Les Larmes de Tranit - 7

CHAPITRE HUIT .3

Tranit prit un air impressionnée tant la jeune fille était enthousiaste. Une fois lavée, changée, la marin la conduisit jusqu'au réfectoire où une bonne dizaine d'hommes et d'officiers se préparaient à manger.

De délicieuses odeurs de friture donnaient irrémédiablement faim.

Le capitaine était à une table plus petite, avec trois autres gradés et fit signe à Tranit de venir s'asseoir près d'eux.

-  Ah, chevalière, vous voilà. Notre liaig ne vous a pas assommé avec ses histoires de concours et de gendarme ?

La boutade fit sourire tous les convives. La passion de la jeune fille devait être connue. Tranit sourit poliment en s'asseyant.

- Non, je ne connaissais pas du tout ce système. Vous, les Montagnards, vous êtes vraiment différents.

Tous se rengorgèrent du compliment de Tranit qui poursuivit.

- Et pour le moment, je ne suis qu'écuyère ! Damoiselle Laumit, de Lamayou.

Tranit fit signe de ne pas y prêter d'importance.

- C'est un petit village fortifié de rien du tout mais qui dépend d'un vassal de Montaner.

Cette ville, qu'elle n'avait jamais visitée, disposait d'un port fluvial assez important. Ces marins en avaient peut-être entendu parler, ce que quelques attitudes lui confirmèrent.

Alors que des assiettes de ragoût de poisson étaient apportées, le capitaine lui posa plusieurs questions sur les évènements d'Azil et la raison de sa présence dans ces lieux désolés.

Tranit raconta donc ce qu'on lui avait dit de l'embuscade dans laquelle le prince Awèl avait manqué tomber par la faute de la cavalerie alliée et la défection du prince Saert.

Elle brodait sur ce qu'on lui avait dit mais en mettant son propre ressenti concernant la prise des forteresses, elle captiva son auditoire durant toute l'heure montagnarde que dura le repas.

Officiers comme simples marins tapotèrent les tables en guise d'applaudissement et Tranit prit bien soin de montrer son ignorance des préceptes TTA pour qu'on lui expliqua de nouveau le pourquoi du comment. Elle charma tout le monde en levant les yeux au ciel et s'étonnant de leurs coutumes particulières.

Le jeune capitaine semblait comblé, tant par le copieux repas que par le récit que Tranit leur avait offert. Hormis sa présence dans la colonne de secours organisée par le roi et sa prétendue famille, Tranit n'avait pas trop menti.

- Bon, nous pourrons rejoindre l'autre rive avant de redescendre un peu pour envoyer nos messages. On va embarquer votre erkis, damoiselle Laumit. Vous pourrez nous assurer qu'il restera calme pendant les manœuvres ?

Comme Tranit venait d'avouer que cet animal était un gain au jeu d'un cousin lui ayant volé son dorkis, Tranit comprit que le jeune commandant du patrouilleur s'inquiétait d'avoir un animal potentiellement nerveux sur son navire. Mais Tranit opina fermement du chef !

- Avec ce que vos hommes lui ont donné, je suis persuadée que Goinfre se tiendra bien calmement.

Le nom de l'animal fit sourire, mais Tranit avait avoué qu'elle ignorait tout de l'animal encore deux jours plus tôt.

La jeune liaig l'entraîna avec elle sur la passerelle et lui montra un mât que les marins mettaient en place pour charger des caisses remplies de chair de poisson.

- On va utiliser la grue. On peut facilement soulever nos deux dorkis d'un seul coup. Pas de problème pour ton animal.

L'erkis était en train de se régaler à avaler les entrailles du saumon sous les regards admiratifs de plusieurs marins. Il semblait aux anges.

- Pourquoi ne mange-t-il pas de chair? lui demanda la liaig.

- J'ai découvert qu'il avait une infection à la mâchoire, avoua Tranit. Je ne sais pas quoi faire. Il peut avaler tout ce qui est souple, mais rien mâcher.

- Les erkis ne mâchent pas. Ils déchiquettent avec leurs dents. Je connais un peu. Tu parles des dents arrières ?

- Je crois bien, confirma Tranit. La mâchoire semble enflammée.

La liaig la conduisit près de son animal, sur la plage et l'observa d'un peu plus près.

Après quelques minutes, alors que l'animal terminait son repas, elle se tourna vers Tranit, l'air préoccupé.

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Vixii