Oubli et sentiments

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Quand j'ouvre les yeux, je me sens hyper bien. J'ai l'impression d'être au chaud, en sécurité. Et j'ai la soudaine conscience que je ne suis pas seul dans mon lit.
J'ouvre immédiatement les yeux, le sentiment de sécurité s'éclipsant pour laisser place à une panique croissante.

Théo est là, allongé à côté de moi. Il a remis son t-shirt, mais j'ai aucun doute quant à nous activités d'hier soir. Son bras est passé autour de moi, et je dormais la tête sur lui. Je suis en caleçon. Lui il a remis son t shirt en plus. Mais je me rappelle vaguement d'hier, des bribes de souvenirs. Et j'ai mal au cul.

Je n'ai pas un seul doute. Et j'ai un pressentiment, je sais qu'il s'en rappèlera pas. Je me sens oppressé, comprimé. Alors je me lève, je quitte ses bras sans un bruit en faisant attention à ne pas le réveiller, je ramasse mes vêtements qui jonchent le sol. Je les mets tous à laver, je mets un t shirt qui traîne.

Puis je vais me jeter dans le canapé, je m'enroule dans une couette, je me fais le plus petit possible. Il est tôt, à peine 8h, et vu l'heure à laquelle on est rentrés hier, j'ai encore besoin de sommeil.

Mais je peux pas. Je me repasse en boucle les sensations qu'il me reste d'hier, et à chaque fois un sentiment d'appartenance me traverse. Je me rappelle clairement d'une pensée que j'ai eue hier, une pensée que je peux plus faire taire, parce que ça y est, j'y ai fait face, et maintenant qu'elle est déterrée, elle me hantera tout le temps.

Y'a pas de elle. C'est lui, c'est Théo que je veux. C'est de lui dont j'ai besoin.

Et à cette pensée ma gorge se serre tellement fort. Je sais que ça pourra jamais arriver, lui il est avec Anna, c'est la femme de sa vie, et moi, moi je suis juste un pote. Et ça y est, je ne peux plus me retenir plus longtemps, je me mets à pleurer. Mes larmes coulent, silencieuses, et je ne peux rien faire.

Depuis combien de temps je le sais, au fond de moi, hein ? Depuis combien de temps je me mens, depuis combien de temps je mens à mon entourage ? Depuis combien de temps j'ai un mot clair pour cette différence entre nous ? le Japon ? Depuis Nevada ? Depuis toujours ? Je sais pas. Je sais rien.
Je dois être tellement pathétique, en train de pleurer seul recroquevillé dans mon canapé.

Mais c'est lui que j'aime. Et je suis pas sûr de pouvoir supporter ça. Je suis pas sûr de pouvoir faire comme si rien ne s'était passé. Et une chose, une chose est sûre , je suis incapable de vivre sans lui, je peux pas le perdre. Je me tairais toute ma vie s'il faut, mais je peux pas le perdre.
Quel égoïste je fais, en plus. S'il savait, il partirait. Je le prive de sa liberté.

Pathétique. Je ferme les yeux, je pleure toujours, pendant un long moment, et je finis par m'endormir.

Lorsque j'ouvre à nouveaux les yeux, c'est avec difficulté, et je regrette immédiatement de m'être endormi en pleurant. Ça fait tellement longtemps que ça ne m'est pas arrivé. C'est Théo qui me réveille avec le bruit de la machine à café. J'espère de tout mon cœur qu'il ne peut pas voir que j'ai pleuré, encore plus quand il s'approche de moi et dépose près de moi un café.

-Coucou toi. Ça va Mec ? Me demande t-il. Tu te souviens d'hier soir ? Moi pas du tout.

-Saluuut. Ouais, ça va, fatigué, mal à la tête. Et non, moi non plus.

Ça y est, deux mensonges dans deux phrases. Et je lui avais jamais menti avant. Tout va changer, et c'est ma faute.

-Tiens mec, dit-il en pointant à côté.

Il m'a apporté un verre d'eau avec de l'aspirine. Il est adorable. Il doit être encore pire que moi actuellement, il s'est pris une vraie cuite hier. Moi beaucoup moins, et pourtant j'ai super mal à la tête.

-Merci mec. Comment ça va toi ?

-Mal à la tête aussi. Mais on connaît, ça va passer. J'pense que je vais pas tarder à rentrer juste parce que Anna m'attend. Mais j't'ai fait des sandwichs si tu veux. T'avais l'air vraiment pas bien mec. J'suis content que t'aille plutôt bien.

Je lui souris, un vrai sourire. Et je réalise que malgré tout, Théo est tellement parfait, tellement fantastique, que malgré tout, il réussira toujours à me faire sourire sincèrement.

Love is a victory march [joystu]Where stories live. Discover now