Chapitre 14

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Les bruits ont éventuellement fini par se calmer. Le silence est revenu. Quant à moi, j'ai presque fini de préparer le souper: blanc de poulet à la moutarde, riz et carottes. Ça m'énerve de devoir faire la soubrette pour eux. Ils n'ont pas deux mains pour se le faire eux mêmes ? Ou alors, ils n'ont qu'à se faire livrer quelque chose ! Je touille à présent dans le poulet saucé, assez énergiquement vu ma colère.

Soudainement, la porte s'ouvre. Je sursaute, en envoyant valser la cuillère en l'air. Je la regarde voltiger en dispersant pendant son envol des gouttelettes de sauce partout autour d'elle. Enfin, elle se rétame sur le sol, aux pieds de la personne qui vient d'entrer. Je souris, embarrassée. Celle-ci ne bouge tout de même pas un iota. Je la détaille de haut en bas. Les masques sont de retour, génial. Au vu de ses cheveux bruns, je pencherais pour Eliott. C'est encore mieux...

–Changement de programme. Éteins tout et suis-moi.

Oh c'est pas vrai ! Si ces imbéciles ne mangent pas ce que j'ai mis trois plombes à préparer, je vais leur balancer les casseroles en pleine face ! En ruminant dans ma barbe, je vais éteindre les plaques de cuisson. Ensuite, je le suis. Il ne dit pas un mot. Nous passons plusieurs portes et descendons des escaliers. Je me raidis, reconnaissant très bien ce couloir de l'enfer.

–J'ai... j'ai fait ce que vous m'avez demandé ! Pourquoi... Est-ce que... Vous allez me remettre là-dedans ?

Il se retourne. Nous nous arrêtons.

–Ça va dépendre de toi.

Comment ça ? Je pensais que le défi c'était de cuisiner. Oh mon dieu, j'espère que ce psychopathe ne va pas s'enfermer avec moi là-dedans ! Une sensation de panique commence à m'envahir. Il le sent sûrement, car il agrippe mon bras pour me forcer à avancer.

–Il s'est passé quoi tantôt ?

–Tu vas le découvrir assez vite.

Il déverrouille la lourde porte de la cave et me pousse à l'intérieur.

–C'est Doug, il est venu essayer de te sauver.

Il me tend un couteau de cuisine.

–Sers-toi de ça pour défaire ses liens. Je vous enferme à clé au cas ou, mais il a un double.

Il tourne les talons et quitte la pièce. J'entends la clé tourner à double tour dans la serrure. Rien de ce qu'il dit n'a de sens.

Une ampoule pendue au plafond clignote quelques fois avant de s'allumer pour de bon. La lumière qu'elle diffuse est chaude mais faible. Elle éclaire juste... Doug, en-dessous d'elle. Il est venu pour me sauver ? Mais alors, pourquoi nous avoir enfermés ici ? Je ne comprends rien...

Je fixe la porte quelques instants, sous le choc. Les souvenirs de ma captivité les premiers jours me reviennent en tête et je frissonne. Tous ces jours et ces nuits, dans le noir complet, sans aucun contact... C'était affreux.

Puis je regarde Doug. Il est mal-en-point. Je me précipite à son chevet. Du sang perle de sa tempe. Ses cheveux sont emmêlés. Il est vêtu d'un t-shirt blanc, d'un jeans bleu et d'une paire de basket, le tout tâché de sang. Est-ce le sien? Son corps est couvert de bleus.

Je me dépêche d'enlever le bandeau qu'on lui a mis dans la bouche. Je détache également ses mains, nouées à la chaise à l'aide d'une corde. Je dépose ensuite le couteau là.

Initiation [terminée]Where stories live. Discover now