Partie 6 : Le père.

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Aurélien se réveilla en sentant son portable vibrer dans la poche de son pantalon et ouvrit les yeux difficilement, se redressant sur sa chaise. Ses yeux se posèrent sur la silhouette de sa mère sur son lit, sur lequel il s'était endormi alors qu'il lui parlait. Il la contempla un long moment, n'arrivant pas à détacher ses yeux de ses traits endormis, avant de sentir son portable vibrer à nouveau, le rappelant au monde réel. Il détacha alors les yeux de sa mère et sortit son portable de sa poche, regardant qui est-ce qui lui avait un message. Il frissonna en voyant le mot Papa sur son écran et appuya sur ce dernier pour lire le message.

Rentre tout de suite à la maison.

Il se mordit fébrilement la lèvre, se doutant bien de pourquoi son père voulait qu'il rentre et surtout de quoi il voulait lui parler et rangea son portable dans la poche de sa veste. Aurélien se leva de sa chaise et se pencha par-dessus le visage de sa mère pour déposer un petit baiser affectueux sur son front.

« Au revoir maman, je t'aime. Je te promets de revenir vite. » murmura-t-il avant de se redresser.

Il resta un instant encore à observer sa mère qui semblait seulement endormie ainsi sur son lit d'hôpital puis tourna les talons lorsqu'il sentit les larmes lui monter aux yeux. Il attendit d'être hors de la chambre pour s'essuyer les yeux puis reprit son portable dans ses mains pour envoyer un message à son père :

Je rentre le plus vite possible. J'étais à l'hôpital.

Il envoya son message après s'être relu une deuxième fois pour s'assurer qu'il n'avait pas fait de fautes et remit son portable dans la poche de sa veste avant de se diriger vers l'ascenseur pour sortir du bâtiment.

***

« Papa... balbutia-t-il en entrant dans le salon près de vingt minutes plus tard.

— Ah t'es enfin rentré, toi ! s'exclama son père en se levant du fauteuil sur lequel il était assis, devant la télévision. Viens un peu par là !

— Attend, je sais pourquoi tu es énervé mais j'étais obligé... commença-t-il à dire en reculant d'un pas, voyant son père s'approcher de lui d'un air menaçant, mais celui-ci ne lui laissa pas le temps de s'expliquer.

Obligé ? T'es obligé de voler dans mon argent maintenant ? s'exclama son père en l'attrapant violemment par l'avant-bras et il se protégea par réflexe le visage de son bras de libre.

— J'étais obligé pour payer l'électricité ! expliqua-t-il précipitamment et il sentit son père desserrer sa prise sur son avant-bras. On... On nous a coupé l'électricité hier et quand je les ai appelé ce matin avant de partir au lycée ils m'ont dit que si je ne leur apportais pas 50€ avant midi, ils se verraient obligé de rompre le contrat. »

Aurélien respira fortement après avoir parlé aussi vite de peur de se faire frapper et il vit son père plisser les yeux pour le regarder d'un air suspicieux. Il glissa alors sa main dans la poche de son jean et en sorti le billet de 50€ que lui avait donné Guillaume un peu plus tôt et le tendit en direction de son père :

« Tiens, pour te rembourser.

— Où t'as eu ça ? demanda son père en le lâchant et en attrapant le billet avant de l'inspecter pour s'assurer que c'était un vrai.

— Un garçon au lycée veut que je l'aide à écrire une lettre alors il m'a donné ça pour me payer... expliqua-t-il en détournant le regard, embarrassé.

— 50€ pour une lettre ? C'est un pigeon ce garçon, dis donc ! rit son père en mettant le billet dans sa poche. Mais bon ! S'il veut se faire plumer ! En tout cas, j'espère que c'est la dernière fois que je te prends à fouiller dans mes affaires. Monte dans ta chambre. Et tu te fais à bouffer tout seul ce soir, j'suis pas d'humeur. »

Aurélien hocha la tête avant de tourner les talons et de se rendre dans sa chambre. Une fois à l'intérieur de celle-ci, il chercha à fermer la porte à double tour avant de se rappeler que son père en avait cassé la serrure quand ils avaient emménagé dans l'appartement et il se laissa glisser au sol contre la porte, mettant sa tête dans ses bras croisés. Son père n'était pas au courant qu'il renflouait chaque semaine le peu d'argent qu'il mettait de côté pour payer les charges et les frais d'hôpitaux. Celui-ci ne se rendait pas compte qu'il asséchait de lui-même cet argent pour aller boire des coups tous les jours avec ses copains et il faisait son possible pour que l'argent qu'il leur fallait pour tout payer ne vienne jamais à manquer. Il savait que son père péterait un plomb s'il comprenait que sans lui et ses petites combines ils ne pourraient jamais payer le loyer et toutes les autres petites choses, il était trop fier. Il lui dirait sûrement que c'était lui qui coûtait trop cher et qu'il n'avait qu'à trouver un boulot pour participer au lieu d'aller au lycée. Mais Aurélien savait aussi que s'il arrêtait de l'aider en secret et le laissait se rendre compte qu'il n'était pas à la hauteur pour subvenir à leurs besoins à tous les deux, on leur couperait tout et bientôt les services sociaux viendraient le chercher pour l'amener loin de sa seule famille. Et ça, il ne pouvait pas laisser faire ça. Alors il ne disait rien à son père pour ne pas blesser son égo et se taisait par rapport à sa dépendance à l'alcool, sachant très bien les états colériques dans lesquels il se mettait quand il osait lui en parler. Il se leva et se dirigea vers son bureau, sortant la lettre de Guillaume de son sac pour la relire, puis sortit une feuille afin d'écrire sa propre version, qu'il lui donnerait demain au lycée.

Fiction OrelxGringe - L'autre partie de moi.Where stories live. Discover now