Priori Incantatum || Draco Malfoy

III- Au détour d'un wagon

Sous la grande arche, éclairée par les vives lumières du soleil, la fourmilière grouillante de Londres circulait entre les différents quais et les voies encombrés de bagages et autres objets non identifiés. Un peu de musique était envoyée par les haut-parleurs, disposés çà et là de la gare et parfois, une voix monotone venait informer les voyageurs des changements de trains ou des retards imprévus.

Comme d'habitude, la gare était pleine de Moldus.

Les traits détendus, la démarche déterminée, Elfeda ne faisait même plus attention aux regards que leur lançaient certains passants, ceux n'étant pas encore habitués à voir un tel défilé. Elle préférait de loin échanger avec Rose qui lui parlait de l'utilité des dits haut-parleurs, et quand la conversation devenait trop poussée, Elfeda s'amusait des sourires que lui envoyait George.

Il n'y avait plus raison d'angoisser, ce n'était qu'un premier septembre, tout ce qu'il y avait de plus normal. King's Cross était juste un peu plus bondé qu'à l'ordinaire. Mais ils avaient désormais l'habitude de ce regroupement, de ce monde, du brouhaha incessant qui donnait le tournis ou encore du tintamarre des saltimbanques, séjournant devant les stands de cartes postales. Tout ce cirque était commun à chaque rentrée. La plupart des humains sans pouvoirs magiques ne relevaient même plus les hiboux, les chouettes, les gros chariots traînant les malles et les quantités faramineuses de grimoires et de livres.

Parfois, comme avait coutume de dire la mère d'Elfeda, Aelfled, « les Moldus étaient trop occupés à considérer leur nombril pour relever les bizarreries de leur monde.». Sa fille n'avait jamais compris cette petite phrase. Elle ne s'appliquait pas vraiment qu'aux Moldus. Les sorciers aussi pouvaient se montrer égoïstes et centrés sur leur personne.

Le groupe conséquent que formait les Weasley, Elfeda, Rose, Harry et Hermione, se vit contraint d'affronter un attroupement de businessmen, qui leur bouchait le passage magique. Tous avec leur gobelet de café – de la marque Starbucks d'après Rose -, ils parlaient de chiffres et de dernières courses ayant fait leur prime du mois. Ils se moquaient bien de savoir qu'ils gênaient une famille de sorciers et leurs amis. Sûrement des banquiers, pensa Elfeda qui ne retenait pas ses cours d'Étude des Moldus. Dès qu'elle voyait ces gens avec leur visage pâle, leur costume lissés et leurs chaussures brillantes, elle interprétait leur profession de cette façon. Ce qui, évidemment, n'était pas toujours avéré.

Molly Weasley n'avait pas dit un mot depuis le début de cette matinée. Elle gardait les lèvres scellées, s'obligeant à faire vœu de silence, contestant le mensonge des jumeaux. Toutefois, quand ils avaient le dos tourné, elle leur adressait un de ses regards bienveillants, les couvant des yeux comme la mère poule qu'elle était.

Harry passa le premier, suivi de Ron et d'Hermione. Ginny sur leurs talons, Fred et George également, puis leurs parents clôturèrent le cortège après qu'Elfeda et Rose furent passées.

Comme chaque année, Molly, plus qu'Arthur, tenait à accompagner ses poussins jusqu'au train. Depuis le temps, cela était devenu une tradition, même si à plusieurs reprises, leurs enfants avaient émis le souhait de vouloir s'y rendre seuls. Molly était implacable, surtout avec le contexte actuel et la menace qui planait au-dessus de leur tête. De toute façon, au vu du profond agacement qui animait leur mère depuis la veille, aucune des têtes rousses n'avait contesté la présence des parents pour leur départ.

— Bien, je ne vais pas faire de sermon. Ginny, surveille tes frères. Je sais que c'est une tâche lourde, mais tu la rempliras avec brio, j'en suis convaincue, dit Molly en gratifiant sa fille d'un sourire et d'une étreinte étouffante. Vous deux, pas de vague où je vous envoie une beuglante ! ajouta-t-elle en direction des jumeaux.