23- La déontologie

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Chan

Je suis littéralement en train de monter la garde tandis que ma petite infirmière persiste à mettre de la distance entre nous en prenant sa douche. Comme si de l'eau pouvait lui faire oublier les traces de mes doigts dans son corps. Toujours est-il que cela me permet de faire sortir mes hommes de main et de les obliger à garder une distance de cinq mètres avec les cloisons en bois du hanok, bien trop légères pour étouffer le bruit de nos actions. Je n'ai qu'une obsession, être le seul à pouvoir entendre, voir et participer à ce qu'il s'y passe. 

Lorsqu'Arya consent enfin à ouvrir la porte de son petit cocon, elle est étonnée de m'y trouver à proximité. Je la sens même sur la retenue, prenant soin de laisser plusieurs pas entre nous.

— Tout va bien? Car tu n'as pas l'air très à l'aise. 

Je ne pensais pas qu'elle me ferait un walk of shame alors que nous sommes restés dans dans le cadre encore sage des préliminaires et que je suis loin de lui avoir tiré les vers du nez. Si elle prend la fuite pour si peu, je peux commencer à m'inquiéter pour mon plan initial. La baise s'éloigne peu à peu et j'ai plus qu'envie de goûter à son corps. 

— Tu veux en parler? 

— Chan, j'ai fait une bêtise. Je dirais même une erreur professionnelle. Tu ne te rends pas compte que je peux être condamnée pour ce que j'ai fait? Une infirmière ne peut pas se permettre de tels actes avec un patient. 

— Je suis majeur, si ça peut te rassurer. Et j'étais plus que consentant. Je dirais même que mes doigts aimerait bien retourner en toi. 

Mais ma petite blague potache ne l'amuse en rien. Au contraire, je suis obligé de suivre mon infirmière qui trottine dans le salon afin de récupérer sa mallette. A croire que cette boîte renferme de supers pouvoirs de chasteté. D'un geste de la main, elle m'indique de m'asseoir mais évite de partager tout contact visuel avec moi. Puis, elle me fait signe d'ouvrir ma chemise pour retirer le dernier pansement et déclarer que tout s'arrête là. 

— Notre relati... Nos soins prennent donc fin.

— On va vraiment faire comme si je te t'avais pas donné un orgasme il y a quelques minutes? 

— Chan, je suis ton infirmière et tu es mon patient. Ce n'est pas déontologique que d'entretenir une relation pendant une période de soins. 

— Bien. Donne-moi ton fichu papier que je te fasse le règlement et qu'on puisse s'envoyer en l'air comme deux adultes consentants. 

Arya a beau montré un visage horrifié devant autant de sincérité sur mes intentions, je perçois le mouvement de ses cuisses qui se resserrent comme pour apaiser une certaine tension. Ma queue m'indique qu'elle est prête à patienter un autre round si je peux déguster de mes lèvres, cette fois-ci, l'intimité de cette chère demoiselle sans blouse. Je note au passage que Miss Déontologie a du se rabattre sur l'une de mes robes pour ne pas rester nue. 
Je m'amuse donc de la voir fouiller dans ses papiers pour me présenter la bonne facture après avoir vu défiler le devis pour le remplacement de sa chaudière et sa facture d'eau et d'électricité exorbitante. Je ne me déplace même pas, et ouvre le tiroir de la table basse pour lui sortir une liasse de billets que je ne prends pas la peine de compter. 

— Voilà, maintenant nous pouvons baiser. 

— Qu... Quoi? Mais non! Enfin si! Mais je veux dire... Il faut signer ici et je te ferai parvenir le double pour que tu l'envoies à ta mutuelle. 

Je ne sais pas si elle est sérieuse dans ses indications. Mon regard blasé lui fait comprendre que je n'en ai pas puisqu'ils n'en ont pas encore ouvert une pour la Mafia. L'idée est à creuser, le jour où je voudrai changer de branche. J'appose donc ma signature et patiente qu'elle ranger toute sa pagaille pour agir. Mais ma petite prude repousse aussitôt mon attaque, indiquant qu'elle est plus enclin à discuter qu'à hurler de plaisir. 

— Ca t'arrive souvent de garder une telle somme à portée de main? 

— Tu veux savoir si tu es actuellement assise sur 40 millions de wons? 

Son observation du canapé est hilarante. Arya hésite à chercher des endroits où l'on pourrait cacher des billets avant de comprendre que je me moque actuellement d'elle. Toutefois, son rapport à l'argent est intéressant. Elle agit comme une personne qui n'en aurait jamais bénéficié sans modération. Le vieux Kim était connu pour dilapider son fric sans compter, ce qui a entraîné peu à peu sa chute car il a nourri les mauvais serpents qui n'ont pas perdu de temps avant de se retourner contre lui. 

— Maintenant que j'ai fait ma part, c'est à ton tour d'acheter mon silence pour que je ne te dénonce par à l'Ordre National des Infirmiers. 

— Tu plaisantes? Tu es sérieusement en train de me menacer? Tu veux que je te rende ton argent? 

— Non, je n'en ai que faire. Je suis juste trop peureux pour te demander de m'accompagner à une soirée demain et préfère user de ce stratagème. 

Ses paupières qui oscillent m'indiquent qu'elle digère cet aveu en réfléchissant à la réponse qu'elle va me donner. J'aurais très bien pu lui demander de venir après un verre mais elle aurait eu le temps de cogiter quant à ma sincérité face à cette action. Arya est consciente de la nature que j'affiche, même si elle est loin d'avoir vu la facette la plus cruelle. Elle sait donc que je ne suis pas un gentleman sans arrière pensée, et lui présenter une faiblesse en avouant mes intentions ne peut que la toucher. Preuve en est le sourire qu'elle se force de masquer. 

— C'est quel genre de soirée? Il y aura beaucoup de monde? 

Des mafieux, des tueurs, le genre de types qui hantent ses cauchemars.

— Quelques hommes avec lesquels je fais affaire. Mais tu resteras près de moi donc tu ne craindras rien. Alors, est ce que je prends ton pied qui touche le mien pour un oui? 

Aussitôt, elle prend conscience de ce contact et recule avec excès. Cette fille réveillera en moi des sentiments bien trop adorables jusqu'au bout, chose qui n'est pas bon pour le travail. Je lui indique donc qu'elle pourra porter l'une des robes dans l'armoire et enchaine sur la proposition de passer la nuit ici, puisque nous n'avons toujours pas mangé et qu'il se fait tard pour rentrer. 

— Je ne pense pas que ce soit judicieux après ce qu'il s'est passé. Il faut que nous avancions plus lentement et que...

— Si ça peut te rassurer, je dois sortir, ma belle. J'ai du boulot qui m'attend alors il n'y a pas de risque que je te touche après t'avoir bordé. 

— Tu sors... C'est-à-dire que tu as un travail du genre les balles qui fusent et des hommes à soigner? 

Sa vision de la mafia est bien trop attendrissante pour qu'elle y ait grandi. Arya occulte la possibilité de mourir comme si cette réalité était bien trop cruelle pour sa raison. J'en viens même à douter qu'elle soit bien la fille de Kim, soeur de Soyeon. 
Mais ce soir, je dois exécuter les hommes qui ont permis à l'ennemi d'entrer sur Gangbuk et qui avait la localisation exacte de la cave où était retenu son cousin. Il n'y a pas de pitié pour les traitres, même si cela alourdit à chaque fois ma conscience et m'empêche un peu plus de dormir avec tant de fantômes qui me hantent. 

Ce soir, je la laisse donc libre d'agir dans mon hanok et il me tarde de regarder les caméras pour savoir si elle avait l'intention d'approcher l'un des bras droits de Hyunjin pour agir à dessein. 

Big Bad Wolf : Trust no one (Tome 1)Where stories live. Discover now