🏀 Chapitre 28 🏀

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Coach: bien les filles. Avant de commencer l'entraînement, nous allons reparler du match de l'interlycee.

Toutes les têtes se baissent dont, et surtout, la mienne suivie par la même occasion d'un immense silence. Je ferme les yeux quelques secondes pour éviter que les larmes ne coulent mais ce sont les images des dernières minutes qui me viennent puis la soirée qui a suivie. Je me revois attendant que le ballon finisse sa courbe, le temps qui s'arrête, les autres joueuses qui attendent avec du stress puis le ballon qui rebondit sur l'arceau et tombe sur le terrain. Je revois nos adversaires sauter de joie et les larmes de déception de mes coéquipieres sans oublier, évidemment, les miennes. Ma soirée a aussi été plus qu'horrible ponctuée de déception, de colère envers moi-même pour quelque chose que je maîtrise habituellement et une tristesse immense qui n'est toujours pas partie. C'est de ma faute si on a perdu et ce n'est pas les mots de ma mère, de mon copain ou de mon frère, qui a aussi perdu de son côté, qui vont me soulager. Rien ne peut changer ça... J'ouvre de nouveau les yeux et regarde le sol devant moi la gorge serrée.

Coach: les filles, ne me faites pas cette tête là s'il vous plaît. Vous voulez que je vous dise, depuis que j'ai commencé ici et ça fait seulement 2 ans, vous ne m'avez jamais offert un aussi beau match. Vous vous êtes données à fond du début à la fin, vous n'avez rien lâché et surtout vous avez fait de nombreuses choses magnifiques. Alors oui il y a aussi eu des erreurs, ça serait mentir que dire le contraire, mais croyez moi ce ne sont que des choses qui se travaillent. Le stage est dans quelques jours donc nous allons travailler ça énormément et vous serez bien meilleures pour la winter cup.

Personne ne répond à cette remarque qui se veut plus qu'encourageante mais le cœur est loin d'y être. J'entends notre coach et prof soupirer avant de s'asseoir devant nous. Certaines têtes se relèvent, surprises par ce geste inhabituel. Je dois dire que la curiosité l'emporte aussi me concernant.

Coach: est-ce que je vous ai déjà parlé de mon passé ?

Adoya: pas dans mes souvenirs.

Coach: c'est ce que je pensais. J'évite de le crier sur tous les toits mais je pense que vous méritez d'être au courant. C'est la moindre des choses.

Les dernières têtes réticentes se lèvent pour écouter ce que notre prof a à nous révéler. En y repensant bien, on ne connaît pas grand chose d'elle. Elle est toujours discrète sur sa vie privée, ce qui en soit est normal, donc elle risque de nous dire quelque chose de très intéressant.

Coach: est-ce que vous connaissez Ikune Satoshi, Shun et Takeshi ?

Je fronce les sourcils pour chercher dans ma mémoire ce que représentent ces noms mais étrangement je n'arrive pas à trouver, je sais qu'ils me disent quelque chose mais impossible de trouver.

Shinki: ce sont des joueurs de l'équipe national et le coach de celle féminine qui était aussi dans l'équipe national il y a quelques années.

Coach: exact et bien ces trois hommes sont respectivement mon père et mes deux frères aînés.

Renko: sérieux ? Mais c'est trop cool !

La coach nous offre un immense sourire sans aucun doute heureuse de sa famille et de ce qu'elle représente pour elle. Étrangement un petit sourire me gagne aussi, m'apaisant un peu.

Coach: oui j'ai la chance d'avoir une famille incroyable sur tous les points et compréhensive. Pour revenir à mon histoire, il faut savoir que le basket a une place importante dans notre vie familiale comme vous vous en doutez. Dès le plus jeune âge notre père nous a appris à jouer dans le but de faire de nous des pros. Mes frères ont réussi sans trop forcer mais pour ma part ça été plus compliqué. Toute ma scolarité j'ai été dans des établissements où la victoire était importante. Le collège a été l'un de meilleurs moments de ma vie, une excellente équipe avec des filles aux capacités incroyables et une ambiance similaire à la vôtre. Au lycée, les choses se sont corsés. Le coach ne voulait de nous que la victoire et ce au détriment de l'esprit d'équipe, de la joie après un match et surtout de notre santé. Cet acharnement m'a d'ailleurs valu une blessure qui m'a fait perdre une grande partie de mes capacités et par la même occasion mon rêve de professionalisation. Mais ce qui a été le plus dur c'était surtout l'indifférence de l'entraîneur, j'ai même failli arrêter le basket par la suite mais la passion était trop grande et mes années universitaires ont elles aussi été incroyables. Malgré ça, je devais trouver un métier car il était clair je ne pourrais pas faire carrière et c'est là que mon père est entré en jeu une nouvelle fois. Il m'a fait comprendre que le basket ne se résumait pas aux joueurs, il y avait aussi tous les acteurs de l'ombre: médecin, kine, manager et surtout coach et entraîneur, ce sont ces derniers qui font ce que les pros sont. Il m'a aussi fait comprendre que je pouvais faire en sorte que ce qui m'est arrivé n'arrive pas de nouveau pour d'autres filles. C'est à ce moment là que j'ai décidé de faire ce job tout en mêlant le métier de prof pour avoir un salaire un peu plus conséquent et je peux vous assurer que je ne regrette pas du tout mon choix. Certes ça ne fait que quelques années mais je n' ai pour le moment que de bons souvenirs. Bref, tout ça pour vous dire que l'on peut subir une défaite, une blessure physique ou morale, ça arrive et personne ne pourra critiquer cela, mais le plus important c'est de se relever et rebondir. J'ai réussi à trouver ma voie et je sais que vous aussi vous allez vous rendre compte que vous êtes incroyables et pleines de ressources. Qui sait peut être que j'arriverai à faire de vous de futures pros, ça serait l'apogée de ma carrière !

L'as et sa reine (l'as et l'étrangère 2)Where stories live. Discover now