CHAPITRE QUATRE .1

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Le même jour, cours supérieur du ruisseau de l'Avantès

Tranit n'aurait jamais pensé avoir autant de chance. Bien qu'elle se fût trompée sur le moment où bifurquer vers le sud et les hauteurs, et ainsi perdue presque la moitié de la matinée, elle avait cependant trouvé le lit d'un ruisseau temporaire déjà sec qui l'avait finalement conduite assez rapidement vers celui de l'Avantès, encore alimenté plus ou moins régulièrement.

Elle voulait l'utiliser pour prendre un peu d'altitude et ensuite trouver le cours du Salat, un ruisseau impraticable tant pour les petits patrouilleurs à aubes d'Erwan que pour la cavalerie. Sa remontée était trop difficile alors que sa descente devrait se faire sans soucis.

À cause de son erreur, Tranit ne pensait pas l'atteindre avant le lendemain mais si elle pouvait passer une nuit sereine, cela serait aisé avec son dorkis.

Sa femelle franchissait les obstacles avec aisance, la jeune femme faisant attention à ne pas la forcer trop pour économiser ses forces. L'animal, bien nourri, bien traité affrontait la situation avec une relative aisance.

Une fois persuadée d'avoir trouvé l'Avantès, Tranit avait soufflé le temps d'une petite collation et avait nourri sa monture avec attention.

Un examen rapide l'avait rassurée. Sa femelle supporterait le voyage et serait capable de fournir quelques efforts importants encore quelques temps.

Sa dorkis s'élança pour franchir un énième dénivelé et grimpa d'une bonne douzaine de toises en quelques bonds bien assurés.

Tranit se concentrait du mieux possible sur la surveillance des alentours, mais ce n'était pas évident. Elle n'était pas à la chasse dans la région d'Outre-berge où les dangers principaux étaient les prédateurs.

Ici, elle devait aussi songer que des troupes étaient peut-être en patrouille, des maraudeurs pouvaient fourrager les environs.

Son bouclier lui pesait, même depuis qu'elle en avait retiré un de ses harpons courts et quelques pointes de rechanges.

Celui-ci était maintenant à portée de sa main droite avec ses recharges et le long, chargé aussi bien que cela ne soit guère recommandé, battait dans son étui sur le flanc de sa monture.

Avec la chaleur et l'armure de cuir qu'elle portait, la jeune femme transpirait abondamment. Elle avait déjà vidée par deux fois ses outres. Heureusement qu'elle remontait un cours d'eau.

Pour le moment, tout allait bien. La présence d'oiseaux au-dessus des broussailles longeant le ruisseau lui assurait que le coin était paisible et sans danger.

Le matin, par deux fois, elle avait vu les bruits des oiseaux disparaître un peu plus loin et elle avait fait des détours en prenant toutes les précautions possibles.

Si pour le première alerte elle pouvait se reprocher sa nervosité, pour la seconde elle était certaine d'avoir senti une odeur de brûlé, comme si on préparait un feu ou qu'on venait de cuisiner.

C'était quelque chose dont elle allait devoir se passer pendant de nombreux jours. Si elle voulait se déplacer rapidement et surtout discrètement, elle allait devoir se passer de feu. La plus grande partie de sa nourriture était consommable froide, mais il fallait avouer qu'une chope de chicorée fumante ou bien de lait serait la bienvenue au matin.

Tranit poussa un petit soupir. Si pour sa sérénité et sa sécurité elle devait se passer de quelques douceurs pendant un certain temps, soit ! Que son dorkis puisse continuer à ce rythme, c'est tout ce qu'elle voulait dans l'immédiat.

Elle leva les yeux vers l'avant et estima qu'elle allait bientôt atteindre un petit plateau. Si ses estimations étaient correctes, elle allait probablement y trouver le Salat.

Elle ne savait pas comment était la végétation, si les broussailles étaient denses ou pas, par la suite cela devait être de l'herbe, ces longues mottes d'herbes plus hautes qu'un cavalier sur sa monture lorsque le vent relevait les brins sous son souffle.

Il y aurait peut-être quelques affleurements rocheux où elle pourrait installer un campement. Ça serait mieux que de passer la nuit au pied d'un roncier.

Le ruisseau semblait s'enfoncer dans les broussailles, en fait, c'était le début d'une série de courbes assez accentuées et le bruit cascadant de l'eau lui apprit que les niveaux se succédaient de manière plus abrupte.

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Vixii

Les Larmes de Tranit - 7Where stories live. Discover now