J'ai commencé mes cours théoriques à l'auto-école. Trois heures avec un masque c'est long même si on fait une pause toutes les heures et que je peux l'enlever. Il m'empêche de respirer correctement et comme je porte des lunettes, ça fait de la buée alors c'est encore plus désagréable.
Aujourd'hui, j'ai reçu ma première carte d'anniversaire où je ne suis pas mégenré. D'ailleurs c'est le premier que je passe en étant moi même et en étant genré (presque) correctement.
Ça fait longtemps que je n'ai plus parlé de ma copine (non) la dysphorie. Elle ne m'embête pas trop pour le moment mais elle reste quand même une pétasse.
Mes cours théoriques sont terminés, je passe mon examen mercredi et honnêtement, je ne le sens pas du tout parce que j'ai raté une des deux simulations d'examen (34/50), l'autre je l'ai réussie tout juste (41/50). Il y a certaines questions qui sont faites pour nous piéger et d'autres où on perds 5 points si on les rate car ce sont des fautes graves.
J'ai été passer mon examen, je l'ai raté alors je l'ai repassé la semaine suivante et je l'ai encore raté. Je ne compte pas recommencer tout de suite, ça m'a saoulé alors je verrai ça plus tard.Je suis chez ma grand mère et elle vient de me raconter quelque chose dont je ne me souvenais pas.
Apparemment quand j'avais cinq ans, elle m'avait dit que j'étais obligé mettre une robe pour un mariage (je crois que c'est le fameux mariage ou j'ai pleuré parce qu'on m'a forcé à mettre une robe).Moi: mais *prénom de mon cousin* il ne doit pas en mettre.
Elle: oui mais *prénom de mon cousin* est un garçon.
Moi: moi aussi je suis un garçon mais personne ne le voit.Elle m'a aussi dit qu'elle avait essayé d'en parler à mon père il y a deux ans et qu'il l'avait prise pour une folle. Je lui ai demandé si elle pouvait parler de tout ça à ma mère, peut-être que comme ça elle comprendra.
On est le lendemain, elle vient de lui téléphoner. On a un peu parlé avec ma mère et au final, ils sont d'accord pour que je commence ma transition. C'est vraiment le miracle de l'année en fait. J'essaierai de téléphoner demain pour avoir un rendez-vous chez l'endocrinologue. Ma mère m'a quand même dit de ne pas y aller trop vite, surtout avec l'administratif et elle m'a dit qu'elle aurait du mal au début avec les pronoms et mon nouveau prénom mais qu'elle me soutiendrait quoi qu'il arrive.
J'ai téléphoné à l'hôpital ce matin pour avoir un rendez-vous, la femme que j'ai eu au téléphone m'a d'abord demandé si j'avais un problème de thyroïde (je ne sais même pas ce que c'est), j'ai donc expliqué que j'étais transgenre et que je souhaiterais commencer un traitement hormonal, un long moment de silence s'en est suivi avant qu'elle ne lâche un soupir « ahlala ». Comment ça « ahlala » ? J'avais mis mon téléphone sur haut parleur pour que ma mère entende et quand elle a entendu ce soupir de désespoir elle m'a regardé en mode « euh ??? ».
J'ai quand même su avoir un rendez-vous qui est le 23 décembre, c'est dans très longtemps.
Je pense que ça va être les six mois les plus longs de ma vie.Je suis retourné chez ma grand-mère hier, on a su parler un peu de tout ça et elle m'a expliqué que mon père lui avait rendu visite au matin et qu'il lui avait parlé de moi en me genrant correctement. Elle m'a dit qu'il était effrayé à l'idée que des gens me fassent du mal ou qu'ils se moquent de moi du fait de ma transidentité.
Aujourd'hui, ma mère m'a genré correctement pour la première fois.
- Dis donc aujourd'hui t'es madame pansement... non plutôt monsieur pansement, faut que je m'habitue.
C'est bien qu'elle fasse des efforts, même si ce sont des petits.
J'ai enfin pu sortir et revoir mes amis après ces longues semaines d'ennui. On a passé une très bonne soirée, on a bien rigolé et on a fait énormément de photos. À défaut d'avoir une vraie proclamation, on en a simplement fait une à notre manière avec des faux diplômes et des chapeaux.
J'ai été chercher mon (vrai) diplôme aujourd'hui. J'ai eu beaucoup de chance car les professeurs qui m'ont accueilli pour me remettre mon diplôme étaient ceux que j'aimais le plus. Je pense que ce sont eux qui vont le plus me manquer, ils étaient vraiment géniaux mais je pense que je pourrais quand même les revoir car mon frère ira dans la même école que moi pour faire ses secondaires.
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Non-FictionMoi, c'est Hélios, j'ai vingt-et-un ans je suis belge et dans ce livre, je vous raconte mon vécu en tant que personne transgenre.