Aokaga - Un Amour Prodigieux

Compréhension

Aomine

Avant même de nous en rendre compte, Kagami et moi avions finalement passé la journée ensemble. Après notre match des plus enivrants, mais aussi des plus fatiguants, nous avions repris calmement la petite route près de la mer afin de retourner à l'hôtel, là où nos camarades nous attendaient probablement.

Et en effet, lorsque nous arrivâmes enfin à l'hôtel, nos amis nous attendaient sur la devanture des lieux. Ils semblaient énervés, certainement parce que nous avions disparus sans prévenir, et Satsuki nous criait déjà dessus, alors que nous étions encore à plus d'une trentaine de mètres d'elle. Je pensais à  m'asseoir quelques instants sur le bitume avant de les rejoindre, histoire de les emmerder encore plus, quand j'entendis un bruit sourd derrière moi. Je me retournai vers Kagami pour connaître l'origine du bruit lorsque je le vis étaler au sol. Il n'était pas encore inconscient, je le voyais se battre, mais il allait sans aucun doute lâcher prise d'une seconde à l'autre. Je m'assis alors à ses côtés afin de l'aider et de le soutenir comme je le pouvais, mais seul et fatigué, je n'arrivais pas à grand chose. Je ne pus que remarquer, en touchant ses bras nus, qu'il était brûlant de fièvre. Ses yeux brillaient d'un éclat douloureux, puis il les ferma brutalement, sombrant dans l'inconscience la plus totale. Paniqué, je fis signe aux autres de me rejoindre, et Kise m'aida finalement à le transporter jusqu'à notre chambre d'hôtel. Si il était dans cet état, c'était uniquement de ma faute. Il avait trop appuyé sur la corde pour pouvoir me battre lors de notre match, plus tôt.

J'attendais maintenant son réveil, seul, dans notre chambre, depuis plus d'une demi-heure. Toutes les cinq minutes, je changeais la serviette froide que je lui avais mise sur le front, comme me l'avait expliqué Momoi. Ce ne fut qu'au bout d'une heure entière que je vis Kagami bouger. Il finit par enfin ouvrir les yeux, et les poser vers moi. Ils semblaient toujours brillants à cause de la fièvre, mais il avait déjà l'air d'aller un peu mieux, c'était rassurant. Il me sourit tranquillement, de son air un peu niai habituel, ce qui me fit sourire à mon tour.

Ka- Hey Ao... Comment tu te sens toi, depuis notre match ? Moi... Je crois que je suis complètement crevé, mort, séché. Je me suis jamais senti comme ça de toute ma vie, même le jour où... Tu m'as crevé parce que môsieur était en colère.

-Moi ça va, espèce d'idiot. Et toi, ça n'a pas l'air d'aller si mal que ça, vu que tu es capable de dire autant de conneries et de toujours ramener ce soir-là sur le tapis... T'as toujours pas compris que c'était gênant d'en reparler ? Oui j'ai compris que j'avais fait une erreur mais quand même...

Ka- Bah... Disons que j'ai repris mes esprits. Mais je te jure que je suis crevé et que... J'ai chaud. Je suppose que j'ai de la fièvre, aussi ? Enfin passons... Je te l'ai déjà dit ce matin, mais si j'en parle c'est parce que je ne peux pas oublier, mais que j'ai l'impression que toi, tu t'en fous. Que c'était normal pour toi, que j'étais juste un remplaçant de cette fille, pour toi... C'est surtout ça, qui me dérange, moi...

Je restai silencieux, à l'observer. Avait-il vraiment de la fièvre ? Quelqu'un de normalement constitué serait incapable de parler autant, si il se trouvait être fiévreux. Kagami était bien un animal, bien que ça n'avait rien de nouveau. Que devais je répondre à ce qu'il venait de me demander ? Je lui avais pourtant déjà dit ce matin que, comme lui, je continuais à y penser, non ? Alors pourquoi était-il aussi têtu à vouloir continuer d'en parler... Surtout que... Kagami n'avait pas tort... Je m'étais très mal comporté ce soir-là, et plus j'apprécie cet idiot, plus je m'en rends compte. Je ne sais pas quoi faire pour m'excuser, j'ai l'impression que ça ne fera que le blesser encore plus...

-Kagami... Je ne m'en fous pas, crois-moi. Je ne sais juste pas comment réagir, comment en parler. Je suis incapable de mettre des mots sur ce qui s'est passé ce soir-là. Je l'ai déjà plus tôt aujourd'hui mais... Oui à cet instant, j'étais en colère. J'aurai pas dû te forcer à faire tout ça. Plus le temps passe, et plus je me rends compte que je n'ai pas été correcte. Oui, ce soir-là, tu m'as d'abord servi de remplaçant à cette fille, comme tu le dis si bien. Et oui, j'ai l'habitude de ce genre de plan. Je fais en sorte que chacune des filles que je ramène dans mon lit soit de parfaites inconnues, de manière à ne pas m'accrocher à elle. Ce n'était qu'une... Occupation secondaire, de coucher avec elles. Aucun sentiments dans tout ça. Mais maintenant, je vais pouvoir me reconcentrer dans le basketball, pour t'affronter de nouveau et te battre. Alors je n'aurai probablement plus le temps d'en voir. Et puis... Je ne suis pas sûr de pouvoir le faire avec une de ces parfaites inconnues, désormais...