4 - Livres en pagaille

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Hey hey hey! Ici Lily en ce quatrième jour uwu (un jour je respecterai mes objectifs de 500 mots et pourraient ainsi faire deux textes au lieu d'un seul)(et je trouverai des titres corrects)

Bonne lecture~

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À travers la fenêtre de la bibliothèque, on apercevait la neige qui tombait lentement, délicatement sur le sol, le recouvrant d'une poudreuse immaculée, donnant l'impression que les rues et les toits étaient couverts de sucre glace.

On distinguait également, si on tendait l'oreille, une joyeuse comptine de Noël que diffusait le marchand de jouets dans la rue en face, venant tout juste d'ouvrir. La nuit ne s'était pas encore totalement relevée, les lampadaires donnaient une allure spectrale à l'écran blanc et cotonneux des flocons, et les guirlandes lumineuses qui avaient déjà été accrochées coloraient légèrement le tout de rouge, de vert et d'or.

Louisa aimait particulièrement cette période festive, même si, cette fois, elle était plutôt douloureuse. Elle la passait avec toute sa famille en temps normal, et elle en gardait encore des souvenirs tendres et chaleureux.

Seulement, cette année, elle la passait loin de chez elle et, de surcroît, à travailler. La Guilde avait été démantelée, puis était revenue de ses cendres tel un phénix, mais, à l'heure actuelle, ce n'était encore qu'un oisillon qu'il fallait protéger et faire grandir.

Elle resta quelques secondes, qui s'étirèrent en minutes, à contempler cette sublime vision, voulant s'en emplir les yeux avant de retourner s'enfermer dans son bureau. La ville s'éveillait tout doucement, et seuls quelques courageux étaient de sortie, emmitouflés dans leurs écharpes et leurs bonnets, les mains rentrées dans les poches et un souffle blanchâtre s'échappant de leurs lèvres.

Il neigeait rarement par chez elle, aussi n'était-elle pas vraiment habituée au froid, mais quand elle venait chercher de la documentation à la bibliothèque, c'était toujours à la première heure. Elle n'aimait pas particulièrement les bains de foule.

Elle se disait qu'elle devait donc ressembler à un esquimau, avec son gros bonnet, ses deux écharpes, son épais gilet de laine tricoté main par sa grand-mère par-dessus deux autres gilets plus fins et surmonté d'un manteau long, mais elle s'en fichait. Cela la gênait juste plus que d'habitude, avec sa pile d'une quinzaine de livres en équilibre précaire dans ses bras.

Son regard accrocha à l'extérieur une horloge, et elle se rendit compte avec effroi que cela faisait déjà un bon quart d'heure qu'elle restait stationnée à cette fenêtre, que le jour était donc presque levé et que la foule venue acheter ses cadeaux de Noël n'allait pas tarder à débarquer.

Elle se fustigea intérieurement et se dirigea d'un pas rapide vers la sortie, mais le livre du dessus de sa pile commença à osciller et, tentant de le rattraper, elle ne vit pas l'enfant qui courrait dans sa direction et la percuta de plein fouet, envoyant tous les bouquins se disperser au sol.

La jeune fille qui l'avait bousculée s'inclina tout en se confondant en excuse. Elle avait une tenue assez étrange : un kimono rouge et or assez élégant, mais avec des sandalettes et, en guise de pendentif, un téléphone portable à clapet avec un petit lapin accroché dessus. Elle ne devait pas dépasser les quatorze ans.

Louisa la reconnut presque aussitôt pour l'avoir déjà rencontrée, et vue sur les caméras de surveillance, par la suite, de son supérieur. Il s'agissait de Kyôka Izumi, la dernière recrue des détectives armés. La jeune femme blêmit, car en tant que stratège, elle savait que cette enfant ne faisait pas dans la dentelle, malgré son apparence inoffensive.

Heureusement, elle déposa simplement la pile qu'elle avait ramassé dans les bras de l'américaine, avant de s'excuser une dernière fois et de reprendre son chemin. Louisa souffla, l'espace d'un instant elle avait craint pour sa vie.

Elle continua son chemin jusqu'à la porte, quand soudain quelqu'un l'interpella.

« Attendez ! la héla la jeune fille, qui revenait en courant sur ses pas. La lettre que je dois remettre à quelqu'un... Je crois qu'elle est restée entre deux livres » expliqua-t-elle une fois arrivée à sa hauteur.

Louisa paniqua tellement qu'elle en lâcha tous ses livres, qui s'écrasèrent encore une fois au sol. Elle allait se faire houspiller par les bibliothécaires pour dégradation, si toutefois elle s'en tirait en vie.

Elle aurait bien pris ses jambes à son cou, mais elle n'était pas une grande athlète et l'autre était plus rapide qu'elle. Kyôka, voyant que sa lettre était effectivement au milieu des ouvrages, s'accroupit pour la prendre, et s'apprêtait à remercier la jeune femme pour l'avoir aidée – même si c'était une manière bien étrange de retrouver une lettre perdue- quand elle releva la tête et vit qu'elle était toute tremblante.

Elle pencha la tête de côté, interrogative, avant d'enfin la reconnaître.

« Vous. » dit-elle sur le ton de la constatation.

Louisa aurait aimé se cacher dans un trou de souris : elle sentait que son heure était venue. Quand la petite fille fit la chose à laquelle elle s'attendait le moins. Elle s'inclina de nouveau, en la remerciant cette fois, d'un ton haché, presque militaire :

« Merci pour votre aide dans l'affaire Canibalisme. Sans votre soutien et celui de M. Fitzgerald, cela aurait pu finir en bain de sang. »

Elle resta quelques secondes dans cette position, puis ramassa tous les livres au sol -Louisa ne l'aida pas, trop hébétée- et les lui remit dans les bras.

« Passez de bonne fêtes » dit la jeune détective en s'inclinant une dernière fois sur un ton détaché, avant de détourner les talons et reprendre sa course en serrant sa lettre contre la poitrine, comme aillant peur de la laisser à nouveau derrière elle.

Les lunettes de Louisa étaient désormais de travers tant elle avait dû écarquiller les yeux, et elle tenta comme elle put de les remettre correctement, les bras chargés et emmitouflée comme elle était.

Elle reprit son chemin, encore surprise par cette étrange rencontre. Avait-elle été épargnée grâce à la magie de Noël, ou avait-elle rêvé tout du long ?

FSA's Christmas Calendar IIWhere stories live. Discover now