jinyoung depuis plusieurs minutes, plus précisément, depuis que l'autobus avait quitté le stationnement pour se diriger vers une petite ville à proximité, question de délaisser le paysage forestier le temps d'une journée.

Les sièges étaient pour la plupart occupés par des touristes, le noiraud avait raison, on était devenus de ridicules guides. On devait surveiller un troupeau d'étrangers, leur répétant d'un anglais affreux le point de rendez-vous à la fin de l'après-midi. Heureusement, puisque nous étions des imbéciles en termes de langues, les deux autres employés, nées tout deux en Australie par coïncidence, nous accompagnaient. Le long transport roulait sur le chemin entouré d'arbres, de fleurs et d'une végétation luxuriante, animé de l'intérieur par les discussions des vacanciers. Les rayons de soleils éblouissaient nos yeux encore endormis il y avait à peine trois heures, transperçants les grandes vitres d'un jet doré.

Le mauvais temps s'était atténué durant les derniers jours, donnant la chance au site de reprendre pleinement ses activités, malgré l'humidité au sol et les ravages de l'averse. C'était un coup de malchance, être victime d'un tel orage, mais en vue du Soleil étincelant et du ciel bleu, cela donnait de nouveau l'envie aux gens de s'installer. On avait donc eu aucunes répercussions économiques potentielle, continuant de fonctionner sans se soucier d'une quelconque diminution. Peut-être que le site se portait à merveille, mais il n'en était pas ainsi de mon côté. La conversation avec Jinyoung, qui s'était avérée assez brève pour des motifs inconnues, occupait toujours mon esprit. Ce que j'avais avoué n'était qu'une infime partie de mes troubles, puis bizarrement, c'était le segment le plus difficile qui fut expulsé de ma bouche. Je me sentais à l'aise à ses côtés, j'étais écouté et respecté, alors décrire ma peine épineuse était plutôt facile. Il restait un gros morceau à cracher, me bloquant la gorge, mais on y arrivait lentement, passant chaque porte lorsqu'on était prêt.

La tête endormie de mon cadet tombait sur mon épaule, incapable d'être indépendante, obligée de trouver quelque chose sur quoi se reposer confortablement. Un tendre sourire éphémère étirait ma bouche, avant que ma concentration ne se porte sur la musique qui défilait à travers mes écouteurs. Malgré tout, j'espérais atteindre le terme de notre histoire, un terme signant un autre début, davantage sentimental et profond qu'une simple amitié tachetée de moments confus. J'essayais d'esquiver ce que je ressentais, mentant tel un kleptomane qui se justifiait, mais rien n'y faisait. J'aimais Jinyoung et j'étais terrifié, mais pouvait-on empêcher nos sentiments d'apparaître comme un screamer lors d'une scène angoissante? C'était impossible, la personne capable de restreindre un amour état soit inhumaine, soit invincible, dans tous les cas, elle n'existait pas.

La campagne s'évanouissait, coulissant vers un paysage urbain. Les fils électriques se faufilaient à travers les bâtiments qui se décuplaient, la population peu nombreuses se promenaient dans les rues où des voitures bougeaient et la rotation mouvementée de cette petite ville était différent de celle du site vacanciers. J'enlevais mes écouteurs, brisant ma bulle musicale, pendant que je secouais délicatement mon colocataire, le tirant de sa sieste. Il poussait un son embrumé par son dodo incontrôlable, se frottant les paupières. D'un côté se situait le Jinyoung froid au regard menaçant et de l'autre, celui que j'avais envie de protéger tel le plus fragile des chatons d'une immense portée. L'autobus s'immobilisait, alors que le bruit de décompression des battants automatiques envahissait l'intérieur où le troupeau de brebis s'agitait en coeur.

Les Australiens dirigeaient la tête, s'aventurant les premiers à l'extérieur, suivit des civils. Une fois le bus vide, on sortait, ne se préoccupant pas de détailler chaque millimètre pour s'assurer que rien n'avait été oublié, car c'était le même qui venait nous rechercher. Un courant d'air chaud, contrastant avec la climatisation de l'engin, nous frappait aimablement pendant que je remontais mes lunettes fumées sur mon nez. Les gens se dispersaient et d'autres restaient pour vérifier des itinéraires.

𝐓𝐄𝐄𝐍𝐀𝐆𝐄 𝐃𝐑𝐄𝐀𝐌 𝐈𝐈 | 𝐣𝐣 𝐩𝐫𝐨𝐣𝐞𝐜𝐭Where stories live. Discover now