VIII- L'Insomnie d'un Serpentard

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Draco était allongé sur le canapé en cuir dans la Salle Commune de Serpentard. Ses yeux clairs étaient dirigés sur les lignes du livre qu'il lisait. Son index caressait la page distraitement, révélant l'impatience du jeune homme. Cela faisait une bonne heure qu'il attendait là. Il faisait semblant au départ, de s'intéresser au livre qu'il lisait. Toutefois, il s'était pris au jeu. De toute manière, c'était la seule solution qu'il avait pour tuer le temps.

Le blond avait attendu jusqu'à minuit, bien après le couvre-feu, que tout le monde fût couché. Il avait ignoré la ronde qu'il devait effectuer avec Pansy, prétextant un mal de tête violent à lui en donner la nausée. Évidemment, Parkinson l'avait cru sans sourciller. Quelle idiote. Crabbe et Goyle s'étaient vite éclipsés dans les dortoirs avec Montague. Seul Blaise était resté un peu, lisant la Gazette du sorcier, d'un air faussement intentif. Puis, voyant que Draco était bien décidé à ne pas se coucher, le Serpentard aux yeux d'ébène s'en était allé, laissant le garçon aux cheveux d'un blond presque blanc, seul.

Malfoy tourna la page de son livre et regarda un instant les flammes vertes qui léchaient les bûches dans la cheminée. Il était quasiment certain que Blaise l'espionnait, ou du moins, qu'il se doutait de quelque chose. Zabini n'était pas comme les imbéciles qui suivaient le jeune Serpentard sans réfléchir, non. Blaise était comme Draco. À la différence, Blaise n'avait pas besoin de cracher son venin pour paraître supérieur. Chose qui avait le don d'irriter Draco.

Désormais, il pouvait le dire sans crainte, tout le monde dormait. Malfoy était vraiment seul. Son cœur se serra, et s'il avait dû mentir tout à l'heure sur de fausses nausées, il semblait qu'à présent ce n'était plus le cas. Un réel haut-le-cœur le prenait à la poitrine, l'empêchant presque de bouger. Il aurait eu envie de monter dans les dortoirs et de plonger sous les couvertures. Mais il ne le pouvait pas. Comme chaque nuit depuis juin, il était pris d'insomnies. Et s'il devait passer ses nuits blanches à ressasser des idées noires, autant mettre celles-ci à profit. Il avait cette armoire à réparer.

Lentement, Draco ferma le livre. Il passa sa main sur la couverture rugueuse et le laissa sur le canapé avant de se lever. Ses yeux gris balayèrent la Salle Commune du regard, s'arrêtant sur les feuilles de vigne qui grimpaient contre le mur de pierre et sur les tables en bois près des fenêtres. Juste en face de lui, les hautes vitres donnaient sur le Lac noir. L'eau paraissait d'autant plus sombre quand il faisait nuit. Lors de la pleine lune, il n'était pas rare de voir les Sirènes qui se pourchassaient entre elles où s'adonnaient à des jeux dans les profondeurs abyssales du Lac. Parfois, Draco avait pu observer le Calmar géant nager dans ces eaux troubles. Le blond se rappelait avoir fait le malin devant ses acolytes, même quand un frisson lui avait parcouru l'échine à la vue des tentacules de la créature, longs de plusieurs mètres.

Un silence de plomb régnait dans la pièce, néanmoins, Draco entendait son cœur. Il sentait le sang battre dans ses tempes sans qu'il ne pût rien contrôler. Il déglutit, vérifia que sa baguette était bien dissimulée dans l'intérieur de sa veste et tourna les talons. Le Serpentard lissa son costume noir, qu'il avait troqué contre son uniforme, et sortit. Il n'avait aucune crainte de se faire prendre par le Cracmol, ni de tomber sur un professeur. Hormis la peur qui le tiraillait, Draco se sentait intouchable. Et peut-être était-ce là toute la complexité de la situation.

La tête baissée, les yeux cherchant un point à fixer sur ses chaussures vernies, Draco repensait – sans vraiment le vouloir -, à la lettre qu'il avait reçue de sa mère. Il revoyait exactement chaque mot qu'elle avait employé et il savait, évidemment, qu'elle mentait. Il la savait fière. Droite. Forte. Pourtant, Draco avait toujours réussi à déceler quand Narcissa mentait. Et, là, dans cette lettre, le mensonge était maître. Draco sentait l'angoisse à travers les lignes à l'écriture soignée de sa génitrice. Il imaginait le vide qu'elle ressentait, sans lui et son père. La tâche qui incombait à son fils, la poussait à lui écrire sans relâche, chaque jour, même si cela lui faisait courir un danger potentiel.

Priori Incantatum || Draco MalfoyWhere stories live. Discover now