9|Entraînement d'aïkido

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Il n'y a pas grand monde dans le vestiaire féminin

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Il n'y a pas grand monde dans le vestiaire féminin. Il faut dire que nous sommes assez peu à pratiquer l'aïkido, notre club est essentiellement composé de garçons. Je me débarrasse rapidement de mon uniforme pour le troquer contre la tenue réglementaire de l'entraînement, un large pantalon en coton noir soutenu par une ceinture à une veste blanche.

— Bonjour, Yoshida-senpai.

— Bonjour Fushiguro, comment vas-tu ?

Nous sommes les seuls sur le tatami, mais les autres ne devraient pas tarder à nous rejoindre. Fushiguro est un première année qui nous a rejoint en avril à la rentrée des classes. Tout comme moi, il en faisait déjà au collège et avait pour volonté de continuer. C'est un garçon que j'apprécie pour son calme et son attitude respectueuse.

J'ai été étonnée lorsqu'on m'a rapporté qu'il n'était pas aussi placide au collège. Apparemment, il aurait frôlé le renvoi définitif à de nombreuses reprises à cause des bagarres qu'il aurait déclenchées. J'ai du mal à le croire lorsque je pose le regard sur ce kouhai aussi flegmatique qu'un nénuphar endormi.

— Je vais bien, et toi ?

— Bien aussi, merci.

Le président du club, qui gère l'entraînement, est le troisième à sortir, rapidement suivi par tous nos autres adhérents. Nous nous saluons, puis il déclare qu'il faudra nous munir de sabre en bois pour cet entraînement. L'aïkido est un sport d'art martial qui peut se pratiquer à mains nues mais également avec une arme telle le sabre en bois, le bâton en bois ou encore le poignard en bois.

Lorsque nous sommes tous en possession de notre arme, le président commence la démonstration. Les premiers exercices se font généralement seul, même s'il nous arrive d'avoir un partenaire. Il y a parfois des exercices de désarmement, mais nous en pratiquons moins, faute de budget. Hormis les sabres en bois — et encore, certains ont les mains vides parce que notre stock est insuffisant — nous n'avons ni bâtons ni poignards.

J'en toucherai un mot au président du bureau des élèves la prochaine fois que je le croiserai. Parce qu'au niveau de la répartition du budget, je me demande si tout est équitable. Bizarrement, certains membres du BDE font partie de certains clubs avec plus de moyens que les clubs d'arts martiaux. A croire qu'en plus des profs, même l'élève censé nous représenter est corrompu.

Alors que je commence les mouvements circulaires que nous a montré notre senpai pour déstabiliser l'adversaire, deux élèves font leur entrer dans le dojo. Je me fige dans mon élan en remarquant l'identité de ces deux personnes.

— Excusez-nous, ça vous dérange si on assiste à l'entraînement ? demande Panda les mains dans les poches. On fera pas de bruit.

Le président du club hésite un instant mais finit par hocher la tête avant de reprendre son observation de l'exercice. Moi, j'ai du mal à me concentrer alors que je sens deux paires d'yeux posées sur mon dos. Nous sommes mardi, il me semble que ce n'est pas le jour du club manga. Je me demande comment et pourquoi ils ont eu l'idée de passer par ici pour m'observer.

Je croise le regard de Toge Inumaki qui me fixe avec des yeux admirateurs. Je me sens flattée, mais d'un autre côté, son regard me met mal à l'aise. Mes mouvements sont plus hésitants, alors je me tourne dos à eux pour essayer de faire abstraction de leur présence. Que ce soit en classe, pour faire le ménage ou pour pratiquer l'aïkido, Toge Inumaki est visiblement un as pour me déconcentrer.

J'ai eu peur qu'ils perturbent l'entraînement, mais comme l'a dit Panda, ils se sont fait tout petits et n'ont pas ouvert la bouche une seule fois. Je m'en suis voulue d'avoir douté d'eux. J'ai trop de préjugés sur les autres, ma propre attitude me répugne.

A la fin de la pratique, je salue à nouveau le président et mes camarades puis rentre dans le vestiaire pour me changer. Une fois mon uniforme enfilé, je sors et me dirige vers Panda et Toge Inumaki à la sortie du dojo. Je crois qu'assister à l'entraînement n'était qu'un prétexte pour m'attendre. Je me sens vraiment bête d'avoir pensé qu'ils allaient me déranger.

— Vous vouliez me voir ?

— Hm, acquiesce Panda. Enfin, c'est surtout lui. Comme on n'a pas club aujourd'hui, je voulais rentrer chez moi pour jouer à la console, mais il tenait absolument à te voir. Il arrêtait pas de répéter « Sashimi » et « Yakisoba », alors j'ai fini par l'accompagner au dojo.

Je jette un regard étonné à Toge Inumaki qui s'est contenté de hocher la tête au fil de l'explication de Panda. Pourquoi tenait-il tant à me voir ? Y a-t-il quelque chose d'urgent ?

— Je crois qu'il a un dessin à te montrer.

C'est donc ça. Je sens un sourire étirer mes lèvres et me tourne vers Toge Inumaki qui s'empresse de sortir une feuille de son sac. Il me la tend, fébrile, et je m'en saisis doucement.

J'écarquille les yeux de surprise en découvrant la fille dessinée au fusain sur le papier. Mais c'est moi ! J'ignore combien de temps il y a passé, mais c'est très réussi. En tout cas, je me reconnais. La même fossette sur la joue gauche, la même coiffure droite bien qu'un peu rebelle, le même air froid et sérieux, les mêmes lèvres fines et pincées. Je le félicite sincèrement, charmée. Je suis contente qu'il ne m'ait pas fait de tentacules.

— C'est très joli, on me reconnaît bien. Tu es doué Inumaki-san.

J'espère que ça ne donne pas l'impression que je vante mon physique. Ses joues remontent au point de plisser légèrement ses yeux, signe qu'il sourit. Je me sens bizarre, j'ai une étrange sensation dans le ventre, comme lors de notre relai d'exercices de mathématiques l'autre jour. Tandis que nous franchissons les grilles du lycée, Panda déclare qu'il va rentrer chez lui — il a visiblement très envie de jouer à sa console.

— Je vais faire pareil, j'ai du travail qui m'attend. A demain.

Je leur fais un signe de main, mais alors que Panda trace son chemin, Toge Inumaki me regarde avec insistance.

— Sashimi ! Yakitori !

Je fronce les sourcils, et réfléchis à ce qu'il cherche à me dire.

— Tu veux me raccompagner chez moi ?

— Saumon !

Il hoche la tête avec entrain.

Il hoche la tête avec entrain

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Sashimi Yakisoba pour les intimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant