Deux mondes {ErenxOc}

Chapitre 32 - La bataille du port d'Heazul

Armin m'avait demandé de rester auprès de Jean et Hansi. Le maréchal avait décidé de nous suivre aussi, tandis que Mikasa s'occupait de libérer les Azumabito, détenus dans le bâtiment principal. Armin et Conny allaient gérer la mise en marche de l'hydravion (si le plan ne tombait pas à l'eau au dernier moment). Et pour la première depuis un long moment déjà, ma nervosité et mon appréhension se transformaient en terreur. Pas la terreur de mourir, mais la terreur d'échouer. La terreur de perdre, autant sur le plan militaire que sur le plan relationnel. Je m'étais déjà trop attachée à toutes les personnes qui m'entouraient en ce moment, et m'imaginer les voir mourir sous mes yeux m'était tout bonnement impensable.

"Anthea ?"

Jean me fit presque sursauter en m'appelant, d'ailleurs il le remarqua et fronça les sourcils lorsque mon regard croisa le sien.

"Tu peux encore faire demi-tour."

Il avait presque le même discours que Reiner. Et en ce moment, ça m'attendrissait, autant que ça m'agaçait.

"Je refuse. Je reste avec vous."

"Ne restons pas plantés là. On est à découvert." ordonna Hansi en nous entraînant dans un coin isolé de l'immense bâtisse.

Je me collai contre un mur et soupirai. La panique montait, palier par palier, et ma respiration se faisait beaucoup plus saccadée. Jean me fixait, insistant, attendant de voir comment mon état allait évoluer. Pour me calmer, j'ouvris la bouche et pris une grande inspiration avant de chuchoter.

"Jean ?"

Il se redressa, me montrant qu'il était à mon écoute.

"Est-ce que toi aussi, avant de partir en mission, tu as peur ?"

Il leva les yeux vers le plafond en posant l'arrière de son crâne contre le mur, semblant réfléchir à comment formuler sa réponse.

"Ben, ouais. Mais j'ai pris conscience que c'était normal, et qu'on doit tous faire avec."

"Et ça n'a... ça n'a jamais diminué, au fil des années ?"

"Tu penses vraiment que même après des années d'expérience, on est à l'abri ? La peur nous ronge tous, constamment. On a juste appris à la gérer."

"Comment gérer sa peur ? Comment la combattre dans ces cas-là ?" demandai-je, m'agitant de plus en plus.

"Gérer et combattre sont des choses bien différentes, parla alors Hansi, à côté de moi. On ne combat pas notre peur. C'est impossible de le faire avec ce qu'on vit."

"Pour ce qui est de la gérer, on fait ce qu'on peut. Et puis honnêtement, on t'en voudra pas de flipper dans ces conditions." continua Jean en passant sa main derrière sa nuque.

"Tant que tu ne couines pas recroquevillée en boule dans un coin en attendant désespérément que quelqu'un vienne te sauver, t'as le droit d'avoir peur."

Je levai les yeux vers le major et souris. J'étais rassurée de la savoir avec nous. Je soufflai profondément et fermai les yeux pour me calmer une bonne fois pour toute. De toute manière, si j'échouais, quelle serait la finalité ? Je mourrais, et c'est tout. Ce n'était pas comme si je n'y étais pas préparée.

Du grabuge se fit entendre plus loin, ce qui fit réagir Hansi.

"On bouge ! Il faut retrouver les Azumabito et les mettre en sécurité ! Mikasa se charge de les guider jusqu'à nous !"

Je restai très proche de Jean, en entendant des bruits de pas et des cris dans les escaliers. Une voix, que je ne connaissais que trop bien, hurla au dehors.