XXXIV- Des sentiments mêlés

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« Il n'est de grand amour qu'à l'ombre de grand rêve. »










Paris, vendredi 22 août 1941,
                17h23.


Mes yeux fixés sur l'horloge, il ne reste que quelques secondes avant que cela fasse pile cinq minutes que Madeleine est partie. Je me lève du canapé, puis saisit la pot de tulipes roses qui est posé sur le grand buffet ébène de la pièce. Je me dirige ensuite vers la cuisine. J'ouvre la fenêtre dans le but de déposer le pot sur l'appui de fenêtre.Vous pouvez rentrer. Je tire les rideaux en dentelles blanches avant de retourner dans la salle de séjour.





Déambulant dans la pièce, chaque tic-tac de la pendule m'est une source de stress et d'angoisse. Je n'aurai jamais dû  proposer de cacher ces pilotes dans ma demeure. Comment pourrai-je prendre de tel risque en cachant des pilotes anglais sous le même toit que mon fils ? Hannah avait raison. Je prends beaucoup de risques. Mais qu'est-ce qui n'est pas risqué aujourd'hui ? C'est trop tard pour retourner en arrière.


Soudain, on frappe à la porte. Je m'arrête et me précipite vers celle-ci. Je l'ouvre et j'aperçois deux hommes en habits civils, trop petits pour leur grandes silhouettes. Je les fait rentrer, en regardant à droite et à gauche avant de fermer la porte à clef.











- Suivez-moi. Les deux britanniques me suivent jusqu'à la salle à manger. Ils s'arrêtent, émerveillés face à la table.







- Mademoiselle, nous vous remercions. Dit le blond d'un accent anglais bien trop indiscret, pour s'imaginer qu'il est français.






- Vous me remercierez plus tard, quand vous serez en Angleterre. Vous avez dix minutes pour manger. Ne soyez pas lents s'il vous plaît. Quelqu'un peut venir à tout moment. Dis-je, en leur envoyant un sourire rassurant.





- Ne vous inquiétez pas Mademoiselle, devant une table comme celle-ci nous perdrons pas une seconde. Dit-il en riant. Je souris en retour. Ils s'assoient et commencent le repas, pendant que moi, je m'approche de la fenêtre afin de regarder la rue. Il n'y a personne, seulement une femme qui vient de passer avec ses enfants. Chaque seconde qui passe est une seconde de danger. Oliver ne rentre jamais avant vingt-et-une heures, mais si par malheur, il rentre plus tôt et qu'il découvre ces hommes... Je ne préfère même pas y penser.






- Oh, je ne me suis pas présenté. Je me retourne pour regarder le blond qui tapote la serviette sur sa bouche. Je suis Jack Williams et lui c'est Thomas Smith. Il ne parle pas français.






- Enchantée.





- Et vous ? Quel est votre nom ?


Je réfléchis quelque instant avant de répondre.



Que dois-je répondre ? Gerda ? Rebecca ? Alice ? 





- Alice. Réponds-je finalement en m'installant à table face au blond. Je dois penser au pire. Si ces hommes se font arrêter par la Gestapo, et qu'ils dénoncent sous la torture, une certaine Gerda... On saurait qu'il s'agit de moi. Il n'y a pas beaucoup d'allemande, d'aryenne, à Paris. Encore moins une Gerda qui habite dans le huitième arrondissement  dans un appartement au cinquième étage, rue Voltaire.




- Oh comme ma sœur. Dit Jack en souriant.





[...]





Condamnée à Aimer Where stories live. Discover now