Sashimi Yakisoba pour les intimes

17|Dangereuses retrouvailles

— Je ne m'attendais pas à ce retournement de situation ! Que le scientifique qui a créé les poulpes saucisses pour défendre le Japon soit également le père des takoyaki mutants qui ont échappé à son contrôle ! C'est une super bonne idée, Inumaki-san !

Le club manga s'est vidé petit à petit, nous avons fini par partir nous aussi. Nous marchons dans les couloirs, direction la sortie du lycée. Maki et Panda m'ont laissé derrière avec Toge Inumaki. Apparemment, Maki a plein de remarques à partager à Panda sur son manga, alors je me suis naturellement retrouvée à l'écart avec Toge Inumaki. Ce qui n'est pas plus mal puisque de toute façon, j'avais envie d'être seule avec lui pour parler de ce qui me tracasse depuis deux semaines.

Dehors, tandis que nous avançons tranquillement vers le portail, un vent frais vient caresser nos visages. Le ciel est gris, mais l'air n'est pas humide, je ne pense pas qu'il risque de pleuvoir. Toge Inumaki hoche la tête au fil de mes commentaires sur son manga qui m'a beaucoup plue, nous nous éloignons petit à petit de Panda et Maki qui marchent plus vite que nous.

— Eh, la pute.

— Ça te suffisait pas de sucer les profs, fallait aussi que tu nous baises dans le tas ?

Je me fige en entendant ces deux voix. Je me retourne, nullement surprise de tomber nez à nez avec Sukuna et Mahito, les deux anciens lycéens en troisième année qui faisaient du mal à Toge Inumaki. Je me doutais que le renvoi leur resterait en travers de la gorge et qu'ils chercheraient à se venger, mais tant de temps est passé depuis que j'avais fini par les oublier.

— Qu'est-ce que vous voulez ? Vous avez eu ce que vous méritiez. Laissez-nous.

Même si j'ai réussi à ne pas faire flancher ma voix, je suis un peu tendue. J'ai peur qu'ils ne soient pas là pour discuter pacifiquement. Ils ont enfoncés leurs mains dans leurs poches de survêtement, je prie pour qu'ils n'aient pas de couteau à l'intérieur.

— Ce qu'on méritait ? Je me suis fait péter la gueule par mon daron quand il a appris que j'étais viré. Ce connard m'a frappé tellement fort que j'ai fini à l'hôpital. Aucun autre lycée veut de moi avec le dossier scolaire que j'ai et mes parents m'ont fichu dehors. Alors tes grands airs de justicière tu te les gardes salope. T'es la pute des profs, mais compte sur nous pour te baiser si fort qu'à la fin tu te relèveras plus.

Je n'en ai rien laissé paraître, mais ses paroles m'ont fait mal. Je n'imaginais pas qu'il en subirait de telles répercussions. Néanmoins, je ne regrette pas de les avoir dénoncés. C'est à eux d'assumer la conséquence de leurs actes maintenant.

Toge Inumaki est passé devant, plaçant son bras tendu entre les deux racailles et moi. Je suis touchée par son geste, mais je n'ai pas le temps de le remercier pour son acte de courage que Mahito et Sukuna sortent des canifs de leur poche.

— Vous allez faire quoi ? Nous tuer ?

— C'est une bonne idée.

— On n'a plus rien à perdre. Tout ce qu'on avait, on l'a perdu avec le renvoi. Alors on va s'amuser avec toi, juste pour te faire payer ce que tu nous as fait.

Les choses commencent à dégénérer et à échapper à mon contrôle. Maki et Panda ont disparu de mon champ de vision, impossible de les appeler discrètement à l'aide. Nous étions les derniers à sortir du club manga, alors à cette heure-là, il ne reste sûrement plus grand monde au lycée. N'empêche, nous sommes juste sous les caméras du portail, et c'est sûrement notre seul avantage dans cette situation.

— Et la prison, vous y avez pensé ?

— Thon...

— On n'a plus rien à perdre, on te l'a dit. Nos vies sont foutues à cause de toi. Alors prison ou non, pour nous, ça fait pas une grande différence.

— Comme j'ai hâte de t'entendre gémir en te tordant sous nos coups comme la pute que tu es...

Ils ont pété les plombs. Je pensais que la menace avec leur couteau n'était que du bluff, qu'ils voulaient nous faire peur mais n'allaient pas vraiment passer à l'action. Or, quand je vois Mahito s'avancer dans ma direction avec le regard vide et son canif pointé vers moi, j'ai comme un doute. Je suis prête à lâcher mon sac pour me défendre grâce à mes techniques d'aïkido, mais j'espère vraiment que je n'aurais pas à en arriver là.

Parce que si je suis capable de me protéger contre un mec armé sans expérience grâce à mes années de club, ce n'est pas ses heures passées au club manga qui vont aider Toge Inumaki à éviter les coups de Sukuna.

— Oï, on peut savoir ce que vous faîtes ? nous interpelle soudain la voix que je reconnais comme étant celle du professeur Gojo. Et d'ailleurs, je vous avais pas fait virer tous les deux ? Mahitruc et Trouducuna là.

Je soupire de soulagement en le voyant arriver, accompagné de trois élèves de première année. Je suis surprise de les reconnaître tous les trois : Nobara Kugisaki, la kouhai de Maki au softball, Megumi Fushiguro, mon kouhai en aïkido, et Yuji, le garçon atypique qui révise en regardant des films.

En les voyant arriver, Mahito et Sukuna reculent de quelques pas. Leur présence semble les déranger, je pense que nous sommes tirés d'affaire. Ils cachent leur couteau dans leur dos, le regard sombre.

— On faisait rien m'sieur, on admire le paysage.

— Paysage que vous nous avez volé, d'ailleurs.

Les mains dans les poches et un sourire flottant sur ses lèvres, monsieur Gojo semble imperturbable. Il est décontracté en toute circonstance. Les trois élèves à ses côtés regardent Sukuna et Mahito avec méfiance, et ils ont bien raison d'être sur leurs gardes.

Alors que j'amorce un pas vers eux, Sukuna se jette tout à coup sur moi, la lame de son couteau dirigée vers ma poitrine.

— Sashimi !