CHAPITRE DIX-SEPT

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Son cœur battait la chamade. Elle ne comprenait pas ce qui avait pu se passer et voyait encore moins ce qu'elle allait pouvoir faire ! Mais il fallait être franc : elle était dans un merdier impossible !

Goinfre baissa la tête vers elle puis renifla bruyamment en fixant la porte de l'étable. Son ronronnement de satisfaction venait de laisser place à un grondement sourd.

Tranit n'eut même pas le temps de se demander ce qui se passait que des coups furent frappés à la porte, heureusement bloquée de l'intérieur.

Il sembla à la jeune femme que le martèlement résonnait dans l'ensemble du bourg. Déjà les miliciens ?Elle était dans la merde !

Son erkis était prêt à bondir, les naseaux tentant de capter toute information supplémentaire et sa lourde tête fixée sur la sortie de l'étable.

Les coups recommencèrent, plus espacés, mais tout aussi audibles à son oreille affolée. Puis une voix d'homme étouffée se fit entendre.

— Damoiselle ?

Ordonnant d'un geste impérieux à son erkis de ne pas bouger, Tranit ne chercha pas à trop réfléchir. L'instinct ! Il fallait laisser agir l'instinct.

En deux pas, elle récupéra son écu qu'elle passa au bras puis, alors qu'elle arrivait près de la porte, elle avait déjà dégagé son harpon court et s'était assuré qu'il était armé et chargé.

Toujours sans rien dire et en tentant de faire le moins de bruit possible, Tranit s'approcha du portail dans lequel une porte était installée. Elle la débloqua sans bruit alors que les coups recommençaient.

Tranit ouvrit le battant, attrapa son visiteur à l'intérieur d'un geste brusque en lui pointant son arme sous la gorge. Elle referma la porte d'un coup de pied alors qu'elle portait son attention sur son prisonnier qui s'était laissé tomber à terre.

Il lui fallut de longues secondes pour reconnaître le jeune homme de la taverne. Son cœur se calma, mais lui sembla battre plus fort. Le jeune homme reconnaissant finalement Tranit, après un bref moment de panique, lui sourit et montra ses mains vides, avant de vouloir se redresser. L'air sérieux de la jeune femme le fit renoncer. Il lui sourit encore et chercha ses mots.

— Je... heu... Ne restez pas ici, damoiselle ! C'est dangereux.

— Comment ? souffla Tranit, tout en maintenant son arme braquée.

— Les gens d'ici, balbutia le jeune homme. Les miliciens. Nous sommes comme captifs ici. C'est une longue histoire, mais pour aller à l'essentiel, ces miliciens agissent comme des pillards et nous volent.

Tranit lui fit signe de se relever lentement. Derrière, Goinfre attendait toujours patiemment. Il savait se faire très discret lorsqu'il envisageait de manger.

— Vous êtes au moins trois cents ! Comment des miliciens auraient pu vous emprisonner ?

— Quatre cent soixante-treize imbéciles au moins, avoua le jeune homme en levant un beau regard noisette vers elle et souriant un peu plus fermement maintenant qu'il se trouvait face à elle.

Tranit s'étonna du nombre, bien supérieur aux informations d'Erwan pourtant d'excellentes qualités. Le jeune homme, qui avait repris une certaine contenance, sembla se rappeler ses bonnes manières.

— Je suis Silian. De la famille Cabanac, annonça-t-il. Je suis féal du Lannemezan, territoire dont Saèrt à la jouissance.

Tranit sourit à son tour et le remercia pour son honnêteté.

Les Larmes de Tranit - 7Where stories live. Discover now