Partie 12 : L'alcool.

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« Tu m'as menti ?!

— Non... Papa, arrête, je te promets... »

Aurélien était en train de pleurer, par terre. Son père était rentré en furie ce soir-là alors qu'il était en train de se faire chauffer au micro-onde un plat déjà préparé et était apparu dans la cuisine sans qu'il n'ait eu le temps de comprendre quoique ce soit, en criant son prénom. Il s'était retourné pour lui faire face et son père lui avait asséné une énorme gifle avant même qu'il ne puisse ouvrir la bouche pour lui demander comment s'était passée sa journée. Maintenant, alors que son père tenait son poignet fermement dans sa main à lui faire mal, il le savait. Comme toutes les autres. Il était allé se bourrer la gueule avec ses amis. Son père agita un billet de 50€ devant ses yeux effrayés et il comprit qu'il avait trouvé ce dernier en allant fouiller dans sa chambre plus tôt dans la journée.

« Qu'est-ce que... » bredouilla-t-il, confus, et son père le tira violemment vers lui en faisant pression sur son poignet, le faisant tomber par terre brusquement.

Il cria de douleur en chutant au sol et avant qu'il ne puisse se relever, il vit son père s'approcher de lui et celui-ci vint lui écraser la main gauche de son pieds, lui arrachant un autre cri de douleur plus puissant :

« Papa...!! Arrête !! Tu me fais mal... s'écria-t-il, terrifié.

— Ça t'apprendra à me mentir ! Je croyais que tu avais arrêté d'aider ce garçon ? Qu'il n'avait plus besoin de ton aide ?!

— Mais... Non... Il a juste eu besoin de moi encore une fois... mentit-il, se disant que ce n'était pas vraiment un mensonge vu qu'il n'avait écrit qu'une seule lettre de plus depuis la dernière fois qu'il avait donné des sous à son père. Mais c'est fini, je te jure... pleura-t-il alors qu'il n'arrivait pas à dégager sa main de dessous le pieds de son père qui semblait prendre un malin plaisir à le faire souffrir.

— Et je peux savoir pourquoi tu m'as pas donné ce billet tout de suite au lieu de le garder pour toi dans une boîte bien cachée dans ton armoire ?! lui cria son père et il pleura de plus belle, de peur ainsi que de douleur.

— La dernière fois, tu t'en étais servi pour aller te payer des verres, papa... Je ne veux pas que ça serve à ça, je te l'ai déjà dit...

— Je fais ce que je veux avec l'argent ramené dans cette maison ! Tu m'entends ?! Tout l'argent qui arrive ici me revient. Que ça soit toi ou moi qui le gagne ! Tu ne crois pas que j'ai assez dépensé d'argent pour toi depuis que t'es né ?! Et depuis que ta putain de mère est dans le coma ?! Il est temps que tu me rembourses, Aurélien ! Alors dès que tu seras en âge d'arrêter l'école sans qu'on puisse venir me faire chier, tu arrêteras ! T'iras bosser comme tout le monde !

— Mais j'en ai pas envie... Je veux faire des études, s'il-te-plaît... supplia Aurélien à travers ses larmes et il vit son père devenir plus rouge encore, de colère. Et ne parle pas de maman comme ça...

— Va dans ta chambre !! Dégage !! Et je ne veux plus te voir de la soirée !! »

Aurélien sentit son père enlever son pied de sa main et il se releva précipitamment avant de courir se réfugier dans sa chambre. Une fois à l'intérieur de celle-ci, il poussa son bureau avec le peu d'énergie qu'il lui restait pour le placer devant la porte de sa chambre afin d'empêcher son père de rentrer dans celle-ci et se laissa glisser contre ce dernier, pleurant toutes les larmes de son corps. Qu'est-ce qu'il avait mal. À la main, bien sûr, mais aussi à l'âme. Il n'en pouvait plus de la violence de son père envers lui. À chaque fois qu'il allait se coucher c'était avec la boule au ventre, se demandant ce qu'il allait lui faire le lendemain. Au fond, il savait bien que son père ne retrouverait jamais de travail. Il était tombé bien trop bas pour ça. Mais lui, il ne voulait pas non plus gâcher ses jeunes années à travailler pour pouvoir lui rapporter assez d'argent pour qu'il le dépense en alcool. Il prit alors son portable dans la poche de son pantalon et appuya un peu inconsciemment sur le contact de Guillaume. Il regarda un instant le nom de ce dernier sur son écran et un sentiment de soulagement et de bien-être étrange l'enveloppa en voyant ce nom. Cependant, Guillaume ne répondit pas à son appel et il se dit en raccrochant, un peu déçu, que c'était peut-être mieux comme ça. Il était encore tremblant de peur et en larmes, et il ne voulait pas que l'autre garçon se doute de quelque chose et lui pose des questions. Il resta encore un long moment sur le sol, son portable dans sa main droite par terre et sa main gauche reposant sur ses cuisses, se perdant dans ses pensées. Il était terrifié de l'avenir. Il se releva alors pour aller s'allonger dans son lit, doucement pour ne pas réveiller la douleur dans sa main gauche, mais il ne put réprimer une grimace de souffrance. Il se déshabilla lentement, ne réussissant pas à s'empêcher de sangloter tellement il avait mal, afin de se mettre en pyjama et il se glissa sous les draps de son lit. Il ferma les yeux, son portable à ses côtés, et alors qu'il allait tomber dans un sommeil salvateur, il fut ramené au monde en entendant son portable sonner. Il prit ce dernier un peu à l'aveuglette et déglutit en voyant que c'était Guillaume qui le rappelait. Il avait une boule dans la gorge à cause de ce qu'il venait de se passer et se demandait s'il devait lui répondre. Mais c'était lui qui l'avait appelé à la base alors il le devait.

« Allo... ?

— Ah, Aurél J'ai bien cru que t'allais pas me répondre, dit la voix chaude de Guillaume de l'autre côté du combiné et Aurélien esquissa un petit sourire en entendant celle-ci. Tu m'as bien appelé, non ?

— Je... Oui, mais je n'ai pas fait exprès. Désolé...

— Comment ça ? Ton portable m'a appelé tout seul ? s'étonna Guillaume et il se mordit la lèvre, cherchant un mensonge à lui raconter.

— Oui, je... Je suis... tombé. Et dans ma chute, mon portable a appelé le dernier numéro appelé. Désolé, je n'ai pas cru nécessaire de te rappeler pour te dire que ce n'était rien... Vu que tu n'avais pas répondu la première fois...

— Ah... D'accord... dit Guillaume d'un air hésitant. Mais attend, tu t'es fait mal ?

— Mal ? répéta Aurélien en repensant à ce qu'il venait de se passer avec son père. Pou-Pourquoi tu me demandes ça ?

— Ben... Tu viens de me dire que tu es tombé... Alors j'en déduis que tu as dû te faire mal, expliqua Guillaume et il l'imagina froncer les sourcils.

— Ah, euh... N-Non... Ça va... bredouilla-t-il en baissant les yeux sur sa main gauche qui le lançait affreusement.

— T'es sûr ? T'as une petite voix quand même j'ai l'impression... l'entendit-il lui dire d'une voix inquiète et il se mordit la lèvre de nouveau, embarrassé de lui faire faire du souci pour lui.

— J'ai un peu mal mais rien de grave... Ne t'inquiète pas. On se voit demain ? Au lycée ?

— Oui, bien sûr. À demain, Aurél. Bon appétit.

— Euh... Oui, bon appétit à toi aussi, dit-il en se rappelant que c'était l'heure du repas même si lui son repas, il n'y avait pas le droit. Au revoir, Guillaume.

— Au revoir...! »

Il attendit un instant que Guillaume ne raccroche et lorsque celui-ci le fit enfin, il posa son portable sur sa table de chevet et se recroquevilla de plus belle sous ses draps. Demain, il verrait le plus grand, ils venaient de se le dire. Ce qui le soulageait grandement. Mais demain, il verrait aussi son père. Et cette pensée le terrifiait. Alors c'est avec le cœur lourd qu'il s'endormit, ne sachant pas très bien s'il devait redouter ou être pressé d'être le lendemain matin.

Fiction OrelxGringe - L'autre partie de moi.Where stories live. Discover now