NARCIS

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*Point de vue de Narcis*


« Le doute paraît pathétique de sens, je suis déjà glacé de l'intérieur... »

Le dernier étage était silencieux et sombre. Il avait été totalement refait à la demande de Lord Lenschterfield. Un vieux bourgeois philanthrope dont l'énorme fortune était horriblement scandaleuse. Je m'assis au bord de la fenêtre et admirai le paysage splendide. Je n'aimais pas les Clubs des villes, ils étaient trop froids.

Le Quartz était aussi ancien que l'humanité, un Club pour hommes qui réunissait l'Elite de l'Empire, quand il existait encore. Des personnes aussi stupides qu'imbus d'elles-mêmes.

Depuis la chute de l'Empire, il n'accueillait que les membres des deux clans restants : les VonBerry et les Barme. Habituellement, cette pièce était mon lieu de refuge, construit à cet effet, mais ce soir, ma rage ne voulait pas disparaître.

Tout était chamboulé en moi. Biologiquement, tout allait bien mais j'avais l'impression qu'on m'avait enlevé quelque chose, de très important, de vitale. Et cette colère, je n'en comprenais pas la cause mais elle était là, fumante et brulante, comme une marque au fer rouge posé sur mon cœur. Quelqu'un avait brisé quelque chose en moi mais je n'arrivai pas à me souvenir de quoi il s'agissait.

Et puis il y avait cette fille. Elleryn. Je ne saurais dire en quoi mais sa simple présence était comme une horreur à mes yeux, son existence était une abomination. Quand je la voyais, je n'avais qu'une envie : la tuer. À tout prix. Comme un instinct de survie.

Neith, assis sur le divan, s'admirait une fois de plus sur le grand miroir qu'il avait fait installer dans tous les clubs. Neith s'adorait littéralement. Il aimait tout de son physique, à ses yeux, il était une œuvre d'art. Et bien que je le trouvais fatiguant, je ne pouvais que lui donner raison.

- Il faut vraiment penser à soigner tout ce narcissisme, c'est à la limite du tolérable...

Je fus interrompu par La forza del destino, la sonnerie du téléphone de Neith destiné aux Barme, notre grand-mère paternelle pour être plus précis. Il décrocha et mit le haut-parleur bien que je n'en eusse pas besoin.

- Bonsoir bella ragazza...

Mamie soupira. Un sourire se dessina sur les lèvres de Neith, taquiner notre grand-mère était son jeu favori chaque fois qu'il lui parlait. Elle était spéciale, une des rares personnes que nous respections chez les Barme.

- Où es-tu ?

- Qu'as-tu fait de ta journée mamie chérie ? T'ai-je beaucoup manqué ? Veux-tu que je vienne te tenir compagnie ce soir ?

Neith ne donnait jamais le détail de ses déplacements, à personne sauf moi ou Isis à la limite. Il tenait beaucoup trop à la liberté qu'il avait réussi à obtenir pour le perdre.

- Sais-tu que je suis ta grand-mère ? rétorqua-t-elle froidement.

- Sais-tu que tu es la sexagénaire la plus sexy que je connaisse ? répliqua-t-il avant d'éclater de rire.

Neith aimait énormément mamie, elle était juste et sincère, des qualités que l'on ne trouvait jamais chez les Barme ou les autres membres des clans. Elle était la lumière cette famille, la petite lueur d'humanité qu'il restait encore.

- Cesse de crier mon âge sur tous les toits ! Ça ne se fait pas ! Je suis fatigué de vos bêtises ! Qui de tes frères et sœurs s'en ait pris à Sephora ? Elle est portée disparue...

- Tu sais que c'est amusant ça, répondit Neith en levant les yeux vers moi. Je me suis posé la même question que toi jusqu'à ce que je la voie dans un avion dont le billet sécurisé aurait été payé par notre cher favori...

EMPIRE  [T1]Where stories live. Discover now