(𝟎𝟏𝟓) : Uomo Femina

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de l'eau pour les tigres 




L'Homme réalise à quel point il est fatigué lorsqu'il est prêt à perdre pied. Et Yoongi n'en était pas l'exception. 

Il était habitué, à ce rythme effréné, à la Mort qui marque la cadence par des notes dures et sèches, ces crissements stridents des violons annonçant les corbeaux et les tombes, impitoyables cadavres qui dodelinent au bout des partitions. Il y était habitué, mais Ivanka, la découverte du club Ladit delectatio, la vantardise de Simon, les confessions de Venise, l'attrait indéniable pour Namjoon, le comportement étrange de Jimin, Seokjin, l'association qui camouflait un trafic d'êtres humains à l'échelle internationale, et pour finir, Soo-bin qui s'était cassé le bras... Cela en était trop. Trop pour si peu de temps. 

Le loup qu'il était avait besoin de repos, d'être auprès des siens, comme un guerrier qui rentre du champ de bataille — même s'il savait parfaitement que le pire n'était pas derrière eux. Les nuages sombres étaient devant eux, au bout de l'horizon. Ils n'avaient que déterré la partie visible du cercueil, n'avaient pas encore ouvert le sarcophage pour contempler l'immensité de la barbarie humaine, n'avaient pas — non. 

Il ne devait pas penser à cela. 

Hoseok lui avait accordé une journée sans grand mal, et c'était dans ces instants, où Yoongi se prélassait au lit avec son fils endormi à ses côtés, qu'il réalisait ô combien il était fatigué. Les nerfs qui figeaient ses épaules et qui le faisaient hisser d'inconfort quand il s'allongeait. Les cernes violacées que lui rendait son reflet dans le miroir. Le tictac de l'horloge était presque assourdissant, les vibrations de son téléphone étaient grotesques, même de là où il l'avait laissé dans le salon, les questions se pressaient plus que jamais contre son esprit en quête de réponse, mais il ne devait pas penser à cela, aussi difficile que cela était. 

Le jeune homme avait appelé l'école pour leur indiquer que Soo-bin ne viendrait pas ce jour-là, pas après sa blessure et les émotions que cela avait entraîné — alors ils s'étaient réveillés tard, avaient fait des burgers maison, avaient dessiné et s'étaient promenés prendre un peu de soleil, profitant des derniers rayons avant que la grisaille n'engloutisse définitivement la capitale. Des choses futiles, en réalité ; était-ce pour Soo-bin qu'il faisait tout cela, pour lui ôter la douleur de son esprit, ou était-ce davantage pour lui-même ? Le clapotis des fontaines ne masquait en rien les derniers cris des victimes qu'il avait encore l'impression d'entendre, les feuilles rougissantes n'avaient réussi à le divertir de ses visions horrifiques, mais... mais c'était déjà cela. Se rappeler de temps en temps que la vie n'était pas faite uniquement d'hémoglobine au goût d'antiseptique de la morgue. 

─ 鲵 𝙎 𝘾𝙊𝙈𝙈𝙀 𝙎𝘼𝙇𝘼𝙈𝘼𝙉𝘿𝙍𝙀 : 𝙔𝙊𝙊𝙉𝙂𝙄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant