Chapitre 11

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J'observe le couloir qui part de part et d'autre de la salle de bain. Il est long et sombre. La seule source de lumière provient de quatre tubes led rectangulaires qui dispersent du plafond un éclairage blanchâtre très léger.

Les murs (tout comme le plafond) sont composés d'un béton gris foncé peu chaleureux. Quant aux différentes portes qui les longent, elles, sont épaisses et sont composées d'un métal gris clair qui a l'air très solide.

Un courant d'air s'infiltre entre mes jambes nues, les caressant doucement. Malgré le pull, cette brise me fait frissonner. Cela veut il dire qu'il y a une fenêtre ou une porte ouverte sur l'extérieur quelque part ? Cela semble plutôt venir de partout en même temps... Je me frotte les bras, dans une vaine tentative de me réchauffer.

La cuisine, que j'aperçois par la porte ouverte d'en face, ne me mènera à rien, je l'ai bien vu tout à l'heure.

Alors, quelle direction prendre ? Droite ou gauche ? Gauche, me souffle ma voix intérieure. Je m'engage donc par là. Quatre portes longent le couloir. Ce dernier se termine par une cinquième, au fond, à une dizaine de mètres en face de moi. C'est celle-ci qui m'inspire le plus.

C'est le calme total. S'il y avait des mouches, on les entendrait définitivement voler.

Je marche précautionneusement, en essayant de réduire au maximum le bruit de chacun de mes pas. La citation « le silence est assourdissant » prend à présent tout son sens... L'atmosphère pesante ne me rassure guère non plus.

Plus je m'avance, plus ça pue l'humidité. Était-ce le bon chemin à prendre ? Je me demande soudainement si nous ne nous situons pas à moitié sous-terre, les fenêtres étant souvent situées en hauteur. Si c'est le cas, ce n'est pas bon signe pour moi et mon plan d'évasion...

Je continue tout de même à avancer le plus silencieusement possible. L'adrénaline et moi ne faisons plus qu'un, en particulier lorsque je passe devant les différentes portes. Si l'une d'elle s'ouvre subitement, je ne suis pas sûre que mon cœur puisse le supporter.

Mes palpitations sont si bruyantes que j'ai presque l'impression que leur bruit se répercutent sur les murs avant de revenir tambouriner à mes oreilles.

J'atteins enfin la porte. Je plaque mon oreille contre afin d'écouter si quelqu'un s'y trouve. Je n'entends rien. Le moment fatidique est arrivé.

Je pose ma main sur la poignée en fer assez froide avant de la retirer. Je me mordille la lèvre inférieure, indécise. Que faire ? Et si tout ceci n'était qu'un piège ? Et si la pièce était leur Q.G. ? Ou pire... si elle était piégée ? On ne sait jamais ! Ou alors , et si c'était leur morgue personnelle ?! Tu t'éparpilles là ! Tu perds de précieuses secondes, reprends-toi merde ! Je prends une profonde inspiration et repose la main sur la poignée, priant pour qu'elle me mène à la sortie.

En apnée, j'abaisse celle-ci, en la serrant fort entre mes doigts et pousse la porte en expirant.

Une lumière un peu plus forte attire immédiatement mon attention, elle vient d'une ampoule nue suspendue par un fil au milieu du plafond.

Une odeur d'herbe (pas celle qu'on trouve habituellement dans le jardin) s'immisce dans mes narines, m'obligeant à afficher un air de dégoût.

Mon regard continue sa descente de la lampe vers le milieu de la pièce.

J'étouffe un cri lorsque je vois la scène qui se déroule devant mes yeux.

Quatre paires d'yeux se braquent brusquement sur moi. Quatre hommes vêtus de noir sont assis autour d'une table ronde. Ils possèdent chacun quelques cartes en main. Des jetons en piles ou jetés devant eux ornent la table. Ils étaient probablement entrain de jouer poker, avant mon arrivée.

Aucun d'eux ne porte son masque. Ceux-ci sont posés sur la table, à côté d'eux. Je les observe un à un et plus je les scrute, plus leur visage me semble familier. L'un a les cheveux bruns, et un sale air plaqué sur le visage. Un autre a les cheveux châtains, et les yeux bleu foncé. Le chef de la bande possède les mêmes. Je m'en souviens. C'est sûrement lui. Ensuite, il y a un homme aux cheveux noirs, assez mince, au regard marron insondable. Vient maintenant le dernier. Il a l'air petit. Il me dévisage, la bouche grand ouverte, l'air décontenancé, visiblement très choqué par ma présence ici. Tout comme les autres d'ailleurs.

Je souffle lentement, sous le choc. J'ouvre la bouche, voulant articuler une phrase, n'importe quoi, mais rien n'en sort. L'incompréhension me gagne. J'ai vu leur tête. Plus qu'aperçu. Ils ne me laisseront plus jamais m'en aller.

Ils se regardent entre-eux. Ils ne s'y attendaient visiblement pas. Sur toutes les portes, il a fallu que je tombe sur celle-ci précisément. Quelle genre de poisse j'ai dis donc.

Ni d'une ni deux, je tourne les talons et me mets à courir du plus vite que le peux. Je remonte le couloir en ne sachant absolument pas où aller. Quelle porte prendre. Ou tourner... Quoi que je fasse, je suis faite comme un rat.

J'entends des cris derrière moi.

–Putain, Dan ! T'étais censé la surveiller c'est quoi ce bordel ?!

–Je pensais que Max allait y aller ! Il m'a juste dit de lui amener les fringues et de la laisser s'habiller !

Je jette un petit regard en arrière pour apercevoir que la distance entre moi et eux se réduit considérablement quand je heurte quelque chose de dur.

Je me rattrape à cette chose (deux biceps, en réalité). Je lève les yeux vers cet homme aux yeux verts et aux magnifiques cheveux de jais aux pointes bouclées.

Il me rattrape en passant un bras ferme autour de ma taille. Je suis si collée à lui que son parfum masculin se fraie un chemin jusqu'à mes narines.

Mes yeux retrouvent les siens et ne les quittent plus. C'est en me noyant dans son regard émeraude que tout me revient par flash. Je fronce les sourcils, contrariée. C'est le type de l'autre fois. Celui avec qui j'ai « passé » la nuit. Celui dont l'ami m'a invitée à une soirée. Soirée à laquelle je me suis pointée, seule, croyant que Doug allait venir... Je me souviens de Will, et du verre d'alcool qu'il m'a tendu. D'Eliott et de son comportement indécent... Et puis, plus rien. Jusqu'à mon réveil dans cet endroit du moins. Les salauds. Ils m'ont tendu un piège.

–Max ?! articulé-je enfin.

Il écarquille ses billes vertes avant de regarder derrière-moi.

Je lâche ses bras et me retire de sa prise. Je me tourne et aperçois le reste de la bande. Eliott, Will, Valentino et un autre que je ne connais pas. Ils sont assez perplexes. Mais pour moi une chose est sûre: je suis prise au piège.

Max passe d'un coup ses deux bras autour de moi et me tire vers lui pour m'empêcher de bouger. Je hurle et le mords fort au bras. Il me relâche et je me précipite vers la cuisine. Avant même d'avoir franchi la porte, mes cheveux sont brusquement tirés en arrière. Quelqu'un m'attrape par la nuque et je sens une piqûre sur le côté gauche de mon cou. Toute l'énergie se vide peu à peu de mon corps. Mes genoux flanchent. Mes paupières tombent. Je sens deux grandes mains se refermer sur mes bras.

–Je... Je..., essayé-je d'articuler.

–Shhh, ça va aller, laisse-toi faire, murmure une autre voix.

C'est peine perdue, le noir m'envahît et je me laisse, malgré moi, tomber dans ses profondeurs.

Initiation [terminée]Where stories live. Discover now