C H A P I T R E | 02

1.6K 173 44
                                    

« L'amour c'est comme la mort. On ne peut pas deviner quand, où et comment il vient. »
— Inconnu

AARON

— Smith, prépare tes affaires, tu sors, me dit un des gardiens que je me coltinais depuis un an.

Comme demandé, je défis mon lit, rendis mon uniforme et pris mes maigres affaires.

Sorti de ma cellule, le gardien m'amena voir le directeur pour remplir les dernières paperasses, puis vers la sortie.

Lorsque le grillage se ferma derrière moi, je réalisai enfin que c'était fini, que ma détention était terminée une bonne fois pour toute. C'était tellement bizarre de pouvoir enfin sentir l'air frais caresser mon visage, de voir la lumière du jour qui m'aveuglait presque, d'entendre le boucan habituel de cette maudite ville.

Comme ça, on pourrait croire que j'étais resté enfermé entre quatre murs depuis deux ans, mais non. J'avais le droit de sortir dans la cour, évidemment. Cependant, ce n'était pas la même chose. Il y avait des grillages et des gardes partout. Les autres détenus nous rappelaient constamment que nous n'étions plus libres. Nous étions épiés, strictement surveillés. Même se trouver dehors était un calvaire. Le seul endroit où je pouvais être libre, c'était dans ma tête. L'imagination était devenue ma meilleure amie, mon alliée. Je pensais sincèrement que c'était elle qui m'avait empêché de sombrer.

Alors que j'étais plongé dans mes pensées, une voiture rouge arriva soudainement à toute vitesse vers moi. Je n'eus même pas le temps de me souvenir à qui elle appartenait que ma mère et mon meilleur ami, Maxime, sortirent de celle-ci et me sautèrent dessus — surtout ma mère !

— Aaron ! Fiston, qu'est-ce que je suis contente de te voir, sanglota-t-elle en m'enlaçant de toutes ses forces.

Je la serrai également très fort contre moi. J'étais tellement content de sentir son odeur, de ressentir cette chaleur et cet amour. Elle sentait la maison, le bonheur et la sécurité.

— Mais qu'as-tu fais à tes cheveux ? Ça doit être la norme en prison, marmonna-t-elle pour elle-même. Mais c'est si court ! Et tes bras ! Tu es tout maigre ! Mon Dieu il faut qu'on rentre rapidement pour que je nourrisse mon bébé, suggéra-t-elle rapidement en m'inspectant de partout.

— Maman je vais bien, ne t'inquiète pas. C'est vrai que les cuisiniers ne sont pas aussi doués que toi, mais je ne suis pas mort de faim !

Et ce fut à ce moment-là que mon ventre décida de se manifester pour confirmer les dires de ma mère : je mourais de faim !

Espèce de traître !

— Tu ne me la feras pas à moi, Aaron !

Ça faisait du bien de revoir des visages familiers. Maxime était resté en retrait, près de la voiture, me laissant un moment avec la femme de ma vie. Je remerciai Max d'un regard et il comprit immédiatement : il hocha doucement la tête, sachant pertinemment qu'on fêterait dignement ma sortie de taule ensemble. Il avait saisi qu'il était important de me laisser me retrouver avec ma mère, seul à seul. On avait besoin de ça. Moi, j'en avais terriblement besoin.

Je n'en revenais pas, j'étais libre, libre bordel ! Plus de matelas inconfortable, de bouffe dégueulasse, de gardiens qui profitaient de leur statut pour harceler des détenus — qui n'avaient d'ailleurs parfois rien demandé. Plus rien de tout ça !

Mais surtout le plus important : je pouvais enfin revoir ma famille, ces deux magnifiques personnes que j'aimais le plus au monde.

Libre...

C'était un jour d'étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant