❛ call it love,

82 9 8
                                    

J'écoutais les employés se plaindre du temps extérieur, leurs voix étouffées par les gouttes qui se fracassaient contre les vitres du bâtiments, tel des balles de fusils insensibles. Le ciel pleurait une fois encore sa tristesse éternelle, n'ayant pas terminé de s'acharner à nous la partager pour un moment indéterminé. La journée était foutue, balayer d'un geste de la main après un majeur en l'air de la part de mère nature qui semblait particulièrement détester les environs depuis quelques temps. On priait le Soleil, mais on recevait un orage explosant au sein des cieux comme du maïs soufflé à l'intérieur d'un micro-onde. Une rafale de vent poussait la pluie dans tous les sens, créant un vacarme qui s'écrasait sur le bâtiment qui nous protégeait. Je soupirais, jetant un coup d'œil vers Jinyoung qui observait attentivement l'extérieur sauvage, son menton reposant dans sa paume. Malgré la lumière grisâtre de l'averse, il paraissait rayonner comme une magnifique créature céleste.

Une voix s'élevait, nous priant de l'écouter. A travers un synchronisme digne de pigeons roucoulants, l'entièreté des têtes se concentrait sur notre supérieur. Entre regarder le visage de cet homme joufflu aux grandes lunettes et le noiraud possédant une beauté symétriquement unique volée d'un dieux grecque, j'optais pour la deuxième personne.

- La journée est suspendue dû au temps médiocre. Une autre fois...Nous annonça-t-il, découragé. Vous passerez le message comme vous le pouvez. Termina-t-il d'un ton bref avant de disparaître.

- C'est une fois la clientèle installée que la merde arrive. Grommelais-je.

- Ainsi va la vie. Dit Jinyoung en haussant les épaules, tandis que j'arquais un sourcil à l'entente de cette phrase ridicule.

- T'as terminé? Demandais-je en me levant.

- Oui, mais tu ne veux pas attendre que ça se calme un peu? Rétorqua mon cadet pendant que je prenais mon plateau.

- Non. Articulais-je, le faisant soupirer d'une exaspération habituelle à mon égard.

On plaçait la vaisselle sale à l'endroit destiné, entrechoquant le matériau des ustensiles et des plats à travers un son familier. Le moment fatidique approchait, celui où on allait se retrouver à la merci de cette intempérie désagréable pour nous et nos pauvres corps. Je me passerais d'une douche écologique, je n'étais pas ce genre de type qui accourait sous la pluie avec son savon pour effacer la crasse accumulée sur sa peau, attendant le mauvais temps. J'ouvrais la porte d'un geste hésitant, sentant la fragrance d'eau humide valser dans l'air frais. Le son de l'averse décuplait, devenait clair comme une source cristalline liquide, comme une harmonie incohérente. De fines gouttelettes nous atteignaient, avant qu'un grondement ne déchire le ciel pleurant. Je jetais un coup d'œil vers Jinyoung qui me regardait d'un drôle de regard, se questionnant sur mon immobilité.

- On doit faire vite. Dis-je, oubliant le fait que mes propos sonnaient telle une évidence biblique.

J'attrapais la main du noiraud ayant un mouvement de surprise, sortant à l'extérieur pour m'engouffrer à travers ce tempérament hostile par le vent qui déferlait aussi vite qu'un bolide de formule un et les gouttes d'eau s'écrasant dans tous les sens comme un tourbillon. Nos pieds couraient sur le gazon transformé en une sorte d'éponge naturelle créant un drôle de bruit, tandis que la main de Jinyoung se resserrait autour de la mienne, par automatisme. Personne ne se situait dans les environs, alors garder le secret d'un contact douteux entre deux hommes ne me traversait que très peu l'esprit. J'avais l'impression d'être un chaton vivant en dessous d'un pont délabré, mouillé à cause d'une averse imprévisible par le manque de protection. Notre maisonnette se dessinait devant nous, le sentiment était le même que ces gens arrivants finalement aux terres promises, un soulagement grandiose. Une fois sur le balcon, face à la porte que je déverrouillais, nous étions enfin protégés. La clé tournait à l'intérieur de la serrure, cliquetant et le battant s'ouvrait.

𝐓𝐄𝐄𝐍𝐀𝐆𝐄 𝐃𝐑𝐄𝐀𝐌 𝐈𝐈 | 𝐣𝐣 𝐩𝐫𝐨𝐣𝐞𝐜𝐭Where stories live. Discover now