CHAPITRE DIX-NEUF

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14 NOVEMBRE 2021, 11H — AYLIN

Je maudis Bahar et Dilan quand je vois qu'il pleut dehors. On était à une soirée hier et elles sont les deux parties avec des mecs (Bahar avec Karim), me laissant dormir chez la fille qui a organisé la soirée parce que je n'ai plus de voiture et qu'il n'y avait pas de transport aussi tard.

Je commence déjà à tousser pendant que je marche jusqu'à l'arrêt de tram. Je vois une station-service donc je vais m'acheter des clopes et en même temps, ça me fera une pause.

Je passe ma main dans mes cheveux trempés en entrant dans la station-service. Mon pauvre manteau ne me protège pas du tout de la pluie.

Je vais prendre des clopes et je me prends un red bull au passage puis j'attends dans la file. Je vois quelqu'un de familier devant moi mais je n'arrive pas à me rappeler de qui c'est, je ne vois pas son visage d'ici.

Il se retourne et je reconnais enfin le grand frère de Nabil. Je ne me rappelle plus de son prénom. Il me fixe pendant quelques secondes et semble hésiter à me parler. Puis, la dame de la caisse l'appelle parce que c'est son tour donc il se retourne et va payer son essence. Il me regarde une dernière fois et sort de la station-service. Je hausse les épaules et paie mes articles. Dommage qu'il n'y ait pas de parapluie en vente ici. Je prends donc mes clopes et ma boisson et je sors. Je retrouve le frère de Nabil adossé au mur mais je continue tout droit sans le calculer. Il me rattrape par le bras et me fait me retourner. Je regarde son bras alors il lâche le mien.

- Attends!
- Quoi?
- Je sais pas trop comment formuler ça et pardonne-moi de te le demander mais est-ce que t'es rentrée avec Nabil chez lui l'autre soir quand on était au bar?
- Demande ça à ton frère, qu'est-ce que tu me veux?
- Il nie mais je sais que c'est faux.
- S'il te le dit c'est que c'est vrai.

Il soupire.

- Tu veux que je te ramène? Il pleut et t'es trempée.

Je regarde mon manteau et je hausse les épaules.

- OK.

On va jusqu'à sa voiture et on monte dedans. Je ne comprends pas exactement ce qu'il attend de moi.

- Il t'a dit qu'il était fiancé? dit-il après un léger silence.
- Fiancé? Non. Il m'a dit qu'il avait quelqu'un.
- Alors pourquoi tu continues de le voir? Et me mens pas, je sais que vous vous êtes vus plus d'une fois. Je le connais, je sais quand il ment.
- Écoute... c'est pas moi qui suis fiancée, j'ai de compte à rendre à personne moi. C'est à lui de savoir ce qu'il veut faire, je l'ai jamais forcé.

Mon seul tort dans cette histoire c'est de l'avoir fait intentionnellement parce que je savais que c'était le fiancé de Melek. Sinon, je n'ai rien à me reprocher. Comme je l'ai dit, je ne l'ai jamais forcé.

- Mais tu vois pas qu'il est perdu?
- Je trouve ça très mignon que tu te soucies de ton frère mais tu sais, on ne se parle pas vraiment. Ne t'inquiète pas, il est pas amoureux de moi. Il va se marier avec sa fiancée et m'oublier d'ici quelques mois. Il a juste besoin de mon corps. C'est tout.

Ma voix s'est légèrement brisée à la fin. Je m'en fiche de Nabil mais je suis fatiguée qu'on m'utilise toujours pour mon corps. J'en profite aussi mais j'en ai assez.

Il me regarde sans rien dire et je lui indique où se trouve mon quartier donc il s'arrête un peu plus loin que chez moi.

- Merci de m'avoir ramenée.
- T'inquiète c'est rien.

Je lui fais un signe de tête et descends de sa voiture. Je soupire avant de m'allumer une clope en rentrant chez moi. Il ne pleut pas ici, bizarrement.

Cette situation me fait chier. Je n'ai qu'une hâte, c'est de tout dire à Melek pour en finir avec cette famille. Nabil est assez grand pour savoir ce qu'il fait, non?

Je rentre chez moi et je trouve ma mère en train de dormir. Elle est rentrée du travail il y a une demi-heure normalement. Je me couche à côté d'elle dans son lit et je l'observe. Après la mort de mon père, elle s'est complètement renfermée sur elle-même et ne m'a donné aucun amour et/ou affection. Maintenant, on se voit très peu puisqu'elle a des horaires de travail particuliers et puis moi je travaille et je sors beaucoup.

23H

Nabil caresse mes cheveux et je ferme les yeux. Je suis à deux doigts de m'endormir mais je dois résister.

- Eh dis...?
- Quoi? dis-je les yeux toujours fermés.
- Tu fais souvent des cauchemars? J'ai l'impression qu'à chaque fois qu'on dort ensemble t'en fais. Même tout à l'heure, on a même pas dormi une heure mais tu m'as réveillé avec tes cris.

J'ouvre les yeux et je le regarde.

- J'ai été dans un accident de voiture dans mon enfance et depuis ça me hante. J'en fais des cauchemars tous les soirs.

Il hoche la tête mais ne dit rien de plus. Je crois qu'il a compris que c'était compliqué pour moi d'en parler.

- Bon on dort maintenant?
- Non, je dois y aller.
- Pourquoi tu te sens obligée de fuir au réveil?

Je travaille demain alors je ne peux pas dormir ici mais je ne le lui dirai pas parce que je n'ai pas envie de me justifier.

- Arrête de poser des questions Nabil.

Je me lève du lit à contrecœur et je me rhabille sous son regard. Je m'attache les cheveux avec une pince et puis une fois prête, je m'allonge à moitié sur lui. Il rit et me pousse.

- Tu m'écrases, bouge.
- T'abuse je suis même pas lourde.
- Tu fais combien de kilos?
- Je sais pas, 60-65 kg je crois.
- C'est beaucoup pour ta taille de naine.

J'écarquille les yeux, dégoûtée.

- Je fais 1m67, je suis pas du tout une naine. Et mon poids est très bien réparti, je suis pas grosse OK.
- T'as du ventre un peu quand même, dit-il pour me taquiner.

Il claque mes cuisses et je lui montre mon majeur.

- T'es sérieux là? Tu juges mon corps comme ça? Touche pas mes cuisses.

Je fais semblant d'être vexée. Je sais bien qu'il plaisante.

- J'ai rien dit sur tes cuisses. J'adore croquer dedans.

Je finis par sourire et il me colle contre lui. Je ferme les yeux et pose ma tête sur son torse. C'est ridicule mais ce genre de trucs apaisent tellement. Je pourrais m'endormir comme un bébé là.

AYLIN / N.O.S (PNL)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora