5|Escale à l'infirmerie

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Il n'y a personne à l'infirmerie lorsque nous arrivons

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Il n'y a personne à l'infirmerie lorsque nous arrivons. L'infirmière doit être occupée ailleurs, mais je ne me pose pas plus de questions avant d'aider Toge Inumaki à grimper sur un lit. Il s'y glisse avec difficulté, cette vision me fait mal au coeur. Il est évident qu'il a mal, pourtant, il continue à n'en rien laisser paraître. Il est bien plus fort et énigmatique que je ne l'aurais cru.

Je ne sais pas trop quoi faire. S'il a mal aux côtes, je ne peux pas lui être utile, mais il y a des blessures sur son visage que je pourrais soigner en y appliquant du désinfectant et un pansement. Je n'aime pas rester sans rien faire, alors à la place de m'asseoir à son chevet pour patienter avec lui, je me met en quête de la trousse de secours que je ne tarde pas à trouver, bien en évidence dans un placard.

Je reviens vers Toge Inumaki qui m'observe d'un œil curieux et admirateur. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour susciter autant d'admiration de sa part, mais être regardée comme ça n'est pas désagréable. Je ne l'interroge pas sur ses blessures, m'attendant de toute façon à entendre un « bonite séchée » comme réponse à la question « ça te dérange si je commence sans l'infirmière ? »

Bercée par le silence, j'applique du désinfectant sur un rond de coton. Les rideaux virevoltent légèrement à cause des fenêtres ouvertes, laissant ainsi passer la lumière du soleil qui me réchauffe le visage. Les seuls bruits que nous percevons sont ceux de l'équipe de softball qui s'entraîne toujours dans le stade à côté du lycée, leurs nombreux cris d'encouragement fait plaisir à entendre.

Il a un mouvement de recul lorsque je pose le coton sur sa blessure à l'arcade sourcilière. Il est vrai que je ne suis pas quelqu'un que l'on puisse qualifier de tendre. Je n'ai pas mesuré ma force, je m'en veux un peu.

— Pardon, je vais essayer d'y aller plus en douceur.

— Yakitori.

Il hoche la tête et la rapproche de mes mains. Je recommence à soigner son arcade en étant plus douce dans mes mouvements. Je jette le coton désormais tâché de rouge et sort un petit pansement que je lui applique sur le sourcil. Satisfaite, je continue de cacher ses blessures une à une derrière les bandes de sparadrap.

— Tu ressembles vraiment à un voyou qui sort d'une baston, ne pus-je m'empêche de remarquer en souriant.

— Sashimi Yakisoba, tempura !

Il fait les gros yeux et a utilisé le même accent que les yankee pour prononcer ces mots. Son imitation de voyou est si ridicule qu'elle ne tarde pas à me faire mourir de rire. Quel genre de racaille interpellerait quelqu'un dans la rue en lui hurlant « tempura » ou « sashimi » ? Voyant qu'il me fait rire, il continue son imitation en carton jusqu'à ce qu'il soit interrompu par l'ouverture de la porte de l'infirmerie.

— Maki ?

— Shiyomi ! Comment tu vas ?

C'est elle qui a insisté pour qu'on s'appelle par nos prénoms, même si je ne suis pas encore totalement à l'aise avec ça.

— Mieux que toi visiblement, lui réponds-je avec un sourire.

Elle se fait conduire jusqu'à un lit grâce à l'aide de l'infirmière — voilà pourquoi elle avait disparu — et d'une de ses coéquipière, probablement plus jeune puisque je ne la connais pas. Maki fait partie du club de softball, mais elle a tendance à trop en faire et peut parfois se faire très mal lorsqu'elle se donne à fond — alors même que ce n'est qu'un entraînement. Mais c'est aussi ce que j'admire chez elle.

Elle s'esclaffe à ma remarque, mais grimace en s'appuyant sur un pied. Elle grimpe dans le lit à gauche de celui où est allongé Toge Inumaki.

— Je me suis pourtant échauffée, mais j'ai fait un faux mouvement et je me suis foulée la cheville.

— Je te laisse Zenin-senpai, je retourne à l'entraînement.

— Hm, on se voit demain Kugisaki.

Elle fait un signe de main à sa kouhai qui quitte alors l'infirmerie. En entendant son nom, je me rappelle que Maki m'en avait un peu parlé. Nobara Kugisaki, une recrue prometteuse bien qu'un poil irritante. Elle est rapidement entrée en conflit avec Maki les premiers jours. Mon amie n'a pas l'habitude qu'on lui tienne tête, je sais qu'elle s'est faite une plaisir de la remettre à sa place lorsqu'elle a apparemment demandé à quitter l'entraînement plus tôt pour aller faire les magasins.

— Et toi, pourquoi t'es ici ?

Je fais un mouvement de tête vers Toge Inumaki qui n'a rien dit depuis leur arrivée. De son côté, l'infirmière revient avec des bandages et s'assoit sur un tabouret près du lit de Maki, sans doute dans l'intention de lui bander la cheville. Elle me dit qu'elle sera à nous dans quelques minutes, je hoche la tête et reporte mon attention sur Maki.

— Des racailles s'en sont prises à lui, alors je l'ai conduit ici. Il dit qu'il a mal aux côtes.

— T'as leurs noms à ces crevures ? Dis-moi leur classe, je vais les défoncer avec ma batte de softball.

Je souris, amusée par son énergie à toute épreuve.

— Je les ai reconnus, mais ils ont un an de plus que nous. J'irai les balancer au principal après...

Je m'arrête dans mon élan. Après quoi ? L'infirmière va le prendre en charge, pourtant, je n'ai pas envie de le laisser seul. Je me tais, pensive. C'est parce que j'ai peur qu'il lui arrive encore du mal ?

— Il a intérêt de les renvoyer.

— A mon avis, vu comment ce lycée est pourri, ils risquent de se prendre un avertissement et de revenir en cours d'ici un ou deux jours.

— Ça m'énerve qu'ils ferment les yeux sur tout, ils mériteraient tous de se faire virer ! Putain, si je risquais pas le conseil disciplinaire, j'irai leur casser la gueule avec ma batte à eux aussi !

L'infirmière s'est raidie, Maki la met visiblement mal à l'aise.

— Inumaki, c'est ça ? La prochaine fois qu'on vient t'embrouiller, vient me voir. Je me ferai un plaisir de leur casser les dents.

Sur ces mots doux, elle se craque les doigts. Toge Inumaki lève son pouce en l'air, et je vois sa réponse arriver gros comme les poulpes qu'il dessine sur ses cahiers :

— Saumon !

Maki se contente de rire. Je lui ai déjà parlé de lui, elle est au courant pour sa façon spéciale de s'exprimer. Lorsque l'infirmière finit de bander la cheville de Maki, elle se tourne vers nous pour nous demander ce qui ne va pas. Je lui explique alors la situation, puis quitte la salle pour aller trouver le principal. J'ai un pincement au coeur en laissant Toge Inumaki qui me regarde partir comme si je l'abandonnais.

 J'ai un pincement au coeur en laissant Toge Inumaki qui me regarde partir comme si je l'abandonnais

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Sashimi Yakisoba pour les intimesWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu