10.1- L'homme aux yeux clairs

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Nous sommes lundi et je sors du débriefing où j'ai proposé un sujet d'article sur « les situations gênantes dans les relations sexuelles. ». Mon pet vaginal a au moins le mérite de m'avoir inspiré mais Evelyne préfère que j'écrive sur l'impact des protections hygiéniques sur l'environnement... Enfin bref, un truc qui ne me branche pas plus que ça. Néanmoins, faut voir le bon côté des choses, j'ai le droit de tester des culottes lavables et autres produits. Je vais m'éclater ! Youpi !

Je descends pour aller grignoter un truc chez un traiteur du coin. Je ne tarde pas trop car aujourd'hui, Paul ne déjeune pas avec moi, il mange avec je ne sais qui. Enfin, je dis "manger" mais à mon avis, il va faire des folies de son corps. Paul est vraiment un bourreau des cœurs, tout l'inverse d'Arielle et de moi. Dire que quand il est arrivé d'Alsace, il ne connaissait personne mais il s'est très vite acclimaté. C'est Arielle qui me l'a présenté et comme il avait besoin d'un logement et moi d'un peu de compagnie, l'idée d'être colocataire est venue naturellement. Finalement pour mon problème de solitude, un chat aurait pris moins de place comme dirait Flavien, qui adore le taquiner mais nous formons une sacrée petite troupe que je n'échangerais pour rien au monde.

Je croise Esmée qui se prend une petite salade à emporter. Quand je vois son plat absolument pas gourmand, bizarrement, je choisis également une salade composée. N'oublions pas que dans quelques jours, je devrai rentrer dans ma fabuleuse robe donc pas le choix, un petit effort s'impose. Nous mangeons ensemble sur un banc dans un parc près du bureau. Elle est agréable quand elle veut mais des fois, c'est un peu une vipère, elle adore critiquer mais je suis du genre à facilement m'adapter. Un appel personnel retarde mon accompagnatrice, je rentre donc seule au magazine. Plein d'idées fusent dans ma tête et ont besoin d'être couchées sur le papier. En chemin, je reçois une photo de M.M, qui tient son érection suivi d'un petit message :

< Bonjour ma délicieuse Lollipop, un petit message pour te montrer mon impatience à te retrouver...À très vite. >

<Bonjour toi, ma culotte est toute mouillée rien qu'en regardant ta photo. À très vite. Bisous.>

Mes joues s'enflamment en rédigeant ce message et je ne peux m'empêcher de vérifier les alentours. Sexto, top secret ! Je rigole toute seule et lui envoie.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur mon ravissant voleur de sucettes. Oh my god, il est vraiment canon ! Il a le teint hâlé et son visage est encadré d'une barbe qui grisonne très légèrement ainsi que ses tempes. Il me regarde et me salue poliment. Je suis complètement hypnotisée par ces magnifiques yeux bleu-vert, je n'arrive vraiment pas à m'en détourner. Ils paraissent si profonds que je pourrais m'y noyer mais j'arrive quand même à lui répondre timidement. Au même moment, un homme au loin l'interpelle :
— Marco, tu prends ta pause avec nous ?

Marco ? Ça lui va bien ! Il sort et j'emprunte à mon tour l'ascenseur. Je monte à mon bureau, prends une sucette et commence à tapoter sur mon article. Mes idées prennent forme très vite car j'ai aussi effectué des recherches sur le net et passé des appels pour des statistiques.

Évidemment l'autre sujet m'aurait beaucoup plus plu, j'avais tellement d'idées à part le pet ! J'avais des anecdotes sur l'envie d'uriner après un orgasme... Mon premier pour être plus précis ! Y'a aussi le préservatif coincé dans le vagin... Ouais ça m'est aussi arrivée ! Bref revenons à nos moutons enfin là en l'occurrence aux culottes lavables !

Petit à petit, mes collègues reviennent de leur pause déjeuner. Paul fait un crochet à mon bureau.

— Coucou la mangeuse de sucettes !

Ses joues sont empourprées et il affiche un sourire des plus satisfaits. À mon avis, un autre a dû goûter à sa sucette ! D'ailleurs ça me donne une idée de vidéo coquine à faire pour M.M. Faut que j'y songe prochainement !

***

Plusieurs jours sont passés et ,nous avons encore échangé quelques messages torrides avec M.M mais malheureusement nous ne pouvons pas nous voir ce week-end. Il est occupé et en plus j'ai mes règles qui viennent de débarquer. Super aubaine pour l'article !

Ce soir, nous avons la fête pour les cinquante ans du magazine donc ça tombe plutôt bien. Je suis excitée comme une puce rien que de penser à cette soirée. Ils ont réservé une salle dans un restaurant très chic et nous y sommes tous conviés. J'éteins mon ordinateur et rassemble mes affaires. Beaucoup sont déjà partis sauf Esmée qui fignolait les derniers préparatifs. Nous allons vers l'ascenseur.

— J'ai cru que je ne finirais jamais, soupire-t-elle.
—  Je suis sûre que tu as assuré pour ce soir !
— J'ai dû modifier trois fois le discours d'Evelyne, c'est très stressant, il y aura tout le gratin ce soir !

Il y aura le personnel d'entretien en passant par les rédacteurs, les freelances, tous mes collègues journalistes, le personnel de tous les services: publicitaire, marketing, compta, standard..., les actionnaires du magazine jusqu'à la toute puissante fondatrice. Il y aura aussi de gros clients, des influenceurs et certains mannequins, Bref, beaucoup qu'on connaît et d'autres qu'on ne voit presque jamais.

—  Tu as prévu de t'habiller comment ? la questionné-je.
—  Très classe comme le veut le thème ! J'aurais une robe noire près du corps et toi ?

Je vais pour lui détailler ma robe mais l'ascenseur s'ouvre sur deux hommes...

— Bonsoir Monsieur Martinez, Monsieur Leblanc, s'exclame la belle métisse qui m'accompagne.

Martinez Marco, ses initiales sont donc M.M ! Est-ce que je suis en train de me faire un film ? C'est complètement ridicule. Une chance sur quoi ? Un milliard que je bosse avec lui ? ! N'importe quoi ! Il est trop beau pour avoir besoin d'une appli de rencontre, il doit les faire tomber comme des mouches et puis Esmée croit qu'il est marié mais je n'ai pas vu d'alliance.

— Bonsoir mesdemoiselles, nous fait le plus âgé.

Je suis beaucoup trop timide et me contente d'un simple bonsoir avec un sourire. Nous rentrons et M. Martinez réprimande son ainé :
— Enfin David, nous disons plus mademoiselle, c'est madame, maintenant.

Nous rigolons et ce fameux David, s'excuse en faisant son petit jeu de charme. Je suis devant Esmée et juste à côté de M. Martinez. Mon cœur bat la chamade. Plein de questions taraudent mon esprit, « Est-ce que c'est lui ? », « Pourquoi y a de la lumière ici ? Dans le noir je pourrais mieux le reconnaître. », « Est-ce que je suis folle ? » ...

Respire Nicki ! Respire !

Les portes s'ouvrent, je sors rapidement et Esmée m'appelle quand je quitte le bâtiment.

— Nicki, attends, tu as fait tomber quelque chose !

Bravo Nicki ! Tu ne te fais pas du tout remarquer !

Je me retourne, Martinez me regarde au même moment ! Je sens une chaleur intense envahir tout mon corps... j'ai l'impression que cet échange de regard a duré des heures ! Enfin pour moi parce qu'il a déjà tourné la tête quand son collègue David lui crie :
— Marco, tu partages le taxi avec moi ?

Lollipop, celle qui oseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant