❝ LES PÉCHÉS PARLENT, LE MEURTRE CRIE ❠
─ le corps d'une danseuse retrouvé dans sa loge. ce numéro « #2 », à côté, qui laisse imaginer le pire. un mécène coréen décédé. un testament en faveur d'une prostituée. un trafic d'enfants déguisé.
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dieu nous donne la viande, le diable les cuisiniers
Il était une chose de respirer l'odeur putride de la Mort lorsque l'on rentre pour la première fois sur une scène de crime, mais cela en était une autre que de travailler toute une nuit et de sentir le parfum froid et lourd de la Faucheuse s'accrocher à ses vêtements, à ses cheveux, bien après que le cadavre ait été transporté à la morgue. Heureusement que Jeongguk n'était pas présent lorsqu'ils avaient zippé le grand sac noir mortuaire au-dessus du visage blafard de Seokjin, car cela aurait été une vision dont il n'aurait jamais pu s'en défaire.
Yoongi soupira en acceptant le café qu'un bleu était parti lui chercher en bas de la rue, se disant qu'il devrait sûrement repasser par le 36, Quai des Orfèvres, pour prendre une douche avant de rentrer chez lui — Soo-bin n'apprécierait guère le poison amer du trépas parer la fragrance de musc de son père.
Cela faisait des heures qu'ils étaient ici ; la Lune avait depuis longtemps trouvé refuge derrière les rayons pâles et encore matinaux du Soleil, se retrouvant comme deux vieux amis, et la Brigade n'avait eu de cesse que d'éplucher tous les documents qu'ils avaient à leur disposition dans le grand bureau, richement décoré, de la nouvelle victime du tueur à la salamandre. Depuis la découverte de Sanaa du S annonciateur, peint dans l'hémoglobine morbide et illuminé de substance bleue, et depuis leur déduction de la présence certaine d'un élément important de la victimologie du mécène dans cette pièce, ils avaient passé des heures, sans compter, à essayer de comprendre. Comprendre pourquoi il avait été tué. Comprendre pourquoi on s'intéressait à lui au point de vouloir sa perte.
Si la raison de la mort d'Ivanka était sa personnalité, froide, dangereuse et on ne peut plus borderline, la clé de la réponse de l'énigme qui flottait au-dessus de la tête de la victime #2 résidait dans les coulisses de son association.
"Tu m'écoutes ?
Le noiraud cligna des yeux en direction du Lieutenant Kim, claquant ses doigts devant son visage pour attirer son attention. Ses cheveux étaient défaits, et il avait enfilé plus tôt dans la nuit ses lunettes pour vaincre ses yeux secs, le pull froissé et le froncement de sourcil qu'il aurait voulu aplanir du plat du pouce.
La conversation, brève mais intense, qu'ils avaient partagée sur le pas du salon où était mené l'interrogatoire de Jeongguk, avait jeté un froid difficilement camouflable, les deux hommes refusant de répondre aux inquiétudes de leurs subordonnés quant à l'atmosphère sèche affectant leur dynamique. Mais s'il y avait bien quelque chose qu'ils étaient, c'étaient des professionnels ; et avec l'horreur de la scène dans la bibliothèque, encore profondément encré dans leur mémoire, et cette nécessité absolue et encore plus précipitante de retrouver celui qui était derrière tout cela, ils avaient tous deux volontiers plongé la tête la première dans le travail, y trouvant un maigre refuge et excuse pour éviter de croiser leurs regards.
