Un premier décembre

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Ladies and gentlemen ! Moi, agaroche, a eu la chance de la roulette de mon côté et inaugurera ce calendrier de l'avent ! Yay!

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Tsujimura marchait tranquillement dans les rues de Yokohama. Le pas léger, les bras chargés de sacs remplis à ras bord, un sourire heureux flottant sur ses lèvres, elle effectuait ses achats annuels. Comme chaque premier décembre depuis ses premiers pas, elle partait faire les courses de noël, évitant ainsi le rush des foules. Ses boucles turquoises rebondissaient à chacun de ses pas, ses lunettes de soleil cachaient son regard malicieux. Tsujimura était heureuse.

Sa démarche joyeuse fut cependant rapidement interrompue quand elle entendit une voix d'homme appelant à l'aide. Ni une ni deux, elle chercha la source de l'appel et se retrouva à l'entrée d'une ruelle. Ce qu'elle vit la rendit abasourdie. Un homme pendait, accroché visiblement par le haut de son manteau à une cage d'escalier. Il devait être à un bon mètre du sol et ne semblait pas plus surpris de sa position que cela. Il rayonna quand il la vit.

"Mademoiselle ! Vous ne pouviez pas mieux tomber ! Auriez-vous l'amabilité de me tirer d'affaires ?

- Comment êtes-vous arrivé là-haut ? Demanda-t-elle en s'approchant.

- Il se trouve que j'ai essayé de sauter de ce toit et que ma chute, au lieu de finir sur le doux sol bétonné, a été interrompue par cette cage d'escalier. Ou plus précisément, cet élément, il fit un vague signe de la main vers le haut de son manteau, défectueux et qui a ralenti, sinon complètement arrêté, ma chute tant attendue."

Tsujimura ajusta ses lunettes de soleil et leva les yeux, devinant le toit du bâtiment. Il se situait à une dizaine d'étages : pas assez haut pour qu'il y ait une sécurité accrue pour l'accès au toit ou des garde-corps en grillage, mais pas assez bas pour qu'il s'en sorte avec un corps brisé s'il échouait. Un rire joyeux s'échappa de l'inconnu en la voyant si confuse. Soudain, l'homme leva les bras, se laissa glisser hors de son imperméable pour s'agenouiller avec fluidité devant elle, prenant l'une de ses mains gantées.

"Je n'avais pas vraiment vu, mais vous êtes l'une des plus belles femmes que j'ai rencontré ! Il s'exclama. Vos yeux sont des perles encore plus belles que celles des coquillages, la mer est un voile ténébreux face à vos cheveux et votre peau nacrée mettrait dans la honte n'importe quelle sirène."

Sur ces mots, il se pencha et pressa un bref baiser avant de relever la tête et de la regarder avec une passion presque amoureuse.

"Accepteriez-vous d'accomplir le plus doux acte avec moi ? Notre suicide..."

Elle retira sa main et recula brusquement, remise de sa confusion. Elle le regarda de haut en bas, l'analysant. Des cheveux bruns touffus, des yeux bruns miel mais, le plus marquant de tout, furent des bandages sur son cou et ses bras, cachés derrière les couches de vêtements, signalant qu'il n'en était pas à sa première tentative avortée. Elle le reconnut tout de suite.

"Je suis désolé de vous décevoir, Dazai Osamu, mais je dois décliner. Mon travail et ma vie sont plus important qu'un suicide en couple."

Le brun soupira et se releva, retirant son masque d'éperdu amoureux et dévoilant au grand jour son regard sans âme, son aura froide et un visage impassible. Il la détailla, lui aussi, de haut en bas, alors qu'un bourdonnement de compréhension s'échappait de lui. Elle frissonna, se souvenant brusquement du dossier qu'elle avait lu il y a quelques temps déjà, détaillant tous ses crimes reconnus et suspectés. La ruelle lui parut bien froide et l'avenue, remplie de passants, une protection nécessaire.

"Etes-vous croyante, mademoiselle Tsujimura ?

- Pas tellement. Je passe de temps en temps au temple de mon quartier mais...

- Je vois, vous imitez les occidentaux.

- Comme beaucoup de monde je parie."

Il fredonna à nouveau et se pencha vers elle. Tsujimura recula d'un pas, réfléchissant activement à un moyen de fuite. Elle se souvenait parfaitement des conseils que son supérieur avait donné à propos de l'ancien mafioso à ses collègues et elle. Ce conseil se résumait bien vite : si vous rencontrez Dazai Osamu, ne cherchez pas à discuter avec lui car vous aurez déjà perdu. Tsujimura serra les dents, se rendant compte qu'effectivement, elle semblait déjà avoir perdu le jeu alors qu'elle n'avait pas accepté de participer. Un sourire félin se dessina sur les lèvres du criminel, le regard dangereux.

"Je suppose qu'Ango t'a déjà parlé de mes prouesses. Je comprends que tu veuilles me fuir, c'est tout simplement naturel. Il t'a bien appris. Juste une dernière chose avant que tu ne t'en ailles."

Elle avala doucement sa salive. Hocha une fois de la tête. Serra ses mains, sentant les gants en cuir frotter entre eux.

Dazai se releva et partit sous son manteau. Il leva un bras, attrapa un morceau de tissu et lui donna un sursaut, libérant l'imperméable qui retomba gracieusement dans ses bras. Il l'enfila, marcha vers elle et s'arrêta à son niveau, ne la regardant pas.

"J'espère, pour ta santé, que tu as oublié la capacité de Chuuya.

- Je...

- Tu as vu aux premières loges les dégâts qu'il peut causer... Pense à ton travail."

Sur la menace, il partit. Elle se retourna et eut le temps de le voir faire un geste de la main, ne se retournant pas et disparaissant dans la foule.

"Et passe un joyeux noël !"

Tsujimura était heureuse. Elle avait effectué ses achats de Noël annuels mais si elle avait décidé de rentrer tôt dans l'après midi, c'était à cause du vent froid la faisant frissonner et le ciel nuageux qui lui faisait craindre l'apparition de la pluie. Et non la rencontre qu'elle avait eu avec un ancien exécutif de la mafia portuaire.

FSA's Christmas Calendar IITempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang