Deux mondes {ErenxOc}

Chapitre 28 - Règlements de compte

Le silence était de la partie. Ma jambe droite tremblait nerveusement, je tentai de la contrôler au maximum. Nous nous étions tous assis en cercle et mangions, chacun de nous la tête dans notre bol, et seuls les deux enfants avalaient leur ragoût avec appétit. J'étais placée entre Hansi et Jean, et même si le major avait une influence très positive sur moi, les traits tirés de Jean ne faisaient que me raidir un peu plus, moi aussi.

"Même avec des chevaux frais, il nous faudra au moins cinq heures pour atteindre le port, commença Hansi. Heureusement, la famille Azumabito a pris des résolutions."

Ce n'était pas la première fois que j'entendais ce nom, mais j'ignorais que cette famille était l'alliée des Eldiens du Paradis.

"Madame Kiyomi avait mis un aéroplane à notre disposition, pour qu'on puisse observer le grand terrassement. Grâce à cet appareil, on devrait pouvoir s'approcher de l'originel."

"Alors les Azumabito magouillaient en coulisses, hein... Je m'en doutais..." marmonna le maréchal Magath.

"Le problème est qu'on ignore où il se trouve, et qu'on ne peut pas voler au hasard. Les réserves de carburant sont limitées."

"Exact. Il faut d'abord retrouver sa trace. Mais on devrait pouvoir obtenir un tuyau. C'est pour ça que je vous ai demandé de ramener celle-là." dit-il en indiquant Jelena d'un signe de tête.

Tous nos regards se braquèrent sur elle. Elle était beaucoup trop silencieuse pour passer inaperçue, surtout en prenant en compte le fait qu'elle faisait probablement partie des grands protagonistes de l'hécatombe à venir.

"On t'écoute, continua Magath. Où doit se diriger Eren Jäger en premier ?"

"J'en sais rien. Et même si j'étais au courant, pourquoi je vous le dirais ?"

Je fronçai les sourcils. Il était clair qu'elle n'était pas d'humeur à coopérer.

"À la base, Jäger ignorait tout du continent. C'est toi qui l'as renseigné. Il a forcément établi un plan de route avant de se lancer. Tu dois bien avoir une petite idée."

La jeune femme baissa la tête, et au lieu de répondre, elle marmonna une insulte.

"Pourriture."

"Hein ?"

"Pourquoi est-ce que je collaborerais avec des sales pourritures de Mahr ?!" cracha-t-elle.

"Parce que ta vie est entre nos mains ?" proposa Annie.

"C'est pas un peu évident, là ?" demandai-je, confuse.

"Laisse tomber. Elle aimerait mourir, en fait." commenta Jean.

"Mais je comprends pas... fit remarquer Conny. C'est pour ta patrie que tu te battais contre les Mahr, non ? Finalement, tu te moques qu'elle se fasse anéantir ?"

C'est vrai, ça n'avait aucun sens. Le plus étrange dans tout ça était qu'elle ne répondit rien.

"Jelena ?" l'appela Onyankopon.

Ce fut le maréchal Magath qui parla à sa place.

"Elle s'en fout complètement, en effet. Pour la bonne raison qu'elle est elle-même une sale pourriture de Mahr."

"Quoi ?!"

Son camarade mercenaire était totalement chamboulé de cette nouvelle. Notre attention était cette fois focalisée sur Jelena, qui n'était même pas affectée d'avoir été démasquée. Elle se tenait toujours en tailleur, la tête à moitié baissée et le regard inexpressif qu'elle arborait constamment. Le titan de Peak se leva pour se diriger derrière la mercenaire.