Chapitre 2

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Le lendemain matin, le soleil haut et brillant réveilla Jisung. Il devait être aux environs de onze heures. Il lui fallut bien vingt minutes pour sortir du lit.

Il descendit saluer son père sans prendre la peine de manger un morceau. Après s'être préparé, même s'il ne sortait pas. Il était remonté dans sa chambre, s'enferma et couvrit ses oreilles de son casque rouge. L'inspiration était revenue.

Il commença à écrire, tout ce qu'il avait ressenti la veille en apercevant Minho assis sur les rochers.

You had me at hello.

Il avait réussi à tout dire. Chaque mot qu'il trouvait, il essayait de les rendre parfaits, de leur donner le plus beau sens possible. Il espérait vraiment le revoir.

Une fois tout écrit, composé et enregistré, il descendit à nouveau. Il se faisait tard, il allait préparer le déjeuner puisque son père travaillait. Il allait bien sûr lui laisser une part puisqu'il irait certainement s'enfermer de nouveau dès la fin de son repas. Et c'est ce qui arriva.

Il s'était allongé en étoile de mer sur son lit, se demandant comment ce grand brun avait réussi à s'infiltrer dans sa tête sans pour autant en être ressorti depuis la veille. Sans même s'en rendre compte, l'après-midi passa en un éclair et il faisait désormais face à son père qui s'interrogeait sur le comportement de son fils. Il semblait bien heureux et plein d'énergie pour une fin de journée. Non pas qu'il ne soit pas ravi que son fils se plaise ici, mais il s'interrogeait plutôt sur la raison de cette excitation. Peut-être avait-il quelque chose de prévue, un rendez-vous ou son artiste préféré faisait peut-être une interview. Qui sait. Peu importe la raison, les faits étaient présents, Han Jisung était heureux et son père en était comblé.

Une fois le repas terminé, Jisung fila dans sa chambre. Il s'empressa de revêtir son sweat noir, de prendre son téléphone et de se brosser les dents. Il était bien décidé à essayer de retrouver son mystérieux brun. Il laissa donc un petit mot près de la porte d'entrée et n'oubliant pas ses clefs, il se faufila à l'extérieur. Il marcha jusqu'aux rochets de la plage espérant y trouver Minho, et il ne fut pas dessus puisqu'il était bel et bien là. À la même place. Avait-il toujours été là, chaque soir sans que Jisung ne le remarque ? Il repoussa sa question bien vite dans un coin de son esprit et accéléra pour se retrouver au plus vite aux côtés du brun.

Une fois à son niveau, il s'assura quand même que c'était bien lui et s'avança saluant le plus vieux et lui faisant un large sourire. Il était ravi de passer une nouvelle soirée en sa compagnie. Minho n'avait pas l'air déçu non plus. Il demanda à Jisung si son inspiration était revenue et le plus jeune le rassura lui disant qu'il avait fini une chanson le matin même et son regard se perdit dans les étoiles, repensant à cette fameuse chanson. Elle était née grâce à lui, peut-être qu'il la lui fera écouter un jour. Minho le sortit de ses pensées en prenant la parole.

- Alors, si tu n'es pas ici parce que tu n'as plus d'inspiration, tu es revenue pour moi. Je me trompe ?

Jisung se sentit rougir. Minho, lui, il souriait. Il était beau, très beau. Ce garçon ne cesserait donc jamais de le déstabiliser...

- Je prends ton silence pour un oui !

Le rire, ce rire, il voulait l'entendre pendant longtemps. Des années si possible. Peut-être que le plus vieux avait mis le doigt sur quelque chose de vrai, qui paraissait sans importance, mais Jisung n'avait cessé de rougir. Il bredouilla quelques mots pour lui répondre, mais Minho était déjà passé à autre chose. Il n'avait pas besoin de mots de la part de Jisung pour savoir qu'il avait raison, ses yeux avaient déjà parlé pour lui.

À peine dix minutes après, Minho se leva. Jisung en fit de même, lui demandant s'il partait, un peu inquiet que leur soirée se termine si tôt. Il reçut un petit sourire en coin de la part de son aîné et perçut les paroles qu'il avait chuchotées.

Suis-moi, tu verras bien.

Il n'était pas sûr d'avoir correctement entendu, mais il en eut la confirmation lorsqu'il vit la main de Minho tendu vers lui. Il la prit et entrelaça leurs doigts. Il ne savait pas où il l'emmènerait, mais il lui faisait confiance.

Finalement, ce n'était rien d'extraordinaire. Il l'avait amené au cœur du village. Ils s'y baladèrent de longues minutes, main dans la main. Jisung avait déjà plus d'une fois tenu la main de quelqu'un mais celle de Minho, c'était différant. Elle était douce, chaleureuse, rassurante.

Jisung se sentait bien ici. Il avait l'impression que le monde lui appartenait. Qu'aujourd'hui, sur terre, seulement lui et Minho existaient. Tout lui semblait possible.

Le brun le conduisit jusqu'à un banc vide, seulement éclairé par la lumière orangée des lampadaires. Leurs mains toujours liées. Jisung respira une grande bouffée d'air relâchant toute la pression de son corps. Pourtant, il sentit la poigne du plus vieux se resserrer autour de ses doigts. Il s'inquiéta alors, il semblait tendu. Pourtant, il aurait juré qu'il avait l'air serin sur les rochers.

Il interrogea alors Minho, lui demandant si tout allait bien. Ce dernier le regarda droit dans les yeux, Jisung se sentit nu face à ce regard, déstabilisé, ne sachant pas comment l'interpréter. Il n'eut pas le temps de se poser plus de questions que le plus vieux pris la parole.

- Il faut que je t'avoue quelque chose.

Le blondinet n'avait pas décroché de son regard, n'attendant que la suite de ses paroles, bien trop tendu par le proche aveu que son aîné pourrait bien lui faire. Que ferait-il s'il lui annonçait qu'il partait ou bien même qu'il ne voulait plus le revoir ? Il fut bien surpris d'entendre ce que le brun avait à dire.

- Je suis un enfant de la lune.

Il n'avait pas très bien compris où voulait-il en venir. Un enfant de la lune ? Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ?

Voyant que son interlocuteur ne semblait pas saisir le sens de sa phrase, Minho se permit d'expliquer tout ce que cela engendrait.

Être un enfant de la lune, c'est bel et bien être malade. Une bien douce appellation pour une maladie si dure. Jamais il ne pourrait voir le soleil, jamais il ne pourra sortir de jour. Jamais il ne pourra rencontrer quelqu'un parce qu'il vit la nuit. Vivre la nuit, c'est vivre à l'opposé du monde entier. Dans un silence royal qui parfois devenait pesant.

Pourtant, Minho semblait heureux. Il pouvait contempler les étoiles qui parsèment ce ciel sombre. Et même s'il n'aurait jamais droit à un coucher de soleil, il pouvait toujours longer la plage les pieds dans l'eau. Apaisé par le bruit de l'eau qui s'écrase contre le sable blanc.

Jisung était désolé pour lui. Il se disait que la vie était injuste. Parce qu'elle enlevait à ces enfants le bonheur d'une vie simple et même s'ils pouvaient se plaire rien qu'en ne vivant la nuit, la vie se débrouillait pour les quitter bien trop tôt.

À ce moment précis, rien ne comptait plus aux yeux de Jisung que la précieuse vie de Minho. Il n'avait pas changé entre l'instant où ils s'étaient rencontrés pour la première fois et l'instant présent, mais l'aveu de son aîné l'avait touché. Il voulait qu'il puisse réaliser chacun de ses rêves jusqu'aux plus insignifiants. Qu'il profite de chacune des minutes, des heures, des jours et des années qu'il lui restait.

Aujourd'hui, Jisung c'était promis qu'il reviendrait chaque soir, dès qu'il le pourrait pour que le brun ne soit plus jamais seul.

[MOONCHILD] -minsungWhere stories live. Discover now