7 | Animal sans défense

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Je scrute attentivement les alentours, fronçant les sourcils en posant une main sur la sienne, fermement décidée à lui faire baisser son arme.

T'es con ou quoi ?!

— Naïm, nous parlons d'un chien ! grondé-je, choquée par une attitude m'apparaissant comme démesurée. Qu'est-ce que tu fous ?!

Il est gros, ok, mais quand même ! Je ne permettrai jamais que tu commettes un acte pareil !

Nos iris s'accrochent et il ne retient guère un soupir exaspéré.

— Je suis les ordres Eléa, articule-t-il lentement. C'est mon travail.

Réfléchir n'est pas une option ?

— Qui a ordonné la mise à mort d'un animal sans défense, éclaire-moi ? raillé-je, irritée.

— Le duc Aloïs a demandé qu'il soit éliminé s'il représentait une menace, intervient Dorian, l'un des deux autres gardes présents.

Ah. Logique. Bien entendu que c'est lui.

Vu d'ici cette pauvre bête semble inoffensive, messieurs !

Celui étant actuellement considéré comme un danger est couché dans l'herbe, semblant endormi.

— Il n'a supporté l'approche de personne, réplique Naïm. Que se passera-t-il quand un petit ira ?

Tu penses qu'il va réellement attaquer ? Avant de l'abattre, ne faudrait-il pas prouver qu'il le fera ? Sans envoyer un enfant, évidemment !

Mon emprise sur la paume de Syrus se resserre à cette idée, puis je la remets au soldat, affichant un air décidé.

— Laisse-moi essayer.

— Putain Eléa, t'es fatigante ! s'exclame-t-il, levant les yeux au ciel.

Ce n'est nullement une nouvelle !

— Il paraît, ouais. Et ? En dehors du fait que tu pourrais faire attention à ton vocabulaire ?

Confiant son arbalète à Horas – le garde placé derrière lui – il se redresse en croisant les bras sur son torse, me dominant de toute sa hauteur.

Hum. À quel moment as-tu oublié que je ne suis en aucun cas impressionnable ?

— Devant eux ?! Et s'il te blesse ? s'informe-t-il, arquant un sourcil dans une tentative évidente de culpabilisation.

C'est nul !

— Dans ce cas ramenez-les, rétorqué-je en plaquant ma position sur la sienne, toutefois obligée de lever le menton puisque je suis plus petite que ce séduisant garde à la peau mate et aux prunelles aussi sombres qu'agacées. Moins nous serons nombreux, plus mes chances seront grandes qu'il reste calme !

— Parce que tu crois que je vais te laisser ?! s'offusque-t-il, comme vexé.

Apparemment non ?

Mon nez se plisse, mes lèvres se pincent, puis je dirige mon index vers les hommes présents. Grands, ainsi que bien bâtis – au même titre que tous les membres de la garde du roi Manas je préfère vous le préciser.

— Un, deux, trois ! énuméré-je insolemment, agitant mon index en rythme. Combien de soldats faut-il pour raccompagner ces adorables bambins jusqu'à l'orphelinat alors que j'ai su les amener seule ?

— Très amusant ! grogne le jeune homme tandis que les deux autres nous contemplent, semblant penser que c'est le cas.

Ai-je l'air de plaisanter ?

Jusqu'au fond de l'eauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant