𝙹𝚘𝚞𝚛 𝟻

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2 ans plus tard, dans le Duplex des Miller, Londres, 4 p.m. 

Ma vie tourne comme une bobine d'images diffusée sur un grand écran, dont les gens sont les spectateurs, et dont je suis la triste protagoniste. 

Aujourd'hui j'ai 15 ans, et je suis seule dans une chambre immense aux murs lambrissés de papier peint et de posters entrain de refaire le monde en fixant le plafond sur lequel se dresse un beau ciel maculé de galaxies et de constellations. Aujourd'hui, j'ai 15 ans, mon père m'a offert une pile d'une cinquantaine de romans, tandis que ma mère m'a préparé des macarons que je suis entrain d'avaler un à un. Mon téléphone portable n'a vibré que quelques fois, Granny et Papi m'ont appelé et j'ai passé une bonne demi heure à leur parler, ma cousine Sacha qui habite en Russie m'a également envoyé un long message où elle me souhaitait un bon anniversaire. Sa mère aussi, mes tantes et Jonas, mon oncle, le plus jeune frère de mon père. Les gens de mon collège n'ont même pas connaissance de mon existence si ce n'est pour me harceler, alors je ne les imagine même pas me souhaiter un joyeux anniversaire. 

C'est une belle journée, assez froide, un vendredi après midi, mais assez ensoleillé pour une journée de décembre, où il est censé pleuvoir et faire un temps gris. Mon journal intime est à mes pieds, j'en ai rempli les trois quarts alors que l'année vient de commencer. Ma vie est un film, dont je suis la malheureuse protagoniste qui manque cruellement de chance. 

Je me lève et me dirige vers le balcon pour admirer ruelles animées de Hyde Park, l'eau des fontaines scintille sous les rayons dorés qui baignent les allées minuscules, un vent froid secoue les branches des arbres nus qui frémissent. 

- Brrr, quel froid ! murmurai-je à moi-même. 

Je décide d'aller chercher une écharpe ou n'importe quoi pour me tenir au chaud, le soleil est timide, mais il est bien présent. J'aime ce genre de journées à priori printanières mais froides et sans pitié. 

En fouillant dans mon dressing, à la recherche de quelque chose qui puisse me réchauffer, j'entends la sonnerie de mon portable, le petit "ding" qui annonce l'arrivée d'un message, ce petit ding qui me fait sourire, car il me fait croire, l'espace d'un instant qu'une personne (peut-être assez stupide) pense à moi. 

La notification d'un numéro que je ne connais pas s'affiche sur l'écran de mon téléphone, je la regarde pensant que c'est une cousine. Mais l'indicatif est bien anglais... Bizarre. 

J'ouvre la bannière et l'application iMessage s'ouvre laissant paraître une conversation où trône un seul message : 

"Hello"

Je ne connais pas ce numéro, je sors de ma chambre à la recherche du téléphone de ma mère et tombe directement dessus, je compose la suite de chiffres pensant d'abord que c'est une tante ou une cousine, mais le numéro ne figure pas dans la liste de contacts de ma mère. Je fronce les sourcils et tape une réponse rapide :

"Hey ?" 

Je scrute l'écran, aucune photo de profil, mais un statut, sur lequel figure une petite phrase :  "𝙱𝚎 𝚝𝚘 𝚢𝚘𝚞𝚛𝚜𝚎𝚕𝚏 𝚎𝚟𝚎𝚛𝚢𝚝𝚑𝚒𝚗𝚐~ 🍁🙂" 

Je reçois une réponse sur-le-champ, alors que je scrutait la citation du statut de cette personne : 

"Comment ça va Catherine😶" 

Ah, d'accord,  en plus cette personne me connait. 

"Qui es-tu ?" 

Je texte aussi vite que les battements de mon cœur, est-ce que j'ai peur ? Est-ce que je suis excitée à l'idée que quelqu'un s'intéresse à moi ? La réponse est presque instantanée, à croire qu'il ou elle scrute sur son écran à attendre que je réponde. 

𝐏𝐎𝐈𝐍𝐓 𝐕𝐈𝐑𝐆𝐔𝐋𝐄 [ 𝙴𝙽 𝙲𝙾𝚄𝚁𝚂 ]Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum