Troubles

469 31 6
                                    

Kagami

Ao- Je me sentirai vraiment mieux si t'es là.

Ses mots tournaient en boucle dans ma tête, tandis que je l'observais silencieusement, laissant le vent de mer me frôler le visage, alors que lui s'en était déjà retourner dans sa contemplation du terrain de basketball qui s'ouvrait à lui. J'étais comme abasourdi par ses mots, et Aomine lui même semblait gêné et déboussolé par ses propres explications et révélations soudaines, et je me doutais qu'il s'était détourné pour esquiver mon regard.

Je ne savais pas tellement comment réagir, alors je ne dis rien. Je m'approchai simplement de lui, pour poser délicatement ma main sur son épaule et lui montrer que j'étais là, pour lui, à son écoute si il se trouvait dans le besoin de parler. Je le vis alors afficher un petit sourire. Pas ceux emplis de sadisme et de fourberie dont il avait le secret, mais un bref sourire sincère et calme, qui semblait m'être adresser, comme pour me remercier.

Je voyais que notre relation avait changé, qu'elle n'était plus basée sur la haine et la défiance, comme lors de notre rencontre. J'imaginais assez facilement les deux événements qui avait pu changer cela. Il s'agissait sans doutes du jour où j'avais poussé Aomine à se confier à moi, et aussi de la journée où j'étais venu lui demander asile. Notre sortie avec Kuroko, et ma bourde dans le restaurant nous avaient probablement aidé aussi. Ça nous avait changé, lui comme moi, et rapproché sensiblement, imperceptiblement. Mais j'en étais heureux. Je savais que je ne pouvais pas encore l'aider autant que je le voudrais, mais il me semblait que je lui étais déjà utile, et ça me rassurait. Mais Aomine avait encore besoin d'aide, il n'était pas sauvé, pas encore. Ce fut sa voix suave, où se mêlait un  peu de peine, qui me ramena à cette triste réalité.

Ao- Tu sais... Le vrai basket, ça me manque Kagami... J'aimerai pouvoir retourner sur un terrain, le sourire aux lèvres, dans l'espoir de vaincre, mais surtout de vivre ce sport, de me noyer dedans jusqu'à me rendre fou ! J'ai envie de jouer... Tu m'as rendu l'espoir de jouer. La première fois que je t'ai vu... Je t'ai détesté. Mais j'ai aussi été sincèrement soulagé. Je détestais ta façon de parler et d'être, et cette haine semblait réciproque... Mais ta carrure, ton regard puissant et brûlant qui montrait une détermination sans failles, et surtout, quand tu as dit que tu faisais du basket... J'ai espéré. Je me suis dis qu'il y avait enfin une personne sur cette terre qui pourrait me faire sourire. J'étais certain que tu étais cette lumière, qui me ferait revenir, heureux, sur le parquet. Alors j'ai décidé de t'affronter, de voir ce que tu valais vraiment. Et en te battant, j'ai cru que je m'étais tromper. J'étais en colère, mais surtout triste, et à ce moment là, très certainement désespéré. Mais j'ai de nouveau croisé ton regard brûlant de la rage de vaincre, et j'ai compris. Ce même regard, celui d'un passionné qui ne baissait jamais les bras, celui que j'avais porté pendant si longtemps avant qu'il ne devienne un fardeau. Peu importe le temps qu'il te faudrai, je le savais. Tu seras celui qui pourra me battre.

Il fit une pause, mais je n'en profitai pas pour parler. J'étais heureux qu'il me dise tout ça, bien que surpris car je savais qu'en dire tant sur lui n'était pas dans ses habitudes. C'était comme si Aomine pensait à voix haute, mais c'était très bien comme ça. Il se confiait, et tant que ça pouvait l'aider tout me convenait. Après quelques minutes de silence, mon regard se tourna vers lui et lorsque je m'apprêtais à dire quelque chose, il reprit la parole.

Ao- Je t'ai vu, tu sais ? Tous les jours, quand tu quittais mon appart en me disant que tu allais chez un notre pote. Ça m'a intrigué, alors le troisième jours, j'ai décidé de te suivre. Et j'ai été à la fois surpris et... Certainement heureux de découvrir que tu t'entrainais sans cesse sur le terrain installé à côté de chez moi, dans l'espoir de me vaincre. Cette lueur combative dans ton regard, qui ne disparaissait jamais, me faisait le plus grand bien, et je me surpris moi-même à t'observer plus d'une fois pendant tes longs entraînements. Car tu faisais tout ça pour moi. Kagami... Le vrai basket me manque, avoir goût à la vie, me manque... J'ai l'impression d'avoir tout perdu, lorsque le basket m'a quitté. J'ai essayé de surmonter tout ça, de passer à autre chose, je te le jure ! Mais rien n'y fit. Et aujourd'hui, j'ai mon ticket de sortie de cet enfer dans lequel je suis depuis si longtemps enfermé. Alors... Tu veux bien faire un match contre moi, là ?

Aokaga - Un Amour ProdigieuxWhere stories live. Discover now