Partie 8 : L'appel.

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Aurélien était dans sa chambre en train de finir une dissertation lorsqu'il entendit son portable vibrer sur sa pile de livres posés sur son bureau. Il posa son stylo et prit son portable dans sa main pour voir qui l'appelait à cette heure-ci avant de voir avec surprise le nom de Guillaume s'afficher sur son écran. Il allait se demander comment il avait eu son numéro avant de se rappeler qu'il lui avait envoyé un bref message à l'église pour lui faire passer à son tour son numéro de portable. Il décrocha pour répondre à l'appel sans plus se poser de questions, se demandant tout de même pourquoi l'autre garçon l'appelait :

« Guillaume ?

— Aurélien, salut ! l'entendit-il s'exclamer de l'autre côté du combiné et un petit sourire s'inscrivît malgré lui sur ses lèvres en entendant son enthousiasme.

— Salut, Guillaume... murmura-t-il en souriant avant de jeter un œil vers la porte de sa chambre. Pourquoi tu m'appelles ?

— Pour te dire qu'elle m'a répondu ! Elle m'a envoyé un sms pour me dire qu'elle était en train de m'écrire une lettre. C'est génial, non ?

— Oui, c'est super. Je suis content pour toi, répondit-il sincèrement.

— Mais je crois que ça veut dire qu'elle veut continuer notre conversation par lettre. Je vais encore avoir besoin de tes services, dit alors Guillaume et il haussa les sourcils, surpris.

— Je croyais que ça devait être qu'une seule lettre...

— Ouais mais je crois qu'elle aime bien, finalement. Oh allez, Aurél... Je te paierai, hein. »

Aurélien ne répondit rien une seconde, se perdant dans ses pensées, avant d'entendre le plus vieux l'appeler, ce qui le fit redescendre sur terre.

« C'est... C'est pas ça, Guillaume. J'ai beaucoup de boulot et... Je suis pas très à l'aise avec le fait d'écrire des lettres à une fille anonymement pour quelqu'un d'autre. Surtout qu'elle a un petit copain...

— Je croyais qu'on s'était mis d'accord sur le fait qu'il ne la méritait pas, le coupa Guillaume et il se mordit la lèvre. Tu ne crois pas qu'elle mérite mieux que lui ?

— Je... ne le connais pas vraiment, Guillaume... balbutia-t-il en essayant de se rappeler des quelques fois où il avait vu le copain de Chloé quand il venait la chercher en cours. Est-ce que... tu penses que tu serais vraiment mieux pour elle ?

— Bien sûr, il n'y a aucun doute là-dessus ! Tu le penses pas, toi ? »

Aurélien entendit son père lui crier de la pièce d'à côté de se ramener pour bouffer et il se mordit fortement la lèvre, son cœur se mettant à battre plus vite dans sa poitrine.

« Je dois y aller, Guillaume. Je te dis ça demain au lycée, d'accord ?

— Hein ? Mais... Attend...

— Je dois vraiment y aller, dit-il en se levant et en retournant les copies de ses dissertations sur le bureau au cas-où son père entrerait dans sa chambre.

— Mais... Est-ce que je lui répond ? À son sms ?

— Non, ne fais rien. Ne fais rien tant qu'on ne s'est pas vu, ok ?

— Ok... » lui répondit Guillaume d'un air hésitant et il attendit une seconde de plus avant de raccrocher.

Il posa son portable sur son bureau et sortit précipitamment de sa chambre, pour rejoindre son père avant qu'il ne se mette en colère.

***

« C'est pas trop tôt ! l'accueilla son père quand il s'assit à table, à côté de lui. Ça fait au moins cinq minutes que je t'appelle ! T'es sourd maintenant ou c'est comment ?

— Désolé papa, s'excusa Aurélien en baissant la tête en direction de son assiette. J'étais au téléphone.

— Au téléphone ? répéta son père avant de froncer les sourcils. Et on peut savoir avec qui ? C'est pas gratuit que je sache les forfaits téléphoniques, hein.

— C'était... Guillaume. Le garçon qui voulait que je lui écrive une lettre pour la fille qu'il aime, expliqua-t-il en relevant timidement le visage pour regarder son père.

— Ah oui, cette histoire ! Et alors ? Tu l'a fait ? demanda son père en se versant un verre de vin et Aurélien hocha la tête en le regardant se servir à boire d'un air abattu. Bien, et qu'est-ce qu'il voulait cette fois ? Une autre lettre ?

— Oui. Que je lui en écrive une deuxième.

— Et bien c'est très bien. S'il te paie autant que la dernière fois, seulement.

— Je ne sais pas si je dois accepter... avoua-t-il en se mordant la lèvre fébrilement, touillant dans son assiette sans manger. Ça me gêne de faire ça. Et contre de l'argent en plus...

— Qu'est-ce que tu me racontes comme connerie encore ?! s'exclama son père. Si ce garçon est assez débile pour te donner du fric pour ça, tu l'acceptes. C'est la vie. Il faut faire de l'argent. Et puis tu sais... Tu coûtes cher, Aurélien. Il faut que tu participes aux frais aussi, si tu ne veux pas arrêter le lycée. »

Aurélien baissa la tête, s'empêchant de rétorquer qu'il participait déjà aux frais et même bien plus que lui. Et que c'était faux, il ne coûtait pratiquement rien à son père, payant de sa poche ce dont il avait besoin, comme son forfait de téléphone.

« Si j'accepte... Cet argent servira bien à payer les frais, n'est-ce pas ? demanda-t-il d'une voix hésitante et il entendit son père reposer son verre à présent vide devant son assiette.

— À quoi d'autre tu veux qu'il serve cet argent ? Qu'est-ce que tu peux être abruti quand tu t'y mets. »

Aurélien baissa les yeux à nouveau, se mordant la lèvre inférieure fortement pour s'empêcher de pleurer. Il avait beau demander, il savait très bien que sitôt il aurait le dos tourné, son père prendrait l'argent qu'il avait ramené pour aller se payer un verre avec ses amis au bistro du bas de la rue. Il se mit alors à manger doucement, sans grand appétit, une grande résignation s'abattant sur lui. Maintenant qu'il en avait parlé à son père, il n'avait plus d'autre choix que d'accepter et continuer à écrire les lettres de Guillaume. Au moins il y en aurait un de content dans cette histoire.

Fiction OrelxGringe - L'autre partie de moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant