Accompagnés par le chant des oiseaux, nous arrivons à quelques dizaines de mètres du château lorsqu'une large silhouette se distingue des autres, provoquant chez moi une habituelle raideur que je pensais imperceptible.
— Allez-vous bien ?
Putain ! À quel point es-tu observateur ?
Es-tu toujours aussi convaincue que cet homme ne sera pas une source d'ennuis, Eléa ?
Il le faudra ! Dans quelques semaines nos routes se sépareront pour de bon, de toute façon.
Exact. Mais d'ici là...
Ce n'est pas comme s'il allait être tous les jours à mes côtés. C'est un hasard qui ne se reproduira plus !
Mouais. Il serait prudent d'y veiller.
Faisons donc ça.
Et endormons son éventuelle méfiance...
— Le duc semble mécontent, prétends-je dans le but de justifier ma – pas si discrète – réaction.
Prenant une lente inspiration, je m'arrête, observant le chef de la garde du roi Manas venir vers nous à grandes enjambées.
Inutile de prendre cette peine, je sais déjà ce que tu vas me dire.
— Effectivement, concède-t-il.
N'est-ce pas ?
— Je préfère éviter de penser à ce que Naïm lui a raconté, soupiré-je.
Eléa ? Faire la conversation est probablement déconseillé ! Qu'est-ce que tu fiches enfin ?!
Oh ça va ! Ce n'est rien, là !
— Vous semblez proche de ce garde, souligne le diplomate.
Ah.
Vraiment ! Contente-toi de le maintenir à distance !
Son ton n'étant plus si neutre, ma tête tourne instinctivement vers lui et je tente de lire dans le bleu de ses yeux.
— Eléa ! nous interrompt l'homme d'une grosse quarantaine d'année, les bras croisés sur son torse dans une posture contrariée.
Allez, c'est parti pour un tour !
Gé-nial !
— Bonjour Aloïs, le salué-je, forçant une expression innocente.
Je viens de voir Naïm au sujet des ordres que j'ai donné concernant cet animal errant ?
— Je viens de voir Naïm au sujet des ordres que j'ai donné concernant cet animal errant, commence-t-il sans originalité.
Je m'en doute !
— Comme tu peux le constater c'est un chien totalement inoffensif, affirmé-je, la désignant d'un geste nonchalant.
Cette dernière – assise aux pieds de Priam – a désormais l'allure de la plus douce des créatures que cette terre ait jamais porté, sauf qu'il ne semble nullement s'en préoccuper.
Ce n'est pas le problème, Eléa ?
— Ce n'est pas le problème, Eléa ! gronde-t-il ouvertement.
Vraiment, épargne ta salive, tu nous rendras service à tous les deux.
— Il allait l'abattre sans réfléchir, obéissant à un ordre injustifié ! éructé-je, osant cette attaque au sous-entendu évident tant je suis écœurée.
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Jusqu'au fond de l'eau
Fantasy« Un instant j'étais une fille et une sœur, mais quand j'ai rouvert les yeux, je n'étais plus rien. » *** Jusqu'où iriez-vous, pour assouvir votre vengeance ? Combien de temps seriez-vous capable de refouler votre haine en vivant aux côtés de la per...
