Chapitre 22 - Dans l'erreur

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Assise sur la banquette de la calèche, je tentai de me concentrer sur les sabots des chevaux qui tiraient la voiture, pour oublier ne serait-ce qu'une seule seconde qu'Eren se trouvait en face de moi, en ce moment même. Ce dernier regardait par la fenêtre, lui aussi, et demeurait immobile depuis le début du trajet. Le silence était des plus totaux. J'aurais pu ouvrir la bouche, mais cela n'aurait été que pour me plaindre, et j'étais presque certaine qu'il n'était pas d'humeur à entendre ce genre de choses. Alors, je restai les lèvres pincées, et mes bras entourant mes jambes repliées contre ma poitrine.

J'ignorais les intentions d'Eren, mais quelles qu'elles pouvaient être, je les redoutais. Après ce qu'il venait de ce passer dans le restaurant de Nicolo, j'avais pu aisément tirer la conclusion suivante : Eren n'était pas une personne stable. Et le fait de me retrouver seulement avec lui, dans un endroit si étroit, me rendait nerveuse. Et j'avais beau essayer de penser à autre chose de toutes mes forces, les faits étaient là, et cela n'allait pas faire bouger Eren de la place où il se tenait.

Mes yeux se posèrent discrètement sur l'Eldien. Encore une fois, malgré ma conscience qui me hurlait de le haïr, j'étais incontestablement attirée par lui. Il avait décimé ma ville natale, probablement tué ma famille, il s'était évadé de sa prison pour atteindre un objectif qui nous dépassait complètement et avait humilié deux de ses plus précieux amis, et pour autant je n'ai jamais réussi à me détacher de cette attirance pour lui. Et bien sûr, me retrouver confinée dans une calèche ne me facilitait que très peu la tâche.

Ses yeux rencontrèrent les miens, je détournai le regard aussitôt. Il m'avait forcément vue. Je me sentis rougir vivement. Nous étions en pleine guerre, des centaines de victimes tombaient autour de nous, des milliards de personnes étaient menacées d'extinction, mais j'agissais toujours malgré tout comme une gamine. La calèche s'arrêta.

"Sors."

Sa voix autoritaire me tétanisa, mais je fis l'effort de lui obéir pour ne pas subir un quelconque potentiel acte de violence. J'ouvris la porte et descendis maladroitement de la voiture, regardant autour de moi. Eren sortit plus calmement et d'une démarche nonchalante, comme si aucun des derniers évènements ne s'étaient passés.

"Suis-moi."

Je lui emboîtai le pas sans rien dire. L'ambiance qui s'était installée entre nous n'était ni agréable, ni oppressante. Je ne savais pas quoi en penser. Le jeune homme fut accueilli par des soldats et entra dans une grande bâtisse, moi le suivant de très près. Nous passâmes dans plusieurs couloirs, et au bout d'un certain moment il entra dans une pièce.

"Ferme derrière toi."

J'hésitai à entrer. Avant, je jetai un œil dans le couloir, désormais vide. J'avais envisagé de revenir sur mes pas, mais nous étions passés par tellement d'endroits que j'étais sûre de me perdre.

"Tu ne pourras pas partir. Je m'en suis assuré."

Il est malin. Très malin.

Je me résignai et fermai la porte en soupirant, contrariée. Eren s'assit sur le rebord d'une fenêtre et regarda au-dehors. Pour ma part, je trouvai un coin de la salle me semblant très confortable et partis m'y recroqueviller.

"Où sont les autres ?" demandai-je finalement.

"Dans une cellule, en bas."

Je ne savais pas pourquoi j'étais là. Je ne comprenais pas pourquoi j'étais la seule qu'il voulait garder avec lui. Parce que j'étais Mahr ? Non, me garder dans une cellule en serait revenu au même.

"Pourquoi ne suis-je pas avec eux alors ?"

"Arrête de poser des questions, tu veux ?"

Sa réponse évasive m'agaça. J'en avais une tonne, de questions, et je n'avais aucune réponse.

Deux mondes {ErenxOc}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant