Chapitre 9

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Il m'informe que nous allons gravir des marches. Je fais donc attention afin de ne pas me rétamer. En revanche, je n'ai vraiment pas assez d'énergie pour ce que chaque pas me coûte. Heureusement, il me soutient assez bien pour m'accompagner, mais s'il me fait marcher encore beaucoup, je sens que je ne tiendrai pas.

Une douce mélodie arrive à mes oreilles. Plus on avance, mieux je l'entends. C'est de la musique classique. D'habitude, cela m'apaise d'en écouter, mais dans ce cas-ci, ça ne fait que renforcer mon angoisse.

Il ouvre une porte, me fait avancer encore un peu et enfin, me fait asseoir et enlève mon bandeau. Cinq grandes silhouettes encore vêtues d'habits noirs et d'un masque blanc sont autour de la table, entrain de me fixer. Cette vision me surprend et m'effraie malgré moi. J'ai un mouvement de recul. Je pousse instinctivement sur mes pieds pour m'éloigner, mais je pars en arrière et... la chaise aussi. Ma tête heurte le sol assez violemment et ça fait un mal de chien. Trop honteuse, je n'ose pas me relever. Je devrais être habituée à les voir, pourtant, ils me font toujours aussi peur. Et le fait qu'ils soient tous là, c'est trop.

L'homme aux yeux verts se précipite à mon chevet.

–Ça va ?!

Je porte la main à ma tête en grimaçant. Il m'aide à me relever et me rasseoir. Il inspecte ma tête.

–Ça va, t'as rien. T'auras juste une bosse dans quelques jours.

Je le regarde en hochant la tête, m'obligeant à ne pas pleurer face à la douleur lancinante. S'il dit que ce n'est rien, je n'ai pas de raisons d'avoir mal...

Je regarde autour de moi les silhouettes qui me fixent. J'espère quand même qu'ils vont baisser le regard à un moment donné parce que ça devient vraiment gênant.

J'observe la pièce dans laquelle on est. Il s'agit d'une cuisine, à en juger par le mobilier rustique. Il y a deux fenêtres en face de moi, par lesquelles j'aperçois un bout de ciel. Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour aller respirer cet air-là... Je remarque un vieux cadenas rouille obstruant leur ouverture. Super... J'observe la table devant moi. Un déjeuner de roi me fait face. Il est composé d'une myriade de pains au chocolat, croissants, petits pains, d'une grande carafe de jus d'orange, il y a même des muffins aux chocolats et ce qui me semble être une tarte aux pommes ! Mon ventre se réveille et crie famine. C'est presque trop beau pour être vrai. Est-ce donc ceci ma récompense ?

–C'est moi qui ai préparé les muffins et la tarte, juste pour toi ! J'espère que ça te plaira ! annonce une voix guillerette à ma droite.

Tous les yeux se tournent vers le jeune homme qui vient de s'exprimer, dont les miens. Les siens s'arrondissent subitement en se rendant compte de sa bourde. Il se renfrogne et baisse les yeux.

–Désolé, j'avais oublié, je me tais.

Donc ils ne sont pas censés me parler. Super.

–Mange, m'intime celui en bout de table.

Mes yeux se plantent dans les siens. Il n'a vraiment pas l'air commode. J'ai soudainement l'impression d'avoir atterri dans un mauvais remake de Blanche Neige. N'empêche que je suis très surprise pas ce revirement de situation. Enfin... peut-être qu'ils essaient de m'engraisser comme dans Hansen et Gretel au final... Bon c'est pas bientôt fini tes comparaisons avec des dessins animés ? Ça devient ridicule. La situation en elle-même est ridicule.

Le chef de la bande sûrement, celui en bout de table, attrape un croissant et découpe un morceau qu'il fait passer en-dessous de son masque. Peut-être veut-il me montrer que la nourriture est sans danger ? Même si c'était le cas, il aurait pu très bien choisir la seule qui ne contenait pas de substances bizarres.

Initiation [terminée]Where stories live. Discover now