Fiction OrelxGringe - L'autre partie de moi.

Partie 19 : La chanson.

Guillaume fronça les sourcils en voyant Aurélien le suivre dans l'eau mais avec son tee-shirt toujours sur les épaules. Le plus jeune s'était seulement dévêtit de son jean avant de rentrer dans la rivière à son tour et il le vit faire une petite grimace au contact de l'eau froide et de sa peau. Guillaume attendit patiemment qu'il se fasse à la température de l'eau et avança dans sa direction en lui souriant doucement :

« Elle va se réchauffer, tu vas voir.

— Vraiment ? lui demanda Aurélien en lui lançant un regard hésitant et il se prit soudain à le trouver adorable.

— Enfin, c'est plutôt ton corps qui va s'habituer à la température en fait. Mais du coup, t'auras l'impression que l'eau sera plus chaude. »

Aurélien hocha la tête doucement en compréhension et il le vit fléchir les genoux légèrement pour s'enfoncer un peu plus dans l'eau. Guillaume réprima avec difficulté un rire en le voyant faire une grimace à nouveau et reprit la parole :

« Pourquoi tu gardes ton tee-shirt ? Ça doit pas être agréable comme sensation. »

Aurélien releva le visage en entendant sa question et il le vit lui lancer un regard embarrassé avant de lui répondre :

« Je suis pas très à l'aise... à l'idée de me déshabiller devant toi...

— Quoi, vraiment ? dit-il en exhalant un petit rire. Mais y'a pas de quoi, Aurél.

— On a pas vraiment... la même morphologie... continua Aurélien en lui jetant un petit regard en coin, semblant gêné.

— Mais c'est ridicule. Je ne me moquerai jamais de toi, hein. »

Guillaume vit Aurélien hocher la tête doucement avant de le voir porter une main sous l'eau à son ventre.

« J'ai... encore un peu mal au ventre aussi. Je préfère rester comme ça.

— Pas de souci, tu fais ce que tu veux après tout. Mais sache que je me serai pas moqué dans tous les cas. Ok ? dit-il et quand Aurélien hocha la tête, il lui sourit avant de se diriger vers la berge. Attend une seconde, je vais mettre un peu de musique. »

Il sortit son portable de son pantalon au sol et lança une playlist qu'il avait créé récemment, pour quand il voulait réviser au calme. La musique se lança et il rejoignit Aurélien qui l'attendait patiemment dans l'eau. Celui-ci avait les yeux rivés sur lui et il sourit en le voyant rougir doucement quand il s'aperçut qu'il l'avait remarqué. Guillaume sentit son sourire s'agrandir encore plus en voyant les joues du plus jeune se colorer ainsi. Il était vraiment adorable.

***

« J'aime beaucoup cette chanson, dit à un moment donné le plus jeune alors qu'ils faisaient tous les deux la planche, flottant sur le dos et se laissant voguer près du bord.

— Moi aussi. Je viens à peine de la découvrir mais je l'aime trop, répondit Guillaume en reposant ses pieds au sol pour pouvoir mieux discuter avec Aurélien. Je comprends pas trop encore de quoi elle parle dans les détails mais elle est cool.

— Je crois... commença à dire Aurélien en se remettant debout à son tour. Je crois qu'elle parle du fait de s'accepter comme on est. De tout faire pour ne pas se laisser faire par le monde et les gens autour de nous et rester fidèles à qui on est au fond. Ne pas se... trahir pour faire plaisir aux autres... balbutia le plus jeune et il hocha la tête, attentif.

— C'est vraiment une bonne chanson alors. Avec des bonnes paroles et pas seulement une bonne mélodie. C'est cool.

— Oui, je l'écoutais beaucoup avant à la maison. Dans ma chambre.

— Pourquoi avant ? demanda Guillaume, confus. Pourquoi tu l'écoutes plus maintenant si tu l'aimes toujours autant ?

— C'est... Mon père l'aime pas trop, dit Aurélien en détournant le regard un instant et Guillaume se dit qu'il avait l'air réticent à parler de son père, encore une fois. Il aime pas vraiment ce genre de messages... Le genre qui dit aux gens de rester eux mêmes, libres et insouciants. Il dit que c'est facile quand t'es artiste de penser comme ça... mais que quand tu dois payer un loyer pour que ta famille survive chaque mois c'est impensable. Il dit que c'est une vision plutôt égoïste d'aborder le monde et qu'il faut penser aux gens qui nous entourent avant de vouloir goûter à la liberté... 

— Et... Tu en penses quoi, toi ? Tu es d'accord avec lui ? » demanda-t-il en regardant tristement le plus jeune.

Aurélien avait l'air abattu par la vie et par ce qu'elle lui demandait. Sûrement par ce qu'elle lui avait déjà pris, vu qu'il avait dû grandir sans sa mère, mais la vie, non son père, lui semblait demander beaucoup de lui. Il n'était pas venu au monde seulement pour travailler et ramener de l'argent à la maison. C'était encore un enfant. Ce n'était pas son rôle à lui. Il le vit alors sourire tristement, les yeux dans le vague, et le dévisagea avec attention.

« Moi...? Je pense que c'est un très jolie mot la liberté. Je ne dis pas que je ne la connais pas, bien sûr. Mais de temps en temps, même si je sais que je dois travailler dur pour rendre maman fière quand elle se réveillera... Et essayer de ramener un peu d'argent pour papa afin de l'aider à tout payer avec la maison... De temps en temps j'aimerai bien oublier tout ça et être un peu plus libre... »

Guillaume dévisagea avec tendresse le plus jeune qui avait un petit sourire sur les lèvres, sans même s'en rendre compte. Il remarqua alors une feuille d'arbre dans ses cheveux mouillés et s'avança vers lui pour la lui enlever :

« Tu es libre aujourd'hui, Aurél. Personne ne viendra t'embêter ici, je te l'ai dit, tu peux oublier tous tes problèmes dans cet endroit. »

Il porta sa main aux cheveux noirs du plus jeune et attrapa la feuille entre ses doigts pour la lui enlever. Aurelien se recula aussitôt, vraisemblablement surpris par son geste, et Guillaume lui montra la feuille d'arbre jaunie pour lui expliquer sans avoir à parler. Aurélien regarda cette dernière et se mit à rougir d'une manière qu'il trouva, encore une fois, adorable.

« M-Merci... Je ne m'en étais pas rendu compte...

— Je sais bien, c'est pour ça que j'ai décidé de te l'enlever, dit-il en souriant d'un air attendri avant de rire doucement. Elle était coincée dans ta mèche blanche.

— M-Ma mèche...? répéta Aurélien en portant une main à sa mèche blanche, lui confirmant qu'il savait parfaitement de quoi il parlait.

— Ouais, c'est marrant. J'avais jamais vu ça chez personne d'autre auparavant. C'est mignon. »

Guillaume vit le plus jeune rougir de plus belle lorsqu'il prononça le mot mignon et il le vit plonger ses grands yeux sombres dans les siens, comme s'il essayait d'y chercher quelque chose, comme de la moquerie de sa part. Il se noya dans son regard profond et un moment plus tard, il vit Aurélien détourner le regard avant de se reculer précipitamment.

« Je... Euh... Est-ce que tu veux parler de la prochaine lettre pour Chloé...? Ou bien du rendez-vous que tu vas lui donner...? dit précipitamment le plus jeune et il comprit qu'il essayait de détourner l'attention parce qu'il était gêné.

— Non, Aurél, dit-il en reculant d'un pas, espérant le mettre un peu plus en confiance comme ça. Je t'ai demandé de m'accompagner ici en tant qu'ami. Et en tant qu'amis, on n'est pas toujours obligés de parler de Chloé. On peut parler d'autre chose.

— Tu... Tu es sûr ?

— Oui, j'ai pas envie de parler de mon prochain rendez-vous avec Chloé aujourd'hui, d'accord ? S'il-te-plaît. »

Aurélien hocha la tête en compréhension et il sourit doucement. Non, il n'avait pas envie de parler d'elle avec Aurélien aujourd'hui. Il avait envie que cette journée ne soit que entre le plus jeune et lui, sans tierce personne, même absente. Il se fit la soudaine réflexion qu'il n'avait pas pensé à Chloé de toute la journée et que ce n'était pas la première fois qu'au lieu de penser à elle, il pensait à Aurélien et au fait qu'il avait envie d'en apprendre un peu plus sur lui. Cette réflexion le laissa pensif et il ne s'aperçut pas des yeux du plus jeune sur lui, un air soucieux sur le visage.