Du plus pur des Anges au pire des Démons

Affront

Tanor était un jeune chef mâcon qui avait grandi à Yoff. Au divorce de ses parents, il était parti avec sa mère habiter à Saint-Louis, mais celle-ci avait finalement décidé qu'il devait revenir à Dakar habiter avec son père pour les besoins professionnels. A Dakar, comme l'avait prévu sa mère, il réussissait à trouver des chantiers avec la petite équipe de maçons qu'il dirigeait. Cela lui permettait d'aider son père et d'envoyer de l'argent à sa mère.

Du haut de ses 2m, il faisait fondre le cœur de plus d'une fille de son quartier, mais il avait fini par rencontrer Meuya, la fille d'un ancien ministre qui était tombée automatiquement sous son charme. Malgré leurs différences sociales, leur couple se portait toujours bien. Meuya était une bonne personne bien que très vantarde et imbue d'elle-même. Le cœur ne se commande pas. Le courant passait entre eux deux et Tanor arrivait à la supporter parce qu'il savait qu'elle l'aimait vraiment. Ils parlaient même de mariage mais Tanor craignait un peu la réaction du père de Meuya lorsqu'il le verrait. Meuya avait dit qu'il n'y avait aucun problème, mais Tanor connaissait les riches et leurs manies de sous-estimer les personnes de classes inferieures.

Mais ces temps-ci, Tanor n'avait pas la tête à tout ca. Ce qui le préoccupait, c'était la façon ignoble dont Dodo s'était comporté avec Metoo.

La veille, lors de leur discussion dans la chambre de Dodo, Tanor avait attendu que Dodo et Bathie aient fini de se moquer de Metoo pour leur dire ses vérités. Il était contre ce comportement et n'aimait pas voir des hommes faire souffrir des femmes et cela, même s'il s'agissait de son meilleur ami. Il avait trop vu sa mère souffrir pour ca !

Il était au chantier ce jour-là, mais n'arrivait pas à bien contrôler ses apprentis maçons, à cause de toutes ces histoires qui trottaient dans sa tête. Il prit alors une pause et alla se placer à l'ombre pour se reposer un peu. Il resta là un moment avant que la Ford de Meuya vint se garer devant lui.

Il n'aimait pas que Meuya vienne la voir au chantier parce qu'elle faisait toujours des remarques sur les habits de maçons qu'il portait et, ce qui l'énervait encore plus, c'était les commentaires que les maçons faisaient sur Meuya et qui finissaient par arriver à ses oreilles.

-Nutella ! lança Meuya en baissant la vitre.

Tanor se leva.

-Meuya, je t'ai déjà dit d'éviter de venir ici avec ta voiture, dit-il.

-Je sais, dit Meuya, mais j'avais trop hâte de te voir ! Monte, j'ai acheté à manger.

Tanor fit le tour, monta du côté passager et referma la portière. Meuya démarra.

La voiture finit par se garer plus loin, dans un endroit calme pour qu'ils puissent manger et discuter. Meuya avait apporté des tacos tout chauds.

-Qu'est-ce qu'il y'a ? Tu n'aimes pas ma surprise ? demanda Meuya.

-Si mais, je t'ai dit que quand tu viens ici, les ouvriers se mettent à lancer des rumeurs bizarres ! En plus, ils ne vont pas me respecter.

-D'accord, c'est la dernière fois, dit Meuya en caressant la barbe de Tanor. Mais arrête d'être si grincheux. Je t'ai apporté des tacos. Tu adores ca, non ?

Tanor accepta le tacos que lui tendait Meuya.

-Tu sais, reprit Meuya tandis que Tanor mordait dans son tacos. Tu devrais arrêter de travailler ici. Je t'ai dit à plusieurs reprises que mon père peut te trouver un boulot bien meilleur et mieux payé !

-Je sais, mais je t'ai dit que je ne veux dépendre que de moi et je veux aller loin tout seul.

-Pff, fit Meuya, jamais vu quelqu'un d'aussi têtu ! Mais bon, je suis venu t'annoncer une nouvelle.