C H A P I T R E | 07

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« La vérité de demain se nourrit de l'erreur d'hier »
— Saint-Exupéry

KATERINA

Jean et moi étions dans ma voiture. Je commençais à regretter d'avoir accepté de le conduire chez lui. Qu'est-ce qui m'avait pris de dire oui ?

Il était un réel moulin à paroles. Il parlait tellement qu'il ne remarquait même pas que je ne l'écoutais pas, trop occupée à penser à l'après-midi que j'avais passé avec Aaron.

Ça faisait si longtemps que je n'avais pas autant rigolé et souri en compagnie de quelqu'un. Il avait su se montrer tellement drôle et gentil avec moi. J'avais la sensation de le connaitre depuis toujours. Je pouvais être moi-même avec lui, ne pas devoir me cacher derrière le masque que je m'étais créé.

Quelque part, j'étais déçue que Jean et Max soient venus nous interrompre. Je me demandais ce qui aurait pu se passer s'ils n'étaient pas venus.

— Katerina ? m'appela Jean en me tirant de mes pensées.

— Quoi ? aboyai-je.

— Tout doux le loup. Je voulais te dire de tourner, répondit-il en levant les mains en l'air d'un air coupable.

Je ne pris pas la peine de dire quoi que ce soit et me parquai devant son manoir. Il y en avait trois en tout à Oldham. Celui de mes parents, le sien et celui du maire, qui faisait également partie d'une des familles fondatrices du village.

Oldham se trouvait entre la Suisse romande et la Suisse alémanique. Elle avait été fondée à la fin de la première Guerre mondiale en guise de remerciement des Suisses aux Anglais. L'Angleterre avait protégé la Suisse des Allemands qui voulaient s'emparer du Gothard, c'est la raison pour laquelle il y avait beaucoup d'Anglais.

— Tu es sûre de ne pas vouloir venir ? Je suis certain qu'on s'amusera bien.

— Je ne pense pas que ça soit une bonne idée. Je suis fatiguée, je ne serais pas de bonne compagnie.

Il me regarda, déçu de ne pas avoir réussi à me faire changer d'avis.

— Comme tu veux, mon numéro est écrit sur ma bio Instagram si tu changes d'avis, dit-il en sortant de ma voiture. Merci de m'avoir ramené, finit-il en me faisant un clin d'œil.

J'agitai ma main pour lui dire au revoir et partis en vitesse.

J'étais tranquillement assise dans le salon à lire lorsque ma mère débarqua, rouge de colère.

Encore...

— Où étais-tu passée jeune fille ? vociféra-t-elle.

— Ah parce que ça t'intéresse maintenant ?

Elle me regarda sans rien me répondre. Je pouvais presque voir de la fumée sortir de ses oreilles.

— Bien sûr que oui ! cria-t-elle finalement en tapant rageusement du pied. Ça ne te suffit pas de partir pendant qu'on discute en me laissant comme une conne à la maison, il faut encore que tu continues de me répondre !

J'étais étonnée de l'entendre parler de la sorte. D'habitude elle gardait son sang-froid, ne jurait jamais. Il fallait croire qu'elle avait beaucoup changé. Tout comme moi. Je ne la reconnaissais plus. Comment une mère aimante et souriante avait pu se transformer en une femme aigrie et une maman absente ? J'avais l'impression de me trouver en face d'une inconnue.

— Pendant qu'on discutait ? demandai-je en me levant. Crier en me demandant des justifications sur ce qui ne te concerne aucunement, tu appelles ça « discuter » ?

C'était un jour d'étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant