28 | Stigmates

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Je ne suis pas morte. Vous vous en doutiez, je suppose. Néanmoins mon corps est douloureux, ma bouche très sèche et les paupières que je tente d'ouvrir sont particulièrement lourdes.

— El ? souffle Jérémiah près de mon oreille. Tu m'entends ?

Évidemment ! Jusqu'à preuve du contraire je n'ai jamais été sourde !

Cependant incapable de parler, je me contente de grimacer un peu tout, remuant mes doigts que je sens enlacés avec les siens.

— N'essayez pas de bouger trop rapidement, me conseille une voix grave inconnue.

Pourquoi ?

Évidemment je n'en fais qu'à ma tête, essayant avec obstination de me redresser. En vain.

Putain mais qu'est-ce que j'ai ?

Cela fait cinq jours que vous êtes inconsciente, reprend-t-il, laissez-vous un peu de temps.

Pardon ?!

La stupeur aidant, je réussi à péniblement entrouvrir mes yeux, découvrant derrière mon ami un homme de grande taille m'observant d'un air grave.

Salut ? Je n'ai pas souvenir que nous ayons été présentés.

Soyez la bienvenue à Angü, me dit-il dans un sourire bienveillant.

Avec des gestes précis, il pose sa large paume sous ma nuque pour la soulever légèrement, amenant à ma bouche une tasse contenant un liquide parfumé non identifié.

Ok, je vois.

Cette fois l'odeur est acceptable, alors je prends une petite gorgée me faisant beaucoup de bien avant qu'il ne me rallonge doucement sur mon oreiller.

— Olrik, je suppose, articulé-je difficilement.

— Enchanté madame, acquiesce-t-il.

À côté de lui, Jérémiah ne contient plus son émotion de me voir réveillée, se levant pour m'étreindre avec force.

— Ne me fais plus jamais peur ainsi ! commande-t-il nerveusement. Nous avons débarqué il y a quatre jours ! Je n'en pouvais plus de te voir ainsi !

Pas de promesse, mon ami. Quatre jours, dis-tu ?!

Son expression s'adoucît tandis qu'il glisse une mèche de cheveux derrière mon oreille, embrassant mon front.

— Comment te sens-tu ?

Hum. Difficile à dire.

Vivante, marmonné-je. Alors n'en fais pas trop.

Je te vois venir, arrête tout de suite !

Il lâche un énorme soupir frustré pendant que je tente à nouveau de me relever sans y arriver.

— Vous devriez dormir davantage, me conseille le grand guérisseur. Désormais vous vous sentirez rapidement mieux. D'ici une semaine vous pourrez oublier cet épisode malheureux.

Tant de temps ?!

Vous pourrez dire au diplomate Istark que lui et moi n'avons pas la même définition de « très vite », râlé-je impulsivement.

Jérémiah laisse filtrer un petit rire soulagé de me voir revenir à mon état normal, mais par-dessus son épaule Olrik me scrute avec insistance.

Quoi ? T'ai-je vexé ?

Peut-être, Eléa ! Il vient quand même de sauver ta vie !

C'est vrai. Je n'avais aucunement l'intention d'être impolie.

Jusqu'au fond de l'eauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant