La Bulle [Felix FF]

Chapitre 4: Felix

Felix tourna à gauche et se dirigea vers le quartier nord-ouest, il marcha en examinant les autres passants, le premier qu'il croisa fut un homme en costume violet, si Felix se souvenait bien cela voulait dire qu'il était née en 2036, il devait donc avoir 39 ans ? Ensuite il croisa une femme plutôt âgée en uniforme noir, signe qu'elle était née avant 2025, avant la création de la Bulle. D'ailleurs, cet uniforme était l'un des seuls moyens de savoir qu'elle était âgée, en effet, dans la Bulle, les signes de vieillissement tel que les rides sont systématiquement effacé grâce à la chirurgie, le but étant de faire oublier aux citoyens l'existence de la mort, car c'était bien cela l'objectif final de la Bulle, maintenir ses habitants dans une peur constante de la mort. Il y avait également un autre élément qui permettait à Felix de savoir que cette femme avait connu le monde d'avant, son masque. Les gens ayant connu les grandes pandémies de 2020-2025 on gardés l'habitude de porter un masques dès qu'ils sortent de chez eux. Ensuite il croisa une mère de famille accompagnée d'une petite fille en uniforme jaune, 2061. Quand elles passèrent à sa hauteur la petite fille le regarda bizarrement :

« Maman ! Le garçon il a des yeux bizarre ! »

Elle n'avait probablement jamais vu de sa vie, pas même en photo, une personne avec un physique d'Asie de l'Est, comment lui en vouloir pour sa réaction ? Felix lui sourit et continua sa route, laissant la mère lui expliquer.

Felix continua sa route et arriva devant un grand bâtiment gris clair sur lequel il était écrit en lettres d'argents sur la façade : « À tout les enfants nés dans des familles indignes d'eux, BONHEUR, SANTÉ ET UNIFORMITÉ ». Felix soupira et poussa le grand portail en acier, pénétrant dans l'enceinte du foyer pour enfants sans familles.

Parfois il essayait de chercher au plus profond de sa mémoire, pour retrouver des souvenirs de sa famille, comment était-ils ? L'aimait-ils ? Était-ils mort ou l'avaient-il simplement abandonné ? Les seuls informations qu'il avait étaient les informations que le refuge était autorisé à lui donner, donc uniquement des informations négatives, afin qu'il n'éprouve aucun regret, et qu'il ne cherche pas à allé voir plus loin. Tout ce qu'il savait c'est que ses parents avaient déménagés de l'Australie vers la France en 2019, que sa famille était d'origine coréenne, et qu'ils avaient intégré la Bulle dès sa création mais qu'ils n'avaient pas réussi à s'adapter à leur nouveau mode de vie, ils avaient même caché leur fils pendant les premières années de sa vie, pour pouvoir l'éduquer de manière « traditionnelle » et non selon les principes de la Bulle. Ainsi, il avait vécu les quatre première années de sa vie sans sortir l'enceinte du quartier résidentiel, afin d'éviter les soupçons, et il avait raté son entrée en maternelle, si bien qu'il avait un an de retard par rapport aux autres enfants. C'était d'ailleurs le seul élève de sa classe à porter un uniforme vert, Felix était né en 2050, le 15 septembre très exactement. Ce retard cumulé à ses origines étrangères l'avaient toujours handicapé dans ses relations avec ses camarades.

Il traversa la cour pavée et ouvrit la grande porte en faux-bois menant dans un grand hall d'entrée surmonté d'un plafond de verre qui baignait la pièce d'une lumière chaude et agréable. Felix s'avança vers l'ascenseur et monta jusqu'à l'étage numéro 8 où se trouvait sa chambre. Il s'avança dans le long couloir peint en vert, comme les vêtements des enfants qui y vivaient, selon la logique du mode de vie de la Bulle, qui disait que les enfants ne devaient côtoyer que des gens du même âge qu'eux. Il se dirigea jusqu'au bout du couloir et s'arrêta devant la chambre 206, sa chambre. Il poussa la porte et entra dans la chambre peinte en vert clair, il balança son sac contre le pied de son lit et s'allongea dessus en fixant le plafond.

Toutes les chambres du refuges étaient composés de la même manière. En entrant on trouvait à droite un lit plutôt large recouvert d'un drap blanc et d'une couverture de la couleur de l'étage, donc vert pour Felix. Au bout du lit se trouvait un canapé et une petite table respectivement vert et couleur bois. En face on trouvait l'écran, aussi grand que ceux des maisons et appartements individuels, et ceux pour chaque chambre. À gauche de la porte se tenait une petite salle de bain isolé du reste de la pièce par une cloison. À l'intérieur on trouvait une douche ou une baignoire, selon les préférences du résident, sachant que la résidence possédait des bains publics ainsi qu'une piscine privé au rez de chaussé. On trouvait également un grand lavabo et un grand miroir ainsi qu'un placard spacieux pour les vêtements et les effets personnels et des toilettes. Le refuge offrait un cadre de vie idéal pour deux raisons, tout d'abord, c'était le mode de vie de la Bulle, le bonheur et la santé, impossible l'un sans l'autre selon le gouvernement, et il fallait également que les orphelins ne se sentent pas lésés par rapport aux autres enfants, afin qu'ils restent heureux et qu'ils ne regrettent pas de ne plus avoir de famille. Car dans la Bulle, deux choses étaient OBLIGATOIRE, le bonheur et la santé, afin d'obtenir l'uniformité divinisée par le gouvernement, bonheur, santé et uniformité.

Quand l'appel du dîner retentit à 19h 30 tout les enfants de la résidence sortir en trombe de leurs chambres et se dirigèrent vers le réfectoire. Felix fut rapidement rejoint par Lucas, la personne avec qui il avait l'habitude de passer ses temps libre en ce moment. Les deux garçons rejoignirent les autres 2051 à leur table et tous se mirent à discuter joyeusement en attendant la nourriture. En face de Felix se trouvait Sandra, elle était là depuis un mois, elle venait de l'extérieur, cela se voyait à son uniforme blanc, elle faisait parti des rares jeunes à réussirent les concours d'entrée très difficiles de la Bulle. À sa gauche se trouvait son « ami » Lucas, il était là car ses parents avaient été expulsé cinq ans auparavant pour « conduite inapproprié », cela pouvait aller d'une faute grave comme le meurtre jusqu'à un délit mineure mais contraire aux principes de la Bulle comme la consommation d'alcool ou de tabac. À sa droite se trouvait Clara, elle était là car sa mère était morte d'un cancers mal soigné et que la Bulle interdisait les familles monoparentales, considérées comme néfastes pour l'enfant, elle n'avait pas vu son père depuis ses 9 ans. À l'autre bout de la table se distinguait un autre uniforme blanc, Louis, le garçon de la classe de Felix et Julia. Ils étaient globalement tous satisfait de leur sort grâce à leur nouveau cadre de vie, du moins en apparence.

Felix se demanda si lui il était satisfait de son sort, il supposait que oui, puisque c'était le cas de tout le monde de toute évidence, pourquoi serait-il le seul à ne pas l'être ?

D'autant plus qu'être élevé dans un refuge était considéré comme une chance, la Bulle travaillait même sur un modèle de société rendant inutile la vie de famille et permettant à tous de grandir ainsi. C'était malheureusement impossible pour le moment, faute de budget.

À la fin du repas Felix et Lucas rejoignirent leur étage ensemble, Felix était absent, comme souvent depuis quelques temps il se posait une question, était-il heureux ?

Il dit au revoir à Lucas qui habitait le chambre 195 et rejoignit sa propre chambre, tout les enfants habitaient seuls afin de ne pas développer des liens trop importants les uns avec les autres.

Ne sachant pas trop quoi faire Felix alluma l'écran et se mit à regarder un film, il parlait d'une jeune fille qui accomplissait courageusement le devoir que la Bulle lui avait attribué : médecin, elle combattait courageusement le plus grand ennemi de la Bulle après le monde extérieur : la mort.

Felix regarda autour de lui, son propre écran personnel, sa grande chambre, son absence de parents et de sentiment encombrant qui allait avec, son sac duquel dépassait sa dernière note, plutôt bonne malgré son attention plus que moyenne en classe...

Oui, il était heureux, de toute façon c'était forcément le cas, c'était interdit de ne pas l'être.